Les groupes environnementaux ne sont pas rassurés par le dévoilement mardi de la vision péquiste du développement minier nordique. Ils estiment que ce nouveau Plan Nord se résume surtout à un engagement en faveur des infrastructures dont l’industrie a besoin. Le lobby minier a pour sa part répété qu’il s’opposait à la volonté du gouvernement de protéger 50 % du territoire situé au nord du 49e parallèle.
« C’est une annonce qui se limitait à ventiler des dépenses en infrastructures. Si c’est ça, leur vision du développement nordique, c’est un recul, a laissé tomber la directrice québécoise de l’Initiative boréale canadienne, Suzanne Méthot. On a éludé toute la question de la planification écologique, on n’a pas précisé comment le développement pourra se faire de façon à protéger l’environnement. Ce que j’ai entendu, c’est : “ On va investir 800 millions dans les infrastructures. ”»
Pour l’essentiel, les engagements en matière de protection du territoire nordique du Québec pris par les libéraux ont été répétés mardi par le gouvernement Marois. On s’engage ainsi à offrir une certaine forme de protection à la moitié d’une zone de 1,2 million de kilomètres carrés, mais seulement en 2035. D’ici 2020, des aires protégées doivent couvrir 20 % de ce territoire.
Rassurer les minières
Mais Mme Méthot estime que les péquistes ont surtout voulu, avec leur « Nord pour tous », rassurer les minières quant aux possibilités de développement. Elle a ainsi soutenu que les groupes environnementaux se sont vu refuser deux demandes de rencontres avec des représentants du gouvernement pour discuter de la protection du territoire nordique. « Le gouvernement a passé du temps à discuter avec l’industrie, mais pas avec les gens de l’environnement », a-t-elle affirmé. Elle a du même souffle déploré l’absence du ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, lors de l’annonce de mardi.
« Protéger 50 % du territoire nordique est un objectif louable qui doit permettre d’atteindre un réel équilibre entre le développement et la conservation du territoire. Mais le gouvernement ne nous présente aucune feuille de route pour parvenir [à protéger 50 % du territoire], a aussi dénoncé Nature Québec par voie de communiqué. Pourtant, la planification écologique du territoire est un outil essentiel à mettre en place pour s’assurer que nous ne protégerons pas les miettes laissées par l’industrie minière ou forestière. »
Fausse route
Le lobby minier juge pour sa part que le gouvernement fait fausse route en voulant soustraire 50 % du territoire de toute activité industrielle lourde. « Pas un pays ne va rayer du développement 50 % de son territoire », a laissé tomber Philippe Cloutier, président de l’Association d’exploration minière du Québec. La Fédération des chambres de commerce du Québec est elle aussi déçue. « Nous croyons dans la protection de l’environnement, mais une approche plus scientifique et moins aléatoire aurait été nécessaire et il ne faut pas que l’économie en fasse indûment les frais », a dit sa présidente, Françoise Bertrand.
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