Les girouettes, ça voyage en toutes saisons. Contrairement aux autres oiseaux, ça ne part pas nécessairement pour le sud.
Il suffit d'un rien pour les voir s'envoler dans n'importe quelle direction. Ça se déplace en solo ou en gang, ça dépend. Il suffit de bien peu de chose pour les perturber et les voir s'agiter dans le ciel québécois. Les deux dernières semaines ont permis aux observateurs d'étudier des vols de girouettes en direction d'Ottawa. Le phénomène n'est pas nouveau.
Il est cependant étonnant. Il aura fallu tout simplement qu'un homme, détesté de tous, devienne chef du Parti libéral du Canada pour que les girouettes s'imaginent qu'il venait subitement d'accéder à toute une série de qualités extraordinaires qui allaient le rendre aimable et compréhensif.
Les girouettes n'ont pas de mémoire, c'est bien connu. Entre le Jean Chrétien étalant sa collection de balles de golf devant le juge Gomery et le Jean Chrétien sur la scène du Palais des congrès vantant les bienfaits du Parti libéral, elles n'ont pas reconnu le seul et même homme. Elles avaient déjà oublié les magouilles et le gaspillage de fonds publics, l'arrogance des uns et les silences des autres. Le scandale des commandites était loin derrière, comme effacé. On avait imaginé que le congrès à la direction de ce parti moribond serait humble et discret. Il n'en fut rien. Il fallait faire comme si rien ne s'était jamais passé. Surtout pas afficher un peu de contrition.
Les girouettes, fascinées, ont eu envie d'aller voir. Le vent avait-il tourné ? Les girouettes, tout émoustillées, ont caqueté à qui mieux mieux. Le sauveur est arrivé. C'était l'Homme que nous attendions. Les girouettes, très excitées, ont louangé le nouveau chef et elles ont juré qu'il pouvait compter sur elles.
Après observation de leur comportement, les spécialistes ont décrété que les girouettes avaient agi sans réfléchir, comme il se doit pour des girouettes. Ils ont insisté sur le fait que les girouettes pourraient être très surprises et même déçues quand elles vont connaître un peu mieux l'objet de leur admiration. À moins que leur comportement ne démontre, de toute évidence, qu'elles ont un faible pour les Stéphane. C'est leur deuxième Stephen en peu de temps.
Le Stéphane Dion nouveau
Qui, parmi vous qui me lisez, a déjà vu un homme de 51 ans changer de caractère et devenir autre chose que ce qu'il a toujours été ? Comment peut-on penser qu'un homme connu pour être arrogant jusqu'à en être «baveux» parfois, qui affiche un certain mépris du Québec et des Québécois, qui a infiniment besoin de plaire aux Canadiens pour se maintenir en poste et qui occupe le poste qu'il occupe sans avoir été soutenu par les libéraux du Québec ni par les Québécois eux-mêmes, puisse se ranger du côté des demandes du Québec ?
Surtout qu'il faut bien le reconnaître, ce qu'il a été et ce qu'il a fait jusqu'à maintenant ne l'a pas trop mal servi quant à ses ambitions. Il est chef de l'opposition. Il n'a qu'une marche à monter... et vous voudriez qu'il affirme préférer être Canadien français plutôt que Français canadien ?
Je rêve du jour où un journaliste va lui demander s'il est Québécois... Il va sûrement répondre que ce mot-là n'a pas encore été défini et que quand on lui aura expliqué ce qu'il signifie, il pourra peut-être répondre.
Si les girouettes étaient moins agitées, on pourrait rapidement savoir qui est le véritable Stéphane Dion. Sauf qu'elles sont si nombreuses et elles déplacent tellement d'air que ça va prendre un peu plus de temps pour réaliser qu'il n'y a jamais eu de Stéphane Dion nouveau. Comme ils disent en anglais, what you see is what you get.
Allez les girouettes... dodo.
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