Comme le gouvernement du Québec n’a que peu de moyens pour s’exprimer auprès des autres nations, il incombe au gouvernement canadien de parler pour nous. Pour qu’Ottawa défende nos valeurs et nos intérêts, il faudrait que notre petit cinquième de la population canadienne ait une influence dominante sur la diplomatie canadienne. Les défenseurs québécois du fédéralisme prétendent que le Québec a cette influence énorme (voire disproportionnée) sur la politique étrangère du Canada. Cette influence serait, selon eux, bénéfique pour tous les Canadiens envers et contre eux-mêmes.
Certes, le Québec a réussi à quelques occasions à infléchir les politiques canadiennes. Mais ces victoires sont loin de constituer la règle. Pourtant, les commentateurs canadiens aiment particulièrement blâmer le Québec pour tous les problèmes perçus en politiques extérieures canadiennes. Alors, il est souvent de bon ton pour un gouvernement canadien de brimer le Québec au profit d’une autre région canadienne lors de négociations internationales. Nos « victoires » affaiblissent donc notre capacité à influencer les politiques canadiennes.
Comme la diplomatie canadienne est essentiellement anglophone, elle ne s’informe et ne discute qu’en anglais. Nos diplomates et les chercheurs à leur service sont imperméables à toutes influences québécoises.
Ceci explique pourquoi le Canada et le Québec divergent. Graduellement, le reste du Canada s’aligne davantage sur les États-Unis et développe une ligne plus rigide, agressive et moralisatrice, mais surtout unilatéraliste. Non seulement ceci va à l’encontre de nos valeurs québécoises, mais en plus, cela va à l’encontre de nos intérêts. En effet, l’unilatéralisme tend vers la loi du plus fort.
Pourtant, l’approche multilatérale nous va à merveille. Nous n’avons pas de passé colonial ni de visée impérialiste, nous devenons donc une alternative crédible et rassurante comme fournisseur de produits et services de haute technologie auprès des pays moins développés.
Les intérêts économiques du Québec furent amplement discutés lors des négociations de l’ALÉNA. Bien sûr, nous ne pouvions y faire entendre notre voix. Elle ne sera pas davantage entendue quand le Canada négociera des accords de libre-échange bilatéraux avec les pays d’Amérique latine, de l’OMC et de bien d’autres organisations et traités internationaux. Ces traités limitent grandement les possibilités d’actions des gouvernements et donc limitent aussi la souveraineté des sociétés qui ne sont pas un état reconnu.
Pour le moment, les accords supranationaux qui restreignent les états portent principalement sur les domaines où le gouvernement fédéral a compétence (économie, environnement, sécurité). Malheureusement, les observateurs sont unanimes pour dire que les prochains traités porteront sur des champs de compétences strictement provinciales (éducation, santé, culture). Peut-on raisonnablement penser que le pouvoir fédéral laissera ses provinces parler d’une voix cacophonique? Les politiciens aimant le pouvoir, ce serait de l’angélisme de penser que les dirigeants canadiens refuseront l’occasion d’empiéter sur nos juridictions.
Avec la mondialisation, aucun état n’est trop petit pour se joindre au concert des nations et être entendu. Il apparait toutefois clairement que seuls les états ont une voix dans ce concert. Il est alors évident que le fédéralisme canadien est le pire repli sur soi possible pour le Québec. Seule la souveraineté nous permet de nous ouvrir sur le monde.
Louis-Olivier Lévesque
P.S. Plus de lectures sur le sujet:
http://www.cyberpresse.ca/opinions/forums/200912/07/01-928619-le-quebec-isole.php
Les relations internationales du Québec (2)
Ottawa défenseur des Québécois?
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