Mourir en Afghanistan

Tribune libre - 2007


J’ai parcouru l’été passé les plages de Juno Beach en Normandie, celles du
débarquement des troupes canadiennes en 1944.
Çà et là, entre des touffes d’herbe folle fouettées par le vent, il y
avait des petits drapeaux canadiens plantés dans le sable par des mains
anonymes, comme si elles avaient su que chacun de ces petits lieux pouvait
être une tombe, tant ils furent nombreux à mourir partout !
Hier et avant hier, ce sont huit de nos soldats qui sont morts en
Afghanistan, s’ajoutant à d’autres… Mais le regard perdu de l’officier
canadien évoquant ces morts m’a frappé, comme si ces morts, à eux seuls,
avaient pesé autant, et même plus, que les milliers des plages de France…
La mort est un mystère, et on essaie toujours de lui donner un sens…
Sur les champs de bataille, aux sonneries claironnantes, aux drapeaux
frémissants, quand l’ennemi est envahisseur et qu’il faut défendre la
patrie ou celle de ses alliés, tout est clair : la mort est héroïque !
Dans le regard perdu de l’officier canadien, il m’a semblé que plus rien
n’était clair :
Quelle est cette patrie à défendre, et contre quel envahisseur ?...

Et donc, sur ce champ de bataille, quel est le sens de la mort ?
Les soldats du Viet Nam se sont retirés, parce qu’ils ne savaient plus
pourquoi ils mouraient…
James Dormeyer.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --


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