Ottawa veut célébrer les 200 ans de la guerre de 1812

1812 - l'État historien


La Presse canadienne Ottawa — Le gouvernement conservateur veut souligner l'anniversaire de la guerre de 1812 l'an prochain.
Ce choix ainsi que d'autres du genre font dire à un historien que Stephen Harper continue sa mise en oeuvre d'une stratégie pour s'approprier les symboles canadiens dans le but de faire du Parti conservateur le parti «naturel» du gouvernement canadien, comme au début de la Confédération.
Michel Sarra-Bournet, professeur d'histoire à l'Université de Montréal, a voulu corriger une impression laissée hier matin par le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, au moment de son annonce des festivités pour souligner les 200 ans de la guerre de 1812. Lors de son discours à Niagara-on-the-Lake, en Ontario,
M. Moore a dit que, «sans la guerre de 1812, le fait français de notre pays n'existerait pas».
«Elle est bien bonne, celle-là», a ironisé M. Sarra-Bournet, en entrevue avec La Presse canadienne. «En 1840, l'Acte d'union avait éliminé le français dans les institutions. Alors, il y avait une velléité d'assimilation de la part de l'Empire britannique. Là-dessus, le gouvernement, les autorités londoniennes n'ont pas de leçons à faire aux Américains», a-t-il tranché.
L'importance de la reine
Analysant les choix des derniers jours faits par le gouvernement de Stephen Harper, M. Sarra-Bournet a rappelé l'importance soudaine qu'a prise la reine Elizabeth II dans les ambassades canadiennes et dans le hall d'entrée du ministère des Affaires étrangères. Il a aussi souligné le projet de loi pour empêcher quiconque d'interdire qu'on affiche le drapeau canadien. Ajoutez à cela les prochains anniversaires que le gouvernement veut souligner: les 60 ans de règne d'Elizabeth II, les 200 ans (en 2015) de la naissance de sir John A. MacDonald, premier ministre conservateur, les 150 ans du Canada (en 2017) et les 25 ans de l'accord du libre-échange nord-américain (en 2019), accord négocié par un gouvernement conservateur.
«Il semble que, depuis un certain temps, le gouvernement fédéral cherche à trouver des occasions de s'approprier pour lui-même le nationalisme canadien, qui était autrefois l'apanage des libéraux», a dit l'historien. Et pour ce faire, le gouvernement Harper chercherait à «s'approprier des symboles canadiens qui ne sont pas toujours les mêmes que les libéraux».
Dans le cas de la guerre de 1812, qui a opposé ce qui allait devenir le Canada aux États-Unis, il estime que l'anniversaire permet au premier ministre Harper de montrer le Canada comme «un pays fort» et de façonner plus clairement sa politique étrangère face aux États-Unis. «Il veut se montrer fort vis-à-vis des États-Unis et proche à la fois», a-t-il dit.
Pour ce bicentenaire, le gouvernement fédéral a déjà dépensé 20 millions de dollars afin d'améliorer l'infrastructure de quelques lieux historiques, dont le fort Malden, dans le sud-ouest de l'Ontario, et le fort Chambly, en Montérégie. On promet plusieurs activités, allant des timbres commémoratifs à la construction d'un monument dans la région d'Ottawa. Mais la facture détaillée de ces activités n'a pas été fournie par le ministre Moore.
À son ministère, on n'a pas non plus voulu dire si le gouvernement prévoit souligner l'anniversaire de symboles canadiens libéraux, comme le centenaire de la naissance de Pierre Elliott Trudeau en 2019 ou le centenaire de la mort de Wilfrid Laurier la même année.
Pour ce qui est de la guerre de 1812, l'historien Sarra-Bournet n'en nie pas l'importance. «Ce que les historiens retiennent, c'est que c'est la dernière fois qu'il y a eu une guerre en territoire canadien», a-t-il dit.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->