Dans sa chronique du 6 avril 2013, M. Lagacé, notre cher canadian progressiste et bien pensant, s'insurge contre la publicité de M. Michaux parue dans le Devoir du 25 août 2012 - publicité énumérant, toutes allégeances confondues, les députés qui ont appuyé une motion entachant à tort son image. M. Michaux a cru bon de rappeler le nom de ces députés qui, soit par malice, soit par ignorance et paresse intellectuelle, ont jadis soutenu la motion et refusé de s'excuser depuis.
Ce que M. Michaux dénonçait par sa publicité, c'est la mesquinerie de députés sautant sur des propos cités hors contexte afin de décrédibiliser une voix dérangeante. Ou, encore plus dangereux, l'incompétence de ceux qui ont approuvé une motion sans connaître le dossier en question. Dans un cas comme dans l'autre, une entorse grave au bon fonctionnement d'une institution démocratique.
M. Lagacé, dans un élan de paranoïa, pointe vers le spectre des É-U et de la publicité de groupes d'intérêt liés au lobby pétrolier, intervenant dans les campagnes à coups de millions pour salir l'image de tel ou tel candidat qui s'oppose à leurs intérêts, et voit dans la publicité parue dans le Devoir un dangereux précédent:
"Mais imaginez si, dans Le Devoir ou ailleurs, des gens d'affaires, des compagnies ou des groupes d'intérêt se mettaient à acheter des pubs pour suggérer de voter (ou pas) pour tel ou tel candidat...Tenez, imaginez des pubs payées par des gens d'affaires fédéralistes [sic], dans lesquelles tel candidat péquiste serait jugé «indigne» d'être élu..."
Évidemment, la comparaison est boiteuse, M. Lagacé le reconnaît lui même. Car le fossé est grand entre le cas d'un citoyen qui défend sa réputation injustement entachée par l'Assemblée nationale et un lobby pétrolier qui recherche l'approbation de telle ou telle loi favorisant ses membres.
M. Lagacé se rappelle-t-il de l'éditorial de M. Pratte (rédacteur en chef et patron de notre cher chroniqueur) paru six jours après l'infâme publicité, et qui incitait explicitement les lecteurs de la Presse à voter pour les libéraux, voir la CAQ en dernier recours. Bref, tout sauf le PQ qu'il écorchait au passage. André Pratte, lui, n'écrivait pas en simple citoyen défendant son honneur, mais en tant que porte-parole de gesca-powercorp, en tant que nègre de Desmarais qui, lui, baigne dans le monde pétrolier et gazier. L'éditorial de M. Pratte a-t-il été comptabilisé dans les dépenses électorales des libéraux?
"À notre avis, le Parti libéral est le plus apte à guider le Québec au travers de la tempête mondiale appréhendée. Le premier ministre, Jean Charest, a une expérience, une envergure et une compréhension des enjeux supérieures à celles de ses principaux adversaires." André Pratte, "Pour la stabilité", La Presse, 31 août 2012
S'il est une forme de publicité sournoise et dangereuse pour la démocratie, c'est celle qui s'infiltre quotidiennement dans le contenu à caractère 'informatif' des grands groupes de presse. Et s'il existe un parallèle entre ce qui se passe au Québec et les dérives américaines, c'est probablement de ce côté qu'il faut chercher. Au lieu de pointer le Devoir (et d’insinuer qu'il était irresponsable de publier la publicité de M. Michaux, pourtant non partisane), M. Lagacé devrait peut-être se pencher sur les pratiques ayant cours dans sa propre maison.
Francisco Genetxea
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
7 avril 2013J'ai entendu l'opinion d'un professeur de droit à l'Université de Montréal relativement à cette publicité achetée par M. Michaud dans LE DEVOIR en pleine campagne électorale.
Ma compréhension de la problématique est à l'effet que M. Michaud est "coupable". S'il n'avait pas payé pour dire la même chose, il n'y aurait pas eu de "problème". Donc ce serait une "dépense électorale".
André Pratte peut écrire ce qu'il veut: il n'a pas payé pour écrire sa chronique.
Archives de Vigile Répondre
7 avril 2013Inutile de rappeler ici le combat de M.Michaud contre Gesca pour la divulgation de ses états financiers.
Yves Michaud repart en guerre
Le président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires, Yves Michaud, se lance dans un nouveau combat: la divulgation des états financiers des filiales des grandes corporations. Gesca, filiale de Power Corporation, qui possède notamment les quotidiens La Presse, Le Soleil et Le Droit, est la filiale visée.
En tant qu’actionnaire de Power Corporation, Yves Michaud veut savoir si Gesca est rentable. Rien ne l’indique dans le rapport annuel de Power Corporation.
http://www.orientationfinance.com/accueil/detail.asp?IdC=62&IdD=5710
Plus l'oppresseur est vil, plus l'esclave est infâme.
Chateaubriand