Jeunesse et radicalisation : l’enfumage de l’Institut Montaigne

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Si la tendance se maintient, le portait (officiellement caché) sera le même au Québec


L’Institut Montaigne vient de publier une grande enquête sur les 18-24 ans dont le titre n’est pas neutre : « Une jeunesse plurielle ». Parce qu’au-delà des analyses statistiques, il est grand temps de nous faire admettre que la France de grand-papa, c’est fini. Bienvenue dans la France « village global ».


Le visuel de présentation va nous aider à comprendre : une image constituée d’une mosaïque de visages représentant toute la diversité possible avec, bien entendu, des Blancs en minorité. Rien n’est laissé au hasard. Et, surtout, une photo qui retient l’attention avec une jeune fille voilée. Une « jeunesse plurielle », donc, dans une France multiculturelle où les minorités deviennent majoritaires. L’enquête cherche avant tout à faire passer un message positif : « des jeunes heureux ». Bien sûr, il y a des difficultés, mais rien de grave. Allez, « roulez jeunesse » !


Cependant, derrière la belle image d'une France « plurielle », harmonieuse et tout sourire, une autre réalité se devine malgré les efforts des auteurs de l'enquête pour brouiller les pistes. Une analyse approfondie révèle, en effet, la face sombre d'une France fracturée avec une partie de la jeunesse développant, sur certains territoires, une contre-société extrémiste et violente. Pour éviter toute stigmatisation malheureuse qui nous conduirait à ce triste constat, les auteurs de l’enquête créent des classifications statistiques larges et abstraites.


Ainsi, parmi la typologie proposée, on trouve les « intégrés transgressifs » animés par « des sentiments transgressifs sur la violence politique, la violence privée ou les incivilités et la déviance ». Les jeunes de ce mystérieux groupe trouvent « moins grave » que d’autres le fait d'« injurier une femme dans un lieu public » (49 % contre 73 %) . Ils sont les moins nombreux à juger "très grave" d(« injurier quelqu’un en raison de son origine ou de sa couleur de peau » (57 % contre 82 % pour l’ensemble des jeunes) mais, dans le même temps, ils sont 72 % à considérer que « la France est une société structurellement raciste, contre 46 % de l’ensemble des jeunes ».


Tout au long de leur enquête, les auteurs font usage de la notion très controversée de « racisme structurel » sur laquelle prospèrent les idéologies woke et décoloniale. Leur problème, c’est que l’excuse habituelle de l’« exclusion » économique et sociale, qui engendrerait la « radicalisation », ne fonctionne pas avec ce groupe. Il faut donc trouver autre chose. En effet, ces jeunes « présentent de nombreux signes d’intégration ». Ils sont même « nettement plus souvent que les autres jeunes en emploi (à 64 %) » et disent « ne pas ressentir de difficultés matérielles particulières ».


L’étude nous apprend alors que « le groupe des “intégrés transgressifs” est le seul où les musulmans sont surreprésentés ». « Sur l’ensemble de l’échantillon, les jeunes d’origine étrangère comme les jeunes de confession musulmane montrent bien un niveau de tolérance plus élevé à l’égard de la violence et de la déviance que les jeunes d’origine française, et que les jeunes catholiques ou sans religion. »


Afin de détourner notre regard de la problématique de la contagion islamiste, les auteurs explorent des facteurs d’explication extra-religieux comme l’hypothèse victimaire des phénomènes de discrimination individuelle ou celle du groupe minoritaire opprimé par le groupe majoritaire. Ce qui, indirectement, donne une caution scientifique aux concepts idéologiques décoloniaux.


Pour bien analyser cette enquête et comprendre ce qu’elle ne dit pas clairement, il faut se reporter à une autre enquête conduite par un des deux auteurs, le sociologue Olivier Galland. Consacrée aux lycéens, et publiée en 2018, « La tentation radicale » donnait une analyse bien différente en évoquant franchement la problématique de la radicalisation religieuse : « Ces jeunes se situent bien dans un univers culturel et normatif très éloigné de celui de la jeunesse majoritaire et très éloigné des valeurs centrales de la société. Leur radicalité religieuse est donc bien loin de n’être qu’une réaction épidermique à un sentiment d’injustice personnel ou collectif. Elle est associée à un ensemble de valeurs qui font sens et qui sont largement en décalage avec celles qui dominent dans la société française. »


Derrière le mythe de la diversité heureuse dont l’Institut Montaigne cherche à faire la promotion, une autre dynamique est à l’œuvre. Celle de la constitution d’une contre-société violente, alimentée par l’idéologie décoloniale et les réseaux islamistes.