Parler de politique à Noël

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Le conflit, source du politique

Depuis la nuit des temps, éthiciens et spécialistes de la bienséance en débattent : peut-on – ou pas – discuter de politique lors des rassemblements familiaux ?


À cette question, je réponds oui, sans hésiter !


Échanger


Il est vrai que depuis la disparition des Nordiques et avec la lente agonie des vieilles rivalités référendaires, les motifs de conflits sous le gui se sont faits moins nombreux. Dans un Québec allergique au désaccord, personne ne s’en plaint.


Les soirées de Noël demeurent quand même une rare occa­sion d’échanger sur plusieurs enjeux sociaux et politiques avec des personnes de tous âges résidant un peu partout sur le territoire. Dans un monde qui nous enferme dans des bulles habitées par des gens qui pensent pareil, on serait fou de s’en passer !


En outre, nous ne connaissons pas chez nous l’hyperpartisanerie à l’américaine, ou encore la violence qui sévit dans d’autres sociétés. Continuer à discuter en toute quiétude et se montrer reconnaissant de pouvoir le faire, c’est justement une manière de faire en sorte qu’il en reste ainsi.


Un héritage


Évidemment, la discussion, c’est comme la boisson : il y en a qui ne supportent pas ça. Mieux vaut éviter certains sujets quand il y a un mononcle porté à s’emporter ou une cousine prompte à se montrer mesquine envers ceux qui ne pensent pas comme elle.


Toutefois, être capable de jaser de politique en tenant ses nerfs, ça demeure généralement un signe de réussite familiale. Il faut s’aimer pour débattre sereinement !


Personnellement, j’ai réalisé l’exploit de venir au monde dans une des seules familles libérales du Lac-Saint-Jean, moi qui allais pourtant faire mes armes dans les partis souverainistes. Très jeune, j’ai donc appris à discuter de politique avec ma grand-mère qui, ricaneuse, aime encore s’amuser de nos divergences de vues.


Je pense que c’est là un bel héritage que j’ai reçu. Ça m’a rendu curieux de découvrir et de comprendre les idées des autres.


Débattre dans le respect


Plusieurs années de militantisme m’ont plus tard permis de cons­tater que les gens qui ne peuvent s’empêcher de se choquer en parlant de politique sont souvent ceux qui comprennent mal cet univers et qui ne l’ont jamais vraiment approché. Cette observation se remarque également sur les réseaux sociaux.


Il suffit de voir ce qu’il se passe à l’Assemblée nationale où – en dehors du spectacle de la période de questions – libéraux, péquistes, caquistes et QSistes se côtoient en toute collégialité. Ils dînent à la même cafétéria ou jouent au hockey cosom ensemble, et personne ne s’engueule !


Les gens qui œuvrent en politique sont habitués à travailler avec des personnes qui ne pensent pas comme eux. Tous ceux dont l’avenir professionnel ne se décidera pas lors des prochai­nes élections devraient donc être capables de s’inspirer de leur sérénité.


Tiens, j’ajoute ça à mes souhaits pour les fêtes : que nous retrouvions le goût de débattre dans le respect et que nous restions ouverts devant les idées qui sont différentes des nôtres.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.