Non coupables, mais responsables

S’il est effectivement faux et injuste de condamner en bloc tous les croyants d’une religion, cela ne dispense pas ces derniers de s’interroger sur leur responsabilité

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Une distinction essentielle, lourde de conséquences






«Nous ne sommes plus nulle part, peut-être, en sécurité», notait avec raison, dimanche, Régis Labeaume, faisant référence aux menaces terroristes.




Il est vrai par ailleurs que les musulmans sont eux-mêmes plus à risque que les non-musulmans.




Les attentats commis par les groupes terroristes ÉI et Al-Qaeda dans les pays musulmans sont moins couverts par les médias occidentaux, mais plus fréquents et plus meurtriers.




Que les musulmans soient les premières victimes du terrorisme islamiste a cependant une autre conséquence fâcheuse dont on ne parle pas assez.




Cette conséquence est l’enfermement dans une posture victimaire qui conduit à se défiler devant ses propres responsabilités.




Déni




Cette fuite devant les responsabilités prend au moins deux formes assez clairement perceptibles.




La première consiste à dire que l’Occident a une part de responsabilité dans la crise que traverse le monde musulman.




C’est indiscutablement vrai.




Cette responsabilité commence avec le colonialisme de jadis, qui a légué à nombre d’États des frontières artificielles et des institutions sans légitimité.




Elle s’est poursuivie avec le soutien occidental à des tyrans locaux si répressifs que les islamistes sont apparus, aux yeux de beaucoup, comme une option de rechange.




La politique occidentale fut aussi émaillée de décisions catastrophiques.




Pour ne prendre qu’un exemple, Saddam Hussein était une brute, mais c’était un facteur de stabilité. Sa chute, orchestrée par les États-Unis, créa un espace dans lequel le terrorisme islamiste a pu proliférer.




Mais si tout cela est vrai, c’est aussi insuffisant.




Les puissances occidentales ont également colonisé d’autres parties du monde, comme l’Amérique latine et des pans de l’Asie, dans lesquelles on ne voit guère la barbarie fanatique qui secoue aujourd’hui la civilisation islamique.




La seconde façon de fuir les responsabilités est la fameuse objection de l’«amalgame», qui consiste à dire qu’il ne faut pas faire de culpabilité par association et pointer du doigt tous les musulmans.




Ici encore, c’est à la fois vrai et insuffisant.




S’il est effectivement faux et injuste de condamner en bloc tous les croyants d’une religion, cela ne dispense pas ces derniers de s’interroger sur leur responsabilité.




La sauvagerie perpétrée au nom d’une religion ne tombe pas du ciel. Elle a des causes.




Elle n’aurait pas pu naître et proliférer dans une civilisation saine.




Quand un arbre est malade, il faut aussi examiner la forêt autour.




Si des gens tuaient depuis longtemps au nom du catholicisme, l’ensemble des catholiques ne serait pas coupable, mais il devrait faire un examen de conscience et se demander comment il a pu laisser ce cancer se développer en son sein.




Se lever




Bref, il faut savoir distinguer culpabilité et responsabilité: ne pas être coupable ne vous dispense pas de vous reconnaître une responsabilité et de l’assumer.




Après chaque horreur perpétrée au nom de l’islam, quelques imams condamnent les attaques. Plusieurs ne disent rien, voire laissent tomber des paroles pour relativiser ou pire.




Mais à quand une immense marée humaine de dizaines de milliers de musulmans ordinaires, dans les rues de Paris ou de Londres, pour dénoncer cette barbarie et s’engager à lutter pour l’extirper de leurs communautés?



 




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