Pas à la hauteur

Le discours inaugural prononcé hier par Jean Charest est le plus inintéressant de ceux qu'il a présentés. Sur la forme, il est le moins senti. Sur le fond, il est le moins engageant. Les circonstances commandaient davantage.

Budget de MJF - mars 2009



(Québec) Le discours inaugural prononcé hier par Jean Charest est le plus inintéressant de ceux qu'il a présentés. Sur la forme, il est le moins senti. Sur le fond, il est le moins engageant. Les circonstances commandaient davantage.
Le problème n'est pas qu'il n'y a rien de neuf dans ce quatrième discours inaugural du chef libéral. Il ne réside pas non plus dans le fait qu'il n'est plus question de faire quoi que ce soit de différent - la seule volonté de Jean Charest étant désormais et très modestement de faire mieux ce qui se fait déjà. Le problème est clairement dans l'absence de balises, de cibles à atteindre.Outre les poncifs sur la nécessité pour les partis politiques de collaborer, et l'expression d'intentions consensuelles comme la lutte contre le décrochage scolaire, Jean Charest ne s'est engagé à rien, hier. Il n'a posé aucun jalon sur la feuille de route de son gouvernement.
Ce n'est pas ainsi que le Québec aura «l'occasion de se démarquer», pour reprendre ses mots.
La plupart des discours inauguraux ont beau ressembler à des catalogues de bonnes intentions, ils contiennent tout de même toujours quelques objectifs concrets. C'était le cas des trois précédents de Jean Charest.
Cette fois, on a l'impression que le premier ministre s'est dit qu'en ne fixant aucune cible précise, pas plus en santé qu'en éducation, rien ne pourrait lui être reproché dans des domaines qui comptent.
Il sera difficile de comparer les vagues intentions qu'il vient d'exprimer à l'aune de résultats quelconques. Cet exercice de comparaison, pourtant nécessaire en démocratie, ne peut être mené que si des objectifs le moindrement clairs sont établis.
Mais peut-être le premier ministre est-il resté flou parce qu'instruit par l'expérience des années? Il sait que plus les objectifs sont précis, plus ils sont difficiles à atteindre.
Le discours d'hier aura été l'occasion pour lui de faire le tour de décisions déjà prises par son gouvernement afin de faire face à la crise économique. Des décisions pour la plupart adéquates. On verra la suite lors de la présentation du budget (et du déficit), la semaine prochaine.
Le discours inaugural le moins senti, disions-nous? Pendant son allocution, on devinait la volonté de Jean Charest d'insuffler de l'espoir aux Québécois. On devinait son désir de les inviter à faire preuve de solidarité.
À cet exercice, il aura malheureusement fait la démonstration que n'est pas Barack Obama qui veut. Pour un premier ministre plutôt en retrait ces derniers temps, c'est une rentrée décevante.


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