Réformes démocratiques

Marois n'exclut pas le vote à 16 ans

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Faire mousser l'appui au OUI en abaissant l'âge de vote ?

(Londres) Pauline Marois n'exclut pas de permettre aux 16-17 de voter lors d'un référendum ou de futures élections générales, sans démontrer particulièrement d'enthousiasme.
C'est ce que devrait faire le premier ministre de l'Écosse, Alex Salmond, au référendum qu'il déclenchera d'ici la fin 2014. «Ce sera intéressant de voir quels sont les arguments qui ont amené M. Salmond et son gouvernement à peut-être tenir cette hypothèse», a indiqué la première ministre du Québec, lorsque questionnée par les journalistes à ce sujet.
Mme Marois visitait la nouvelle tour The Shard, la deuxième plus haute de l'Europe, en compagnie de Mario Leblanc, président de gsmprjct°, une firme québécoise qui a conçu les télescopes de l'observatoire. Elle rencontrera M. Salmond mardi, lors de la dernière journée de sa mission économique à Davos et au Royaume-Uni. «Quand on a discuté de cela au Parti québécois, il y a eu beaucoup de critiques. On nous a interpellés. Qu'un autre chef d'État songe à faire cela, ça veut peut-être dire que ce n'est pas si bête finalement.»
«Il serait intéressant d'avoir de l'information de M. Salmond pour savoir pourquoi il pense à ce choix», a-t-elle ajouté plus tard en anglais.
Le premier ministre écossais dit vouloir donner ce droit aux 16-17 ans, car l'avenir de leur peuple les concerne particulièrement. Et, aussi, car ils devraient voter davantage pour le Oui. Selon des projections rapportées dans le International Business Times, cette décision n'ajouterait toutefois que 0,2% au total des votes souverainistes écossais.
L'idée circule aussi au Parti québécois (PQ) depuis plusieurs mois. En janvier 2012, Bernard Drainville proposait de «changer la politique» pour sauver le parti, menacé selon lui de disparaître. Il proposait entre autres d'abaisser l'âge de vote à 16 ans et d'instaurer des référendums par initiative populaire (RIP). Mme Marois, dont le leadership était alors contesté, avait accepté d'examiner ces propositions en congrès. «Si on engage un tel débat, ce n'est pas pour mettre les propositions sur les tablettes», lançait-elle alors.
Ces mesures avaient été adoptées. Le mois suivant, la crise au PQ était terminée et Mme Marois devenait la «dame de béton». Elle reléguait le vote à 16 ans à la voie de garage et balisait les RIP - une mesure controversée qui a été abandonnée dans le contexte d'un gouvernement minoritaire.
Mais le vote à 16 ans «n'a pas été rejeté», a tenu à préciser Mme Marois dimanche. «À ce moment-ci, ce que je peux dire, c'est que nous ne l'avons pas retenu dans la plateforme électorale du parti, ce qui fait que ce n'est pas au programme, qui est actuellement sous la responsabilité de Bernard Drainville, des changements aux institutions démocratiques. Ce serait dans un autre mandat, si cela devait revenir.»
«Il y a quand même beaucoup de conséquences. Je crois qu'on devrait en faire un engagement si on voulait aller dans ce sens-là», a-t-elle ajouté.
Peu de pays permettent le vote à 16 ans. Parmi eux: Cuba, le Nicaragua et l'Argentine depuis quelques mois. C'est aussi possible dans certaines élections municipales en Allemagne. Certains le proposent maintenant en France.
En contrepartie, quelques pays comme le Japon n'accordent le droit de vote qu'aux 20 ans et plus.
Entente avec Ottawa? «Sous aucune forme!»
Le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales et à la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, accompagne Mme Marois. Il assure que le Québec ne négociera jamais à l'avance les modalités d'un référendum, comme l'a fait l'Écosse avec le Royaume-Uni. «Sous aucune forme!, a-t-il lancé. Vous savez que le Québec a toutes les prérogatives pour décider seul de son avenir politique. Il y a un consensus, une unanimité, tant pour les souverainistes que les fédéralistes.» Il y a «une énorme différence» entre l'Écosse et le Québec, rappelle-t-il. L'Écosse a choisi de se joindre à l'Angleterre pour fonder le Royaume-Uni en 1707. En 1998, Westminster adoptait une loi pour donner des pouvoirs par dévolution à l'Écosse. Un parlement écossais était ainsi institué l'année suivante. Mais en vertu de cette entente, l'Écosse n'avait pas le pouvoir de déclencher un référendum. Elle a donc dû négocier à l'avance avec le Royaume-Uni. M. Salmond a renoncé à poser deux questions - une sur la souveraineté et une autre sur un nouveau partenariat, une option qui séduit deux Écossais sur trois. Il s'est aussi engagé à poser une question «facile à comprendre». En échange, il peut choisir lui-même la question, la date du référendum et établir les règles de la campagne.


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