Manif sur le pont Jacques-Cartier: Legault blâme Québec solidaire

41393bda7522090b77ec22c37036a201

QS est un mouvement militant avant d'être un parti politique

Le gouvernement Legault a condamné mercredi le refus de Québec solidaire de dénoncer sans ambiguïté le geste d’éclat des militants écologistes qui ont escaladé le pont Jacques-Cartier, mardi, à Montréal, paralysant la circulation pendant des heures.


Il craint même que les méthodes employées par ces «agitateurs» puissent inspirer les députés solidaires, qui se montrent déterminés à forcer le gouvernement à s’attaquer avec vigueur à la crise climatique dans les mois qui viennent.


Mais loin de s’amender, Québec solidaire (QS) est passé en mode attaque, mercredi, en assumant sa différence et en réaffirmant son refus catégorique de condamner le geste d’éclat commis par les militants écologistes d’Extinction Rébellion, dont une des personnes arrêtées est une organisatrice de Québec solidaire.


Québec solidaire est d’ailleurs le seul des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale à ne pas avoir dénoncé le moyen d’action choisi par les organisateurs pour faire valoir leur point de vue.


«Contrairement aux autres partis politiques, on ne va pas cracher sur ces gens-là», a dit d’emblée le leader parlementaire de Québec solidaire et député de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois, en point de presse, contrarié de voir le premier ministre et plusieurs ministres attaquer sa formation politique de front sur ce point.


Une des trois personnes arrêtées par la police pour avoir escaladé le pont en vue de sensibiliser la population à la crise climatique est une militante et organisatrice électorale de QS dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, Chantal Poulin, une enseignante au secteur primaire.


Quel modèle cette enseignante offre-t-elle aux enfants? s’est demandé le premier ministre, en mêlée de presse mercredi.


M. Legault a demandé à la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, de «clairement condamner» le moyen d’action pris par les militants écologistes, «un geste illégal» et dangereux. Il l’a exhortée à prendre ses responsabilités.



«Climato-passivité»


Mais selon Gabriel Nadeau-Dubois, le gouvernement ne cherche qu’à faire diversion en agissant de la sorte, pour faire oublier sa «climato-passivité» dans la lutte contre les changements climatiques.


«La planète est en train de cramer», et tout ce qui importe pour le gouvernement «c’est l’attitude de Québec solidaire», a-t-il fait valoir.


La position de Québec solidaire consiste à dire que si le moyen d’action est «pacifique», il est réputé acceptable.


«Quand c’est pacifique et que ça ne vandalise rien, on ne dénoncera pas ça», a tranché le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, en disant souhaiter revenir au débat de fond, soit le plan de lutte aux changements climatiques promis par le gouvernement et attendu de pied ferme par QS.


D’ailleurs, Québec solidaire ne s’en cache pas : dans les prochains mois, le groupe des 10 parlementaires solidaires entend prendre tous les moyens à sa disposition pour faire bouger le gouvernement, «s’il continue d’être climato-passif».


«On va utiliser les règlements du Parlement pour faire en sorte qu’il ne puisse plus continuer à ignorer les 500 000 personnes qui ont marché dans les rues de Montréal» le 27 septembre, a commenté M. Zanetti, sans préciser jusqu’où QS était prêt à aller pour obtenir gain de cause.


Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, soutient que les députés solidaires ont laissé entendre ces derniers temps qu’ils allaient privilégier «l’obstruction systématique» en Chambre, voire le «blocage» des travaux parlementaires, en vue de «ralentir» l’activité au parlement.


Selon lui, chose certaine, le geste d’éclat de mardi à Montréal n’est «certainement pas la bonne approche pour rallier les gens à une cause».


«Cette forme-là de désobéissance civile, dans une certaine mesure, démobilise les gens, bien plus qu’elle les rallie à l’idée de se mobiliser pour la cause environnementale», selon le ministre Charette, déplorant que certains automobilistes coincés sur le pont Jacques-Cartier mardi «ont manqué un rendez-vous à l’hôpital».


«Il faut condamner Québec solidaire», a renchéri le ministre des Transports, François Bonnardel, en mêlée de presse.


Il reproche à la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, de «ne pas être capable de mettre ses culottes et dire : “C’est pas la façon de faire valoir ses droits”», a-t-il ajouté, déplorant lui aussi que «des milliers et des milliers de personnes» avaient été «prises en otage» par les militants écologistes mardi, un fait inacceptable.