Mal de bloc

Si voter pour le Bloc n’avance pas automatiquement le jour de l’indépendance, ne pas le faire contribue à la politique du pire

Élection fédérale 2008 - le BQ en campagne

Ainsi, le Bloc québécois ne rencontrerait pas les espérances de la mouvance indépendantiste. Le Bloc serait impur parce que ses députés ne s’écrient pas en choeur tous les jours « Vive le Québec indépendant ! ». Le Bloc ne servirait à rien parce qu’il est minoritaire à la Chambre des Communes. Alors, il faut savoir ce que l’on veut. Élire des députés québécois appartenant à un parti susceptible de prendre le pouvoir à Ottawa ? Cela s’est produit pendant 125 ans ; quels avantages en a retiré le Québec ? La réponse est pourtant connue depuis longtemps : des espoirs toujours déçus.
C’est entendu, l’indépendance du Québec ne se réalisera pas à Ottawa mais au Québec, nulle part ailleurs. Le Bloc n’a pas été créé pour accomplir cette tâche ; il a été mis sur pied pour défendre en territoire fédéral les intérêts québécois en y constituant au mieux un pouvoir de blocage, au pire un pouvoir de nuisance, un relais d’abord à même d’illustrer quand, en quoi, comment et pourquoi le Québec se fait baiser. Il existe également pour donner un sens aux votes québécois qui refusent de cautionner ceux qui, dans les partis fédéralistes, prétendent parler en leur nom pour ensuite agir contre eux. C’est peu ? Sur le plan de la prise de conscience, c’est loin de n’être rien, et en tout cas beaucoup plus que de s’en remettre aux promesses à la fois hypocrites et intenables des partis canadiens qui sollicitent l’appui des Québécois pour ensuite s’en servir au détriment de ces derniers.
Tout Canadien du ROC normalement constitué sait avec certitude que le Bloc n’est pas fédéraliste même s’il joue le jeu parlementaire canadien. En quoi cela hâterait-il l’indépendance du Québec qu’il perde son temps à le rappeler et à tenir le discours que devrait tenir, au Québec, le seul parti actuellement élu dans ce but ? C’est pourtant ce que reprochent constamment au Bloc des ténors du P.I. Que ce dernier piaffe d’occuper la place que tient, plutôt mal depuis douze ans, le Parti québécois, cela peut se comprendre et s’admettre, mais en quoi la cause qu’il promeut serait-elle mieux défendue si le Bloc disparaissait du paysage fédéral ? On semble s’imaginer qu’une fois ce parti absent de la scène, les Québécois seront davantage conscients des coups fourrés d’Ottawa ou de la nécessité de l’indépendance. C’est là avoir la mémoire courte.
La conséquence la plus importante de la disparition du Bloc serait la suivante : les Québécois auraient le choix d’appuyer un parti fédéraliste en espérant, inutilement une fois de plus, qu’ils pourraient y exercer une certaine influence en faveur de leurs propres intérêts, ce qui s’est toujours avéré un leurre ; de s’abstenir de voter ou de voter blanc, ce qui produirait à coup sûr un gouvernement confortablement majoritaire assuré de n’avoir à répondre de rien en Chambre quant aux intérêts québécois. Sur le plan de la rhétorique et des sentiments, les supporters du P.I. peuvent, sans l’ombre d’un doute, en remontrer à beaucoup. Sur le plan de la tactique, on peut se permettre d’en douter un peu.
Pour finir, à quoi rime ce persiflage quant à la rémunération et à la pension éventuelle des députés du Bloc ? — et, à l’occasion, des députés du P.Q. ? Les futurs élus du Parti indépendantiste — mais oui, il finira bien par y en avoir — se contenteront-ils donc de verser l’intégralité de leur salaire au parti (ce que la loi, à toutes fins utiles, interdit) ou aux bonnes oeuvres, vivant de la cause et d’eau fraîche ? Il s’agit là d’un trait démagogique infantile, d’une mesquinerie au rabais ou d’une naïveté plus proche de la bêtise que de la fraîcheur juvénile.
Si voter pour le Bloc n’avance pas automatiquement le jour de l’indépendance, ne pas le faire contribue à la politique du pire.


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7 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 septembre 2008

    M. Poulin,
    M. Lemay se dit tout à fait d'accord avec vous. Pourtant, il écrit:
    "...Il est grand temps que tous les partisans de la souveraineté du Québec arrêtent de faire du "Bloc Bashing" et appuient ce seul parti qui peut..."
    Tout patriote sait que les Bloc-bashers ne sont pas des partisans de la souveraineté mais des agents à la solde de l'ennemi! Les fédés verraient en la chute du Bloc le signal de notre abandon et le feu vert à l'assimilation. Ils mettent donc le paquet sur des tièdes pour vomir sur notre garde avancée et leur promettent des ponts d'or vers la dénationalisation comme en ont obtenu de nombreux francophones de service à Ottawa (imaginez celui de Verner?)

  • Robert Bertrand Répondre

    16 septembre 2008

    Le moins que l'on puisse dire, comment ont-ils pu devenir représentants du Bloc Québécois ?
    On ne peut refaire le passé. Il y a des leçons à retenir !

    Le rapatriement de la constitutions s'est réalisée sous TRUDEAU ! Il avait pratiquement 75 députés libéraux du Québec pour appuyer son option et c'est pour cette raison qu'il a défié l'Assemblée nationale du Québec qui avait voté unanimement contre le rapatriement de la constitution.

    Il se vantait, ce PET, de représenter le Québec au même titre que tous les représentants de l'Assemblée nationale du Québec puisque ces 75 députés ou presque étaient des LIBÉRAUX élus par le Peuple du Québec.
    TRUDEAU et les autres qui peuvent suivre, peuvent facilement dire: JE REPRÉSENTE LE QUÉBEC puisque j'ai, avec les autres partis fédéralistes représentés à Ottawa, la même représentation que les députés qui seraient à l'Assemblée nationale du Québec.
    Donnons 75 députés PC ou LIBÉRAUX ou NPD = tous des fédéralistes et ils représenteront le Québec au même titre que l'Assemblée nationale du Québec qui pourrait voter aussi souvent quelle le voudra des lois, des propositions, des recommandations et que les FÉDÉRAUX réfuteront puisqu'ils représentent également tous les Québécois.
    Les ex du Bloc Québécois qui viennent nous dire le peu d'importance que pourrait avoir le Bloc, c'est qu'ils n'auraient jamais représenter les intérêts véritables du Québec.
    Comment parler des transfuges qui sollicitent plus ou moins la disparition du BLOC ou la diminution de son importance à Ottawa ?

    Quels intérêts ont-ils servis et quels intérêts servent-ils ?

    Je vous le demande.

    La nécessité du BLOC est d'une importance capitale, nécessaire, obligatoire et de première importance.

    SANS LE BLOC, c'est la voie libre aux FÉDÉRALISTES, c'est un chèque en blanc donné aux fédéralistes qui seraient représentés de façon majoritaire à OTTAWA
    L'Assemblée nationale du Québec, pour son propre intérêt, à cause des expériences passées, devrait voter une recommandation solennelle pour solliciter la population du Québec à voter BLOC QUÉBÉCOIS.

    Robert Bertrand
    http://cf.groups.yahoo.com/group/Pour-le-Pays-du-Quebec/

  • Lionel Lemay Répondre

    15 septembre 2008

    Je suis entièrement d'accord avec M. Poulin.
    Ce n'est pas au Fédéral mais au Québec que se fera la lutte pour la souveraineté. Mais, entretemps, il faut que les intérêts du Québec soient défendus à Ottawa et seul le Bloc peut le faire en notre nom parce qu'il est formé uniquement de Québécois et n'a pas a exécuter les ordres du Canada anglais come c'est le cas pour les autres partis fédéraux oeuvrant au Québec.
    Il est grand temps que tous les partisans de la souveraineté du Québec arrêtent de faire du "Bloc Bashing" et appuient ce seul parti qui peut nous protéger des manoeuvres machiavéliques du ROC.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2008

    Certains indépendantistes plus pur et plus angéliques que nous essaient de détruire la cause du pays québécois en proposant des méthodes impossibles et des baguettes magiques pour les appliquer. Ils s'attristent de voir que le Bloc a fait monter les résultats du dernier référendum de Parizeau de 41 à 50 % avec Bouchards. Ils auraient finir à 41%. Fédéralistes déguisés, ils attaquent Bouchard trop à droite malgré son assurance-médicament, Landry trop faible et Pauline Marois trop femme. Leur style gros mots et fier-à-bras intellectuels n'impressionne personne ni l'électorat. Ils sont rigolos, comme Dubuc et Pratte etautres scribes amateurs. C'est l'indépendance instantanée comme le fast food ou rien avec eux.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2008

    A-t-on vraiment hâte de dire "J'ai honte d'être Québecois" ?
    C'est ce qui va arriver si le Bloc subit le moindre recul face au Parti Conservateur.
    Et,quand on se dira cela,la glissade vers la louisiannisation sera inéluctable.

  • Robert Bertrand Répondre

    15 septembre 2008

    Sans le BLOC, c'est le libre-cours au fédéralisme. C'est le libre-cours à l'UNITÉ de leur Canada. C'est le libre-cours à la domination économique, sociale, culturelle et politique d'une seule entité.

    Déjà la NATION québécoise existe mais parce que la NATION « canadian » existe en premier lieu. Il n'y a pas égalité dans la reconnaissance de la NATION. La Nation québécoise existe en autant que l'autre domine.

    Daniel Johnson, père, ne parlait-il pas d' «égalité ou indépendance ». On est loin de l'égalité. On existe parce que l'autre domine. Ils doivent dominer, pensent-ils ! Qui pourra nous donner l'égalité ?

    Stephen Harper nous dit que l'on existe en tant que NATION parce que leur NATION doit dominer. Ils se sentent supérieurs. Ils se disent « supérieur » en nous définissant comme dépendant d'eux.

    C'est de l'incacceptable.

    Que dire de l'État Québécois qui existe de par une loi de l'Assemblée nationale. Il est plus que temps que l'État du Québec se range à l'égalité de l'autre État.
    Cela prend un parti politique à Ottawa qui défend les positions traditionnelles du Québec et qui va aussi loin qu'il est possible de le faire dans l'AFFIRMATION de la RÉALITÉ QUÉBÉCOISE avec toutes ses valeurs.

    Robert Bertrand, rédacteur,
    Québec un Pays
    http://cf.groups.yahoo.com/group/Pour-le-Pays-du-Quebec/

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2008

    Vous avez bien raison M. Poulin, quand on est indépendantiste, s'abstenir de voter pour le Bloc, parce qu'il est un peu trop ceci ou pas assez cela, est comme voter pour un des partis fédéralistes et être d'accord avec l'actuelle fédération.