Il va de soi que la capitale d'un pays bilingue soit elle aussi bilingue et il est fâcheux que Jim Watson ne voit pas les choses de cette manière, juge le commissaire aux langues officielles Graham Fraser.
La communauté franco-ontarienne ne peut espérer seule de faire d'Ottawa une ville bilingue, soutient le commissaire. Le maire et la majorité anglophone doivent appuyer l'idée. La partie n'est pas gagnée d'avance.
«C'est extrêmement important que la Ville d'Ottawa reconnaisse l'importance du bilinguisme, a affirmé Graham Fraser, au moment de dresser le bilan de ses sept premières années à la barre du Commissariat aux langues officielles. Le maire a été très insistant sur sa position, ce que je regrette. Elle est très claire», dit-il.
Jim Watson soutient depuis toujours qu'Ottawa n'a pas besoin d'un bilinguisme officiel, mais bien d'un bilinguisme «pratique». Or, les ratés sont nombreuses à l'hôtel de ville.
En juin dernier, le maire avait rejeté du revers de la main une recommandation du vis-à-vis provincial de M. Fraser, qui demandait à Ottawa de chercher à devenir officiellement bilingue.
Ce serait «extraordinaire» si Ottawa devenait officiellement bilingue, juge toutefois le commissaire fédéral.
«C'est une question complexe et ça prend, pour y arriver, une volonté de la majorité. Il faut que ça devienne un élément de l'identité urbaine de la communauté d'Ottawa. C'est n'est pas quelque chose qui peut être réussi simplement en tant que revendication de la communauté (minoritaire). Là où ça a réussi, ça a réussi quand la majorité a réclamé ce statut», dit-il, citant l'exemple de villes belges, suisses et finlandaises.
Dans un courriel, Serge Arpin, le chef de cabinet du maire Watson, a affirmé que ce dernier «comprend mal l'intervention du commissaire». Selon lui, la ville est fière d'offrir des services en français.
«Le maire a lui-même montré l'exemple en utilisant le français dans ses présentations publiques», écrit M. Arpin.
Cette habitude du maire Watson de prononcer quelques phrases en français lors de conférences de presse est exceptionnelle à l'hôtel de ville, la majorité de l'appareil municipal et des élus s'en tenant à un «bonjour» et un «merci» lors de leurs interventions.
«Le maire croit que les résidents sont bien desservis par un accent sur le bilinguisme pratique», poursuit le chef de cabinet.
Jim Watson considère que le modèle du bilinguisme officiel prôné pour l'appareil fédéral «s'applique mal pour l'appareil municipal», évoquant une «spécificité» d'Ottawa.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé