Mesdames et Messieurs la dinde !

17. Actualité archives 2007


Un dimanche matin, une semaine avant Noël, alors que tous ses collègues sont déjà partis en vacances, la ministre de la Condition féminine, Carole Théberge, entendait déposer la politique du gouvernement Charest qui concerne 52% de la population et le Plan d'action qui en découle. Grand branle-bas de combat. La politique de condition féminine du gouvernement Charest ne peut plus attendre.
Pourquoi choisir ce moment de l'année? Les femmes, une semaine avant le réveillon, sont justement à bout de souffle. Elles courent entre le travail et les derniers préparatifs pour Noël, les cadeaux des enfants et les tourtières. Il y a 365 jours dans une année. Pourquoi CE dimanche, une semaine avant Noël?
Le titre du document, «Pour que l'égalité de droit devienne une égalité de fait», et son contenu, auraient mérité un meilleur timing. C'est bien triste pour toutes celles qui y ont travaillé car elles y ont sûrement mis le meilleur d'elles-mêmes pour une réception qui risque d'être assez discrète. On aurait voulu le faire exprès qu'on n'aurait pas fait mieux.
En feuilletant les quelque 160 pages devant être présentées hier matin aux journalistes, je n'ai pu m'empêcher de constater que tout y est. Encore une fois. Comme dans un autre rapport que je rendais public moi-même il y a 25 ans. On y traite aussi bien de la santé des femmes que de la violence dont elles sont victimes, en passant par la prostitution aussi bien que par les difficultés que rencontrent les femmes à concilier leur travail et leur désir d'avoir une famille. Au premier coup d'oeil, je crois qu'on n'a rien oublié.
On cible les ministères concernés et les organismes gouvernementaux qui auront la tâche de veiller au grain et on promet une commission parlementaire dans trois ans pour vérifier le chemin parcouru. 160 pages de bonne volonté, de constats rigoureusement vérifiés et de voeux pieux.
Des élections bientôt?
Cette étude de la situation des femmes québécoises d'aujourd'hui et son plan d'action sont touffus, mais ils ne sont pas honteux. Il n'y a aucune raison de les présenter en catimini entre la dinde et les atocas. Ces documents auraient mérité une large distribution auprès des groupes de femmes et l'endossement de tout le gouvernement avec le premier ministre en tête.
Qu'est-ce qui justifie alors la précipitation... ou le retard dépendant de l'optique qu'on choisit ? Si la ministre était connue pour être rebelle, on pourrait penser qu'elle agit rapidement avant de se faire enlever le dossier dans un remaniement qui l'enverrait ailleurs et que son geste lui permettrait de sauver ce travail qu'elle estime avoir mené à terme et dont elle voudrait recevoir les retombées, surtout si elles sont positives. Mais elle n'est pas connue comme rebelle.
L'autre explication, c'est que nous nous acheminons vers des élections hâtives, peut-être en février comme la rumeur le laisse supposer et que la politique de condition féminine a été jugée un bon outil pour courtiser le vote des femmes. Là-dessus, comme sur tellement d'autres dossiers, M. Charest pourra répéter ad nauseam qu'«il reste tellement de travail à faire sur des dossiers importants» qu'il faut le reporter au pouvoir afin qu'il nous montre vraiment de quoi il est capable.
Avec les femmes, c'est un mauvais calcul. Il y a longtemps que les femmes ont compris qu'elles avancent bien plus vite en s'occupant de leurs propres affaires, en fonçant d'un pas ferme dans tous les domaines et en obligeant ainsi le gouvernement à les suivre puisqu'il n'a jamais été capable de les précéder.
Il faudrait 100 ans au gouvernement pour réaliser ce qu'il y a dans le document de la ministre Théberge. Les femmes sont bien plus pressées que ça. Il y a un réveillon qui les attend et elles ne seront pas les dindes de service.
Sur ce, Joyeux Noël les filles. Et mes meilleurs voeux à tous mes lecteurs et lectrices.


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