Colloque sur l'économie

Nouveau discours au PQ

PQ et SPQ-Libre

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, lors d'un colloque sur l'économie tenu à Lévis
Le Parti québécois tient ce week-end un colloque sur l'économie intitulé « Gouvernement souverainiste et création de richesse », qui réunit environ 500 militants à Lévis.
La chef péquiste, Pauline Marois, propose que le PQ modernise sa vision de la sociale-démocratie.
Ce n'est plus l'État qui doit être au coeur de notre enrichissement national, ce sont les Québécoises et les Québécois qui doivent en être les fers de lance.

— Pauline Marois, lors de son discours d'ouverture
Au cours des derniers jours, certains analystes ont rapporté que le parti entreprenait un léger virage à droite en misant sur la création de richesse individuelle, plutôt que sur l'État providence.
La branche plus à gauche du parti, le SPQ-Libre, a même accusé Mme Marois d'emprunter des idées à l'Action démocratique du Québec. « On fait totalement fausse route si on reprend le programme économique de l'ADQ en se disant qu'on va aller chercher des votes », a déclaré Marc Laviolette, du SPQ-Libre, vendredi.
En réaction, Mme Marois s'est dite samedi légèrement agacée qu'on lui accole une étiquette de droite. Elle a juré que le PQ demeurait un parti progressiste, à gauche de l'échiquier politique.
Lors de son discours d'ouverture au colloque, elle a précisé qu'elle n'avait pas l'intention de faire table rase du passé. « L'État continue d'être et continuera d'être un formidable outil de développement économique et de partage de la richesse. »
Elle a tancé vertement Jean Charest, affirmant que jamais un gouvernement dans l'histoire du Québec n'aura autant endetté les Québécois. La critique survient à quelques jours du dépôt du budget à Québec, qui pourrait voir des hausses de taxes et de tarifs.
Mme Marois juge inacceptable de demander aux Québécois de payer davantage de taxes alors que des scandales secouent l'industrie de la construction.
Elle enjoint aussi sans détour le chef du PLQ à faire davantage pour récupérer les sommes dues par le fédéral au Québec.
M. Charest: allez donc à Ottawa et restez-y tant qu'on n'aura pas reçu ce qui nous est dû.

— Pauline Marois
La critique émanant du SPQ-Libre semble par ailleurs bien solitaire, députés et militants en marge du colloque faisant bon accueil aux propos de leur chef.
Le porte-parole du parti en matière de finances, le député Nicolas Marceau, y voit une façon de créer un Québec « plus équitable et plus durable ».
Quelques mesures
La chef péquiste propose aux militants de réduire l'impôt sur le revenu pour augmenter plutôt les taxes sur les produits et services. Elle souhaite aussi faciliter encore plus l'accès à la propriété pour les jeunes familles en éliminant notamment les droits de mutation (taxes de bienvenue).
Cette richesse individuelle n'est pas un but en-soi, mais bien un moyen d'épanouissement des personnes, des familles de toutes les régions du Québec, et au bout du compte, de la nation québécoise.

— Pauline Marois
Mme Marois propose aussi de rapatrier d'Ottawa certaines compétences économiques, comme l'assurance-emploi, pour ensuite la bonifier.
Elle lance aussi l'idée de hausser les redevances pour les compagnies qui exploitent les ressources du Québec, ou encore d'implanter des mesures fiscales pour inciter les retraités à rester au travail plus longtemps.
Les libéraux de Jean Charest n'ont pas raté l'occasion de souligner ce qu'ils considèrent être des contradictions dans le discours de la chef. « Mme Marois met son clignotant à droite et choisit de tourner à gauche », s'est moquée la vice-première ministre Nathalie Normandeau.
Les militants péquistes n'ont pas à prendre de décision ce week-end, puisqu'il ne s'agit que d'un brassage d'idées en vue d'un programme qui doit être adopté en 2011.
Le PQ répond au congrès juif
Des ténors péquistes ont aussi répliqué aux critiques du Congrès juif du Québec, qui s'inquiète de la campagne du parti en faveur de la laïcité. Lors d'une entrevue à la Presse Canadienne, son président, Adam Atlas, a estimé qu'elle entraînait le parti sur la pente dangereuse de l'intolérance envers la communauté juive.
Il avance que des Québécois de confession juive se sentent ostracisés. « Dans les propos récents, il semble y avoir un ton d'intolérance, mais je n'irai pas jusqu'à y voir de l'antisémitisme. Cependant, la communauté que je représente est très inconfortable aujourd'hui. Après 250 ans de contribution à la société québécoise, on ne s'attend pas à ça », affirme-t-il.

Mais le député de Chicoutimi, Stéphane Bédard, ne voit pas les choses du même oeil, et souligne notamment l'absence de critique du congrès à l'endroit de la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, qui a pris position dans le débat.
« Je ne comprends pas ces arguments-là : affirmer l'égalité homme femme, est-ce que c'est être intolérant ? Non, à l'évidence non. Je n'ai pas entendu le congrès juif condamner les propos de la ministre Yolande James. Je pense que le débat sur l'identité est un débat qui doit se faire avec beaucoup de maturité, et nous, l'égalité homme femme, elle est affirmée clairement et il y a des conséquence à ça. Ca ne relève pas de l'intolérance. »
Sa collègue de Rosemont estime qu'on aurait tort d'y voir de la stigmatisation.
Pour moi c'est justement l'affirmation d'une très grande liberté : il n'y a rien de plus positif que la laïcité, parce que c'est justement le vivre-ensemble, et non côte à côte.

— Louise Beaudoin


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