Maxime Bernier n'a pas attaqué le multiculturalisme d'État

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Pour être cohérent, il ne lui reste plus qu'à redevenir souverainiste !

À la relecture des six tweets de Maxime Bernier, il est clair que le député fédéral de Beauce ne dénonce pas le multiculturalisme d’État, mais bien le discours et l’idéologie du parti au pouvoir. La différence est majeure. Ses critiques visent parfois juste, mais il passe à côté de l’essentiel.


Le multiculturalisme n’est pas qu’une rhétorique ou une politique du gouvernement en place, c’est un système robuste, institutionnalisé et constitutionnalisé, qui permet aux tribunaux de démanteler les décisions des parlements en se fondant sur la surprotection des droits individuels, selon une certaine définition, vis-à-vis du collectif. Il est vrai qu’il serait beaucoup plus sérieux si le premier ministre se déguisait en premier ministre, mais ça ne changerait rien sur le fond des choses. Stephen Harper avait beau préférer les portraits de la Reine et les parades militaires aux rassemblements ethnoculturels, il devait encore accepter, sans mot dire, les décisions du gouvernement des juges. La conjoncture change, pas la structure. Les gouvernements se succèdent, avec leurs orientations propres, mais le système perdure tout de même.


Il serait donc intéressant d’entendre Maxime Bernier sur la question constitutionnelle et de voir s’il est prêt à mettre le doigt là où ça fait mal. Nous savons que l’homme est particulièrement doué avec le marketing, ayant su construire habilement sa propre niche dans le paysage politique canadien depuis sa première élection en 2006. Voyons s’il s’agit d’un show de boucaneou d’un véritable engagement.


Spontanément, on peut penser qu’un libertarien comme lui soit naturellement favorable à la sacralisation par les tribunaux de l’individu face aux décisions collectives, et qu’il embrasse cette méfiance institutionnalisée vis-à-vis de l’intervention de l’État et de la prise de décision politique. C’est d’ailleurs pourquoi il s’en prenait il y a quelques années à la loi 101, « restreignant les droits et la liberté de choix des individus », disait-il.


M. Bernier, où vous situez-vous quant à la vraie question ?


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).