Mises à la retraite de 1996 : Pauline Marois sans regrets

Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne



Corbeil, Michel - SHERBROOKE - Pauline Marois n'arrive pas à regretter la décision à laquelle elle a participé de mettre à la retraite des milliers d'infirmières, de médecins et techniciens du réseau de la santé, à la fin de la décennie 1990.
Répondant à un journaliste, hier matin, à Sherbrooke, la chef du Parti québécois a réitéré que le péquiste Lucien Bouchard, dont elle était une des ministres, n'a pas eu le choix d'agir pour éponger le bain d'encre rouge que lui avait laissé le gouvernement libéral précédent.
"Bonne ou mauvaise décision? a-t-elle évoqué. J'aurais souhaité qu'on ne fasse pas cela. Ça ne me faisait pas plaisir. Je les ai gérés, ces deux réseaux (Santé et Éducation). Et je peux dire que je trouvais ça rough pas mal.
"Mais, en même temps, après coup, j'étais contente quand j'ai pu réinvestir de l'argent en éducation et en santé. Parce que nous avions justement retrouvé une certaine santé financière."
Ce geste "courageux (...) si c'était à refaire, je le referais", a-t-elle laissé tomber. Quelques heures plus tard, son entourage a insisté que Pauline Marois n'avait pas en tête d'autres départs massifs. "Ce n'était pas l'idée du siècle", a-t-elle confié à un conseiller.
Le quelque chose à "refaire" avait trait à la "corvée collective" avec les employés du réseau. Des consultations où, "en santé, on n'a pas voulu faire payer le prix individuellement" des compressions pour atteindre le déficit zéro, notamment en se rabattant sur les retraites.
À Rouyn-Noranda, le chef libéral Jean Charest s'est dit estomaqué par la déclaration de sa vis-à-vis. "Je n'en croyais pas mes oreilles d'entendre ça", a commenté M. Charest. Le système de santé porte encore des cicatrices des efforts consentis, a noté le chef libéral.
"En posant des gestes aussi radicaux et drastiques (...), ils ont causé des dommages qui sont restés pendant longtemps, a-t-il affirmé. Même Lucien Bouchard a dit que si c'était à refaire, il s'y prendrait différemment."
Médecine familiale
La leader du PQ a profité de la question pour relancer sa réplique à son opposant libéral. "M. Charest est impayable." Engorgement des urgences, attentes pour les soins, "c'est pire qu'avant. Et là, il s'essuie les pieds sur nous. Les infirmières auraient maintenant 70 ans sur les planchers" des hôpitaux.
Elle a répété qu'elle a aussi augmenté le nombre de places en faculté de médecine, lorsqu'elle dirigeait l'Éducation. Compte tenu du temps pour former ces professionnels - entre sept et neuf ans - , Mme Marois a affirmé qu'elle reviendrait à temps aux affaires de l'État pour cueillir le "fruit d'une décision du PQ".
Selon elle, il y aura suffisamment de candidats - entre 700 et 1000 - pour combler les besoins des 150 nouveaux Groupes de médecine familiale dont elle a annoncé la création, en matinée.
"Ces médecins (qui ont débuté leurs études après sa décision d'en former davantage à l'université) commencent à pratiquer. Des cohortes importantes (de recrues) s'ajouteront dans les années qui viennent."
Le PQ veut porter le nombre de ces groupes de 178 à 328 en trois ans. Il ajoutera chaque année 45 millions $, pour un budget supplémentaire de 135 M $. Mme Marois a reconnu qu'un effort devra être consenti pour intéresser les jeunes médecins vers une pratique qui n'a pas bonne image et qui paye moins que d'autres spécialités. Le quart des Québécois sont sans médecin de famille.
En après-midi, Pauline Marois y est allée d'une autre promesse en santé. Si elle accède au pouvoir, le PQ investira 500 millions $ pour le maintien à domicile des personnes âgées. C'est 100 millions $ de plus que les libéraux.
Le candidat vedette Réjean Hébert, ex-doyen de la faculté de médecine de Sherbrooke, a fait valoir que 3,5 % des aînés demeurent dans des centres. Ramener ce taux à 3% ferait économiser 365 millions $. "Je suis sûr que si on leur donne le choix (...), les gens vont préférer rester à la maison", a dit le spécialiste.


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