Ressources

Soyons plus exigeants!

Plan nord - à qui profitent nos richesses naturelles?



L'entrevue avec l'ancien premier ministre Jacques Parizeau parue dans notre édition d'hier n'a pas de quoi rassurer la majorité des Québécois inquiets de voir leurs ressources naturelles dilapidées. Le problème, c'est que l'électeur québécois ne sait plus à qui faire confiance pour défendre ses intérêts.
Les ressources que recèle l'immense territoire du Québec n'appartiennent ni aux exploitants miniers ni aux politiciens, qui ont la responsabilité d'en tirer le meilleur prix tout en les protégeant le mieux possible pour les générations futures. Ce qui s'appelle du développement durable.
Or, contrairement à ce que prétend le gouvernement Charest, ce n'est toujours pas ce qui se passe à l'heure actuelle. En effet, malgré les récents changements apportés à la Loi des mines, le free mining colonial est toujours la règle qui prévaut chez nous. Quant aux 365 millions de dollars de redevances annuelles — avant déductions pour les dépenses d'infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et hydroélectriques —, voilà qui est nettement insuffisant pour compenser la perte à long terme subie par la collectivité.
Jacques Parizeau a raison: cela n'a aucun sens d'imputer tous les coûts de ces infrastructures aux contribuables sans rien attendre en échange des sociétés minières. Pourquoi ne pas exiger une participation au capital en échange de ces investissements publics, demande-t-il?
Puis, 16 % de redevances sur les profits, c'est nettement insuffisant. Qu'est-ce qui nous retient d'imposer des redevances supplémentaires lorsque les prix font grimper les rendements?
Pas étonnant qu'autant d'entreprises soient intéressées par le Québec puisque tout ce qu'elles ont à faire est de creuser le sol pour en extraire du minerai qu'elles exportent sans transformation. Même le Pakistan vient tout juste de refuser un permis d'exploitation pour un important gisement d'or et de cuivre à une coentreprise dont la canadienne Barrick Gold est partenaire. Tout indique que la Chine obtiendra ce permis pour des raisons politiques, mais aussi parce qu'elle a promis de transformer le minerai sur place.
Quels scrupules avons-nous à demander la même chose et, en cas de refus, à imposer des redevances plus élevées?
La concurrence? Pourtant, de l'or, des terres rares, du cuivre, du zinc... on n'en trouve pas partout. Sans compter que, dans un monde aussi instable, le Québec dispose d'atouts solides. Demandez à Barrick Gold combien l'échec pakistanais va lui coûter: 220 millions de dollars seulement pour la dernière étude exigée par l'État... avant de dire non. C'est presque autant que la totalité des redevances versées par l'industrie minière du Québec en dix ans!
À titre de fiduciaire, le rôle prioritaire d'un État n'est pas de devenir lui-même producteur, mais de tirer une rente maximum de la ressource tout en exigeant un maximum de retombées économiques pour sa population. Ce qui n'a jamais été le cas au Québec.
Devant tant d'à-plat-ventrisme de la part de nos élus, y compris la nouvelle coqueluche François Legault qui ne propose rien d'autre qu'une participation risquée au capital, les Québécois sont en droit de se demander si des intérêts idéologiques ou financiers, personnels ou partisans, ne sont pas à l'origine de notre condition de porteurs d'eau et de scieurs de bois dans l'exploitation de nos propres ressources. Et si les lobbyistes ne sont pas, finalement, des défenseurs bien plus efficaces des intérêts de leurs clients que les politiciens le sont des nôtres.


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