L’entente prévoyant le transfert de plus de 200 hectares de terrains par un promoteur privé d’Oka au bénéfice de la communauté mohawk de Kanesatake a fait les manchettes de l’actualité au cours des dernières semaines. Si certains ont évoqué la possibilité d’une nouvelle escalade des tensions à Oka, il est important de savoir que la situation actuelle n’a rien à voir avec les événements de 1990 et que personne ne souhaite de conflit entre nos deux communautés.
Il est vrai que les revendications territoriales autochtones sont complexes, mais elles sont aussi légitimes et nécessaires afin de corriger de possibles erreurs du passé. Des négociations sont toujours en cours entre le gouvernement fédéral et le Conseil mohawk de Kanesatake, et la municipalité d’Oka n’a aucunement l’intention de s’immiscer dans ce dossier.
À titre de maire d’Oka, ce qui me préoccupe avant tout est la paix et l’harmonie entre nos deux communautés, qui cohabitent sur ce même territoire depuis 300 ans. Tout comme le grand chef de Kanesatake, Serge Otsi Simon, je souhaite que nos communautés vivent dans un milieu sécuritaire et que nos échanges continuent à se faire dans le respect de nos valeurs et de notre diversité. Des amitiés profondes se sont créées entre nos deux communautés au fil des décennies. Nous avons le devoir de les préserver dans l’intérêt des citoyens que nous représentons.
À court terme, l’enjeu prioritaire pour nos deux communautés est l’instauration d’un corps de police indépendant pour desservir le territoire de Kanesatake. Nous partageons le même constat que le grand chef Simon quant à la problématique de sécurité publique et à la nécessité d’instaurer une force de l’ordre pour gérer les situations d’illégalité sur son territoire. Il s’agit d’une condition essentielle pour rétablir un climat de paix et de sécurité et pour aller plus loin dans nos relations. Le conseil municipal d’Oka a d’ailleurs adopté une résolution le 6 août appuyant totalement la mise en place d’un corps policier distinct.
La création d’une force policière indépendante est réclamée par le grand chef Simon depuis son arrivée au pouvoir en 2011. Le gouvernement du Québec a déjà signifié son accord. Il en va maintenant de la responsabilité du gouvernement fédéral d’agir rapidement et aussi d’informer la population quant à l’état de la situation et des négociations en cours. À titre de maire, le respect des droits des citoyens d’Oka est un enjeu que je considère comme prioritaire. C’est pourquoi Ottawa doit remédier à son inertie et à son manque de transparence, qui sont au coeur des difficultés que nous vivons à l’heure actuelle.
La situation sème véritablement de l’inquiétude auprès des citoyens d’Oka, qui ont l’impression d’être tenus à l’écart des décisions qui les concernent. Les événements des derniers mois ont suscité beaucoup plus de questions que de réponses. Le souvenir de la crise de 1990 rappelle des cicatrices que personne ne veut rouvrir. C’est ce que j’ai voulu exprimer récemment en choisissant des mots qui n’étaient sans doute pas les bons et qui ne visaient surtout pas à offusquer qui que ce soit.
Néanmoins, mon désir le plus cher est de rétablir les ponts avec la communauté mohawk et le grand chef Simon, avec qui j’ai toujours travaillé dans le respect et l’harmonie. Je suis prêt à le rencontrer et travailler avec lui dans l’intérêt de nos deux communautés. Nous poursuivons plusieurs objectifs communs, dont celui de se tourner vers l’avenir en évitant la confrontation. Il s’agit d’une responsabilité qui nous incombe de part et d’autre.
J’invite le Conseil mohawk de Kanesatake à s’engager dans un dialogue d’ouverture empreint de recherche de solutions mutuelles respectueuses pour nos deux communautés, à unir nos voix afin de faire respecter et entendre les droits de nos populations auprès des instances gouvernementales et à reconnaître la spécificité du territoire que nous partageons.
C’est par la collaboration avec le gouvernement fédéral et le dialogue que nous assurerons la paix et le développement harmonieux dans nos communautés.