Métro, chaos, prolos

Paternalisme, fascisme jovialiste. "Et ces malheureux prolos ne demandent qu'une chose: la sainte paix". Et s'ils demandaient aussi LA JUSTICE!!! Et tout contestataire-qui-dérange-la-paix-payante est un "criminel". "L'idéologie, quelle qu'elle soit en l'occurrence, n'est qu'une affaire de relations publiques. Une chanson pour la galerie." Eh ben, quelle culture politique! Les partisans de la loi et de l'ordre seraient donc sans-idéologie, sans culture?... Larve de larbin!


Hier matin, Jean Charest n'a pas personnellement souffert du sabotage du métro. Stephen Harper non plus. Ni le président de la Banque mondiale ni la reine d'Angleterre.
Ceux qui en ont arraché sont les centaines de milliers de prolétaires (revenu du marché médian disponible en 2009: 19 400$) qui font tout ce qu'ils peuvent pour que la société fonctionne à peu près correctement. Qui utilisent le transport en commun, triment dur, élèvent des enfants, paient taxes et impôts, respectent la loi.
Et ces malheureux prolos ne demandent qu'une chose: la sainte paix.
Eux, et eux seuls, ont été agressés par les criminels (il faut leur refuser toute autre étiquette) qui ont sévi, hier. Et sévi non pas de façon gratuite ni pour cheminer, fut-ce de manière tordue, vers un idéal. Mais - soyons francs - d'abord et avant tout pour en tirer une jouissance incommensurable: celle de tenir en otage pendant quelques heures une ville entière.
Non, mais quel orgasme!
L'idéologie, quelle qu'elle soit en l'occurrence, n'est qu'une affaire de relations publiques. Une chanson pour la galerie. Une friandise jetée à cette sorte de révolutionnaires de boudoir qui trimbalent le dernier Noam Chomsky dans leur BMW entre le condo et la résidence d'été. Drôlement émoustillant aussi que de soutenir la «révolte» bien au chaud! Or, c'est la raison collective que ceux-là enfument depuis quelques mois.
Il faut en outre comprendre qu'on assiste ici à la lutte du fort contre le faible. Toute société développée est en effet d'une effrayante vulnérabilité.
Au niveau un de l'échelle de la nuisance, on ne réussit même pas à venir à bout des simples tags qui répandent la laideur et bousillent l'ambiance urbaine. Au niveau dix, on sait maintenant qu'une poignée d'individus peut semer en un instant des milliers de cadavres en plein coeur de n'importe quelle métropole. Entre ces deux extrêmes, s'offrent tellement de «ventres mous», de points névralgiques impossibles à protéger totalement, qu'on s'étonne presque de ne pas être plongé plus souvent dans le chaos.
Le métro n'est que l'un d'eux. Il y en a cent autres, nul besoin d'insister.
***
Dernier point.
Quarante-huit heures après qu'il eut annoncé un règlement antimasques d'une logique irréfutable, mais semblant cette fois complètement dépassé par les événements, le maire Gérald Tremblay n'a pas déclenché, hier, d'escalade en matière de loi et d'ordre.
On ne sait trop s'il faut s'en désoler ou s'en réjouir.
D'une part, la situation appelle certainement, et ce depuis plusieurs semaines, un branle-bas policier plus important qu'à l'ordinaire. D'autre part, il faut se méfier du réflexe immédiat. La principale conséquence de cette sorte de révolte d'opérette est en effet de raidir l'opinion publique et de rendre acceptable une augmentation des pouvoirs de l'État qui peut ne pas être sans danger.
Dans le doute, la retenue est préférable.


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