Les partis en mal de financement militant

Ils reçoivent désormais environ 70% de fonds publics

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Certains diront bientôt que l'intégrité est un luxe dont nous n'avons pas les moyens

Les scandales éthiques ont bouleversé le financement des partis politiques : délaissées par leurs donateurs traditionnels, les formations représentées à l’Assemblée nationale comptent désormais sur le soutien financier de l’État pour remplir leurs coffres.

Les partis tirent environ 70 % de leurs revenus des fonds publics, puisés à même les taxes et impôts payés par l’ensemble des contribuables, indique le Directeur général des élections du Québec (DGE). Il y a moins d’une décennie, avant l’éclatement des scandales de corruption, les dons de militants représentaient pourtant la vaste majorité des revenus des partis.

« Le financement des partis politiques a changé de façon spectaculaire. Maintenant, ce sont les citoyens qui financent les partis politiques avec leurs impôts », dit Denis Dion, porte-parole du DGE.

Pour freiner le financement illégal des partis, Québec a réduit de façon draconienne les dons des particuliers (passés d’un maximum de 3000 $ à 100 $ par année depuis 2010) et augmenté en conséquence le financement de l’État. Résultat, le gouvernement a versé une somme record de 16,9 millions aux partis en 2012. Les dépenses ont été élevées à cause notamment des élections du 4 septembre. Les militants politiques, eux, ont versé un maigre 10,2 millions aux partis en 2012, soit 34 % du total. En 2008, les dons privés avaient garni 55 % des coffres des partis.

Les militants hésitent de plus en plus à donner à un parti, parce que la politique est perçue comme un milieu sale. « Le climat de scandale a certainement eu un impact sur le financement,note Denis Dion. Les gens ne veulent plus voir leur nom associé à des partis politiques. »

Tous les partis doivent s’adapter et remplir leurs caisses électorales à coups de petits dons de 100 $ auprès de milliers de donateurs. La marche est haute pour le Parti libéral du Québec (PLQ), qui est la formation ayant le plus recouru au « financement sectoriel »,selon une étude du DGE rendue publique en avril dernier.

Selon ce rapport, des employés d’entreprises de quatre secteurs d’affaires (comptables, avocats, génie-conseil, entrepreneurs en construction routière) ont versé 12,8 millions de dollars à des partis politiques, entre 2006 et 2011. Les libéraux de Jean Charest avaient récolté 72,4 % de ces dons, le Parti québécois (PQ) 19,3 %, et l’Action démocratique du Québec (ADQ, fusionnée avec la Coalition avenir Québec) 8,2 %.

« Le financement sectoriel fait en sorte que plusieurs électeurs liés à une même entreprise ou à un même groupe d’affaires contribuent à un parti politique. Ce système, qui est en apparence légitime, peut être intimement lié à l’usage de prête-noms », a noté le DGE.

En 2012, le PLQ a récolté 3 millions auprès de 12 113 militants. Le PQ a encaissé 3,7 millions versés par 23 795 donateurs. La CAQ de François Legault a récolté 1,9 million, et Québec solidaire, de Françoise David, a encaissé 963 000 $. Grâce au soutien financier de l’État, tous les partis, y compris les plus fragiles comme la CAQ et Québec solidaire, pourront se payer un autobus de campagne si des élections sont déclenchées en vue d’un scrutin provincial en décembre, comme des analystes politiques le prévoient.


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