Mirabel: Destruction du monument au «fédéralisme dominateur» de Trudeau

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Un rappel gênant pour Justin trudeau

Par une de ces ironies dont l'histoire à le secret, Justin Trudeau accède au pouvoir cette année alors même que les ouvriers achèvent de démolir l'aérogare de Mirabel, monument honteux au «fédéralisme dominateur» de son père Pierre Elliot-Trudeau. En donnant le nom de l'ancien premier ministre à celui de Dorval, les libéraux se sont toutefois, bien involontairement, assurés que personne n'oublierait le fiasco
de l'autre aéroport, celui qui aurait dû être affublé de l'acronyme PET.

De nombreux experts, gestionnaires et bureaucrates ont tenté de convaincre les généreux contribuables qu'il fallait démolir l'éléphant blanc de Mirabel parce que ce gigantesque immeuble et son stationnement étagés étaient invendables, voire inutilisables. D'ailleurs, l'aérogare est bourré d'amiante, donc irrécupérable, disent-ils. Le PDG des Aéroports de Montréal (ADM), James Cherry, prétend même qu'il vaut mieux dépenser $15 ou $30 millions pour démolir l'édifice qu'on ne sait trop combien de plus, ou de moins, pour le mettre aux normes du jour.

En fait, le conseil d'administration d'ADM n'a jamais vraiment fait d'efforts pour louer l'aérogare ou publié d'études sur sa transformation. Ce conseil à qui le gouvernement fédéral a confié l'administration des aéroports se conduit comme un propriétaire privé qui n'a de compte à rendre à personne. Les municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal, Denis Coderre en tête, ont vainement demandé des explications et plaidé pour la préservation de l'ensemble, rien n'y fait.

Selon certaines sources syndicales, ADM a déjà entrepris des tractations avec quelques entreprises, notamment des sociétés aériennes de fret, qui aimeraient bien avoir le contrôle des pistes construites et entretenues par l'État. Mirabel deviendrait ainsi une porte d'entrée au marché de New York dont les aéroports sont saturés. Encore une fois, merci aux contribuables.

Comment diable en somme nous arrivés là? Il y a plusieurs raisons qui expliquent ce gaspillage monumental. Elles sont d'abord politiques, ensuite techniques et finalement économiques.

Politiques: Ottawa a décidé de construire l'aéroport à Saint-Scholastique, dans les années 70, malgré l'opposition du gouvernement du Québec qui voulait l'installer sur la rive sud du Fleuve. Les travaux ont commencé en dépit du fait qu'aucune entente n'avait été conclue avec Québec pour prolonger l'autoroute 13 jusqu'à Mirabel. Pas plus d'ailleurs qu'avec les municipalités pour offrir un service de train rapide vers l'aérogare. Résultat, les nouvelles installations sont demeurées isolées, en plein champs, à 35 km de Montréal.

Sur le plan technique force est de reconnaître que l'arrivée des gros porteurs, qui n'avaient plus besoin de faire escale à Montréal avant de poursuivre leur route vers l'Ouest, a changé la donne. Montréal a rapidement cessée d'être la porte d'entrée du Canada au profit de Toronto donnant ainsi satisfaction à Air Canada qui n'a jamais vraiment voulu déménager à Mirabel.

Le maintien en service de l'aéroport à Dorval, qui forçait les passagers à faire une correspondance par autobus lorsqu'ils descendaient à Mirabel, n'a évidemment pas arrangé les choses. Deux aéroports internationaux à Montréal c'était trop et ça ne pouvait pas durer, surtout que le principal transporteur national, Air Canada, avait déjà commencé à déménager ses pénates à Toronto.

La décision de démolir l'aérogare a été dénoncée par le maire de la ville de Mirabel, Jean Bouchard qui a vainement tenté d’obtenir un sursis afin de trouver une nouvelle vocation à l’immeuble, mais Ottawa par l'entremise d'ADM a refusé net. Floués par le gouvernement Trudeau lors de l’expropriation d’un immense territoire agricole dans les années 70, les municipalités et les habitants de cette région le sont encore une fois par Ottawa. ADM ne tient aucun compte des besoins régionaux et offre de céder l’aérogare à la Ville pour $1. mais en conservant le terrains. Un marché de dupes puisque Mirabel se voit ainsi privée des revenus requis pour adapter l’immeuble à d’autres fonctions.

Le gouvernement fédéral a une dette morale envers la population des Basses Laurentides puisque les expropriations abusives et démesurées décrétées par le gouvernement Trudeau ont chassé des centaines de familles de leurs terres et de leurs villages. Celles-ci ont été forcées de se battre pendant des années avant de recevoir une compensation partielle pour la perte de leurs biens. La Ville de Montréal a pour sa part perdu des dizaines de milliers d’emplois en raison du maintien en service de Dorval pendant que Mirabel se transformait en éléphant blanc.
Les revenus générés par les 6 000 acres loués suffisent amplement pour assumer tous les frais de réfection du bâtiment, de transformation pour un autre usage et d’aménagement pour en réduire les coûts d’opération. Qu’on parle de retirer l’amiante ou de sceller le tout dans le bâtiment (comme on l’a fait au Palais des congrès de Montréal), de refaire les systèmes électriques, d’effectuer la mise à niveau de la plomberie, et mettre à niveau les systèmes de sécurité, d’améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment ?... Les revenus actuels du parc industriel sur le site sont assez garantis et récurrents. Où est le problème ?

La question qui vient à l'esprit des gens de la région maintenant c'est de savoir si le fils Trudeau rendra justice aux citoyens de Mirabel pour corriger les erreurs du gouvernement de son père. Just watch him!

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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3 commentaires

  • Raymond Savard Répondre

    17 novembre 2015

    Cher Gilles,
    Excellent article. Mille fois bravo ! Je ne te reproche qu'une chose : il s'agit de l'emploi du mot national dans la dernière phrase du huitième paragraphe. Quand on emploie l'adjectif national en parlant d'institutions canadiennes, on nie l'existence de la nation québécoise, la seule qui compter à mes yeux. Il eût simplement mieux valu rayer le mot national, ce qui ne change aucunement la phrase.
    Un ancien professeur de français et un ami,
    Raymond Savard
    Gatineau

  • Gélinas Claude Répondre

    28 octobre 2015

    Mirabel, ce projet inachevé des trois colombes qui démontre l'arrogance fédérale visant principalement l'expropriation des terres les plus fertiles du Québec. Un gâchis !

  • Archives de Vigile Répondre

    24 octobre 2015

    Quand ont veux tuer son chien on dit qu'il a la rage.
    Tous de faux prétextes pour éliminer un témoin gênant. Le fédéral projète de construire un aéroport important à Pikering ( https://en.wikipedia.org/wiki/Pickering_Airport ) à l'est de Toronto. Projet très difficile à justifier lorsque vous avez un aérogare international d'envergure, vide et disponible, à moins de 35 minutes de vol.
    « Un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups »
    • Agatha Christie