(Québec) Après les dérives extraordinaires du libéralisme financier, voici un exemple d'abus ordinaire de libéralisme : le géant Dow Chemical exige deux millions de dollars du Canada pour compenser les pertes qu'il a subies depuis que le gouvernement québécois a restreint l'usage des pesticides.
Il s'agit d'un abus ordinaire, mais ô combien critiquable et dommageable! Où est l'abus? Dans l'approche étroitement légaliste adoptée par l'entreprise américaine pour obtenir gain de cause.
Dow Chemical, à travers sa filiale Dow AgroSciences, entend s'appuyer sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pour contester le Code de gestion des pesticides en vigueur au Québec depuis avril 2003. La multinationale le juge à certains égards arbitraire et sans fondement.
En plus de vouloir obtenir une compensation financière, elle réclame que son herbicide 2,4-D soit retiré du document.
Aucun doute. Elle a le droit d'invoquer le chapitre 11 de l'ALENA. Et même bien sûr de prétendre que le gouvernement québécois lui a réservé un traitement injuste.
Sa contestation est d'ailleurs dans l'ordre normal des choses. Une multinationale comme elle doit se battre pour vivre et grandir. Et il n'existe pas de petites batailles dans cette logique.
N'empêche que son approche est si légaliste qu'elle en devient presque immorale.
Car ce qu'il faut dire haut et fort, c'est que l'interdiction décrétée par Québec est légitime. La raison est de son côté.
Même si la nocivité du 2,4-D n'a pas été démontrée hors de tout doute, le Québec a choisi d'interdire ce produit parce qu'il l'estime susceptible de nuire à la santé humaine et à l'environnement.
Dans le doute, il a choisi d'appliquer le principe de précaution. C'est tout à son honneur.
On ne joue pas avec la santé des gens pour jouir de belles pelouses.
Une victoire de Dow Chemical aurait des conséquences néfastes à plus d'un niveau. Elle restreindrait le champ de prérogatives et de pouvoirs devant absolument demeurer dans les mains des gouvernements.
Ce serait un non-sens s'il fallait qu'un tribunal rende nos élus inaptes à agir dans des matières comme celles-là.
Le droit qu'ont le Québec et les municipalités de réglementer l'usage des pesticides doit prévaloir sur le droit de Dow Chemical de commercialiser le 2,4-D.
Voilà les raisons pour lesquelles il faut appuyer la coalition créée cette semaine pour soutenir la défense que doit produire le gouvernement canadien dans cette affaire, puisque c'est Ottawa qui est signataire de l'ALENA.
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