Politique québécoise

Où est passée la fierté des Québécois ?

SuperFrancoFête : absence injustifiée d’Ottawa

Tribune libre

 


Le 18 octobre 1976, le premier ministre Robert Bourassa déclenche des élections provinciales qui se tiendront le 15 novembre. À la dissolution du Parlement, le Parti libéral jouit d’une confortable majorité. Il occupe 97 sièges, le Parti québécois, 6, le Parti créditiste et l'Union nationale, 1 siège chacun, et le Parti national populaire, 2. Deux autres sièges sont vacants.

Contre toute attente, le PQ récolte 41,4 % des votes et fait élire 71 députés. Le PLQ obtient 33,8 % des voix (26 sièges), l’Union nationale, 18,2 % (11 sièges), le Ralliement des créditistes, 4,6 % (1 siège), et le Parti national populaire, 0,92 % (1 siège). 

« Je n’ai jamais été aussi fier d’être Québécois! », lance René Lévesque à une foule en délire. Le nouveau premier ministre du Québec venait d’imprimer sa signature dans le coeur des Québécois : la fierté. Or, les deux référendums perdus de 1980 et 1995 ont donné un dur coup à cette fierté qui a fondu peu à peu comme neige au soleil. Les années ont passé emportant avec elles cette fierté effritée par le temps. D’autres gouvernements péquistes ont occupé le pouvoir mais l’ardeur pour la souveraineté n’était plus au rendez-vous.

Mais où est donc passée la fierté de René Lévesque? Où sont passés les défenseurs de l’option indépendantiste du Québec apparaissant dans le Règlement numéro 1 du parti? L’indépendance du Québec n’est plus dans l’air du temps, les jeunes sont dans un autre monde.

En revanche, le jeune chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), a repris le flambeau avec fougue et détermination. Il a osé remettre la souveraineté dans les priorités de sa plate-forme électorale, une stratégie que l’on n’avait pas vue depuis des décennies dans les programmes des gouvernements péquistes antérieurs.

Je ne crois pas que le PQ reprendra le pouvoir le 3 octobre prochain. Toutefois, j’ose espérer que la fierté de PSPP eu égard à ses convictions souverainistes fièrement affichées saura raviver la flamme des Québécois qui se répercutera jusque dans l’urne.

SuperFrancoFête : absence injustifiée d’Ottawa

Encore récemment, lors d’un point de presse, Justin Trudeau, adoptant un air compatissant, arguait que le fédéral ferait tout en son pouvoir pour ralentir le déclin du français au Québec, notamment dans la grande région métropolitaine de Montréal.

Or, on apprend que le gouvernement canadien est toujours absent financièrement de la SuperFrancoFête, un événement qui fait la promotion de la langue française et qui sera vu dans plus de 200 pays et sous-titré en 15 langues. De surcroît, aucun représentant du gouvernement fédéral n’était présent à la conférence de presse pour lancer l’événement le 10 août dernier Sur un budget total de 3 millions $, une aide financière de 500 000 $ est demandée au fédéral, une subvention on ne peut plus raisonnable.

Pourtant, les organisateurs ont rencontré une vingtaine d’intervenants à Patrimoine canadien et l’événement était inadmissible à tous ces programmes. Sylvain Parent-Bédard, le président de SISMYK, la division musicale de ComediHa! qui organise l’événement, a également rencontré personnellement le ministre Pablo Rodriguez qui a cherché une alternative, mais avec le même résultat négatif.

Nonobstant le fait qu’avec ou sans le financement du fédéral, la SuperFrancoFête prévue le 31 août prochain à l’Agora de Québec aura bel et bien lieu, le refus d’Ottawa de participer au financement de l’activité démontre à quel point la place du français au sein du Canada sera toujours l’« enfant pauvre » dans les priorités de notre premier ministre canadien.


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2016 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    31 août 2022

    Bonjour M. Marineau,


    Merci de votre réflexion sur la fierté des québécois et cette fierté d'être québécois.


    Je suis fier. Certains me traitent d'orgueilleux; ce que je ne suis pas: l'orgueil est malsain car il ne se fonde pas sur nos réalisations: que sur nos apparences. Être jugé sur nos apparences prête énormément à confusion, à l'erreur de jugement. Ce sont sur nos réalisations qu'il faut juger une personne, sur des faits; pas sur les apparences. Par exemple, c'est d'une grave erreur de juger une personne sur son habit: l'habit ne fait pas le moine, tout comme le voile ne fait pas la religion...


    Pour être indépendantiste, il faut être indépendant, et pour être indépendant (non pas indifférent), il faut avoir réalisé des oeuvres, des faits qui mettent en valeur nos capacités d'être. Pour moi, la fierté d'être ce que nous sommes comme personne vient uniquement de cette réalisation de notre être par ses actions, ses réalisations, ses oeuvres.


    Un peuple peut-il être fier? C'est là une question qui me taraude, car les figurants sont de tous ordres et leurs réalisations ne sont pas toutes dignes de belles ou grandes oeuvres à reconnaître et à placer sur un piédestasl. La "grandeur" n'est pas toujours aussi vraie qu'on le pense à première vue: prenons le cas de Claude Béland qui a fait de l'oeuvre de Dorimène et Alphonse Desjardins une banque capitaliste au lieu de poursuivre sur la voie du coopératisme des fondateurs. Regardons de plus près les oeuvres des "grands" dont on découvre après coup leur petitesse humaine... 


    Ma fierté ne s'étale pas; elle est celle de mes devoirs humains envers mes engagements, ma foi en moi de les respecter et de respecter chacune et chacun dans leur capacité réciproque à faire de leur mieux. Oui, je suis fier, mais je n'ai pas à juger de personne soi-disant "grande" vis-à-vis moi. Je pense que la plus belle fierté dont un peuple doit se rendre consciente est celle du respect: savoir respecter l'art de chacun à se réaliser pour le bénéfice de l'humanité.


    René Lévesque aurait-il prononcé sa fierté d'être québécois si le peuple ne l'avait pas élu en 1976? Aurait-il été déçu de son oeuvre au point de la mépriser et de se mépriser? J'ai aimé René Lévesque même lorsqu'il a cru au beau risque dont je ne partageais pas l'enthousiasme; je l'ai aimé, car cet homme a réalisé une oeuvre empreinte d'altruisme, de même pour Dorimène et Alphonse Desjardins, mais pas pour l'oeuvre de Claude Béland. L'erreur est humaine, certes, mais il faut la reconnaître et s'en affranchir sinon nous régressons.


    Merci encore M. Marineau de votre réflexion sur notre fierté.



    François Champoux, Trois-Rivières