La FCCQ intervient dans le débat sur la Charte des valeurs

Madame Bertrand met les pieds dans les plats

On se prend à regretter l’autre

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Les entreprises ont une place dans notre société, mais juste leur place, et rien que leur place !

Les Madame Bertrand se suivent mais ne se ressemblent pas. Qui ne se souvient de Janette Bertrand, cette touche-à-tout talentueuse et sympathique, journaliste, animatrice, comédienne, confidente nationale, et toujours en harmonie avec l’air de son temps.
Son lien avec le peuple n’était pas du goût de tous et lui a valu bien des moqueries, notamment celles de Robert Charlebois et Louise Forestier dans une chanson qui allait connaître un succès aussi grand que celui de leur cible.

Elle incarnait à la perfection les valeurs québécoises, avec tous leurs élans de générosité, leurs ambiguïtés et leurs contradictions, ce qui explique en très large partie son immense succès populaire. Quand elle parlait, vous pouviez ne pas partager son opinion, mais vous saviez que cette opinion était largement partagée.
On ne peut en dire autant de son homonyme, la nouvelle Madame Bertrand (Françoise de son p’tit nom) qui prétendait s’exprimer au nom des entreprises québécoises à titre de présidente de la Fédération des Chambres de Commerce du Québec lorsqu’elle déclarait il y a quelques jours « Les entreprises ne veulent pas de la Charte des valeurs»

Commençons tout de suite par préciser que Madame Bertrand (avec mes excuses à l’autre, la vraie), ne représente pas les entreprises québécoises. Tout au plus représente-t-elle les différentes chambres de commerce qui se sont réunies en fédération.
Et comme la très grande majorité de celles-ci n’ont même pas pris position sur le projet de Charte des valeurs mis de l’avant par le gouvernement Marois, elle ne représente rien d’autre que son opinion personnelle, celle du PLQ dont elle est issue, et à la rigueur celle de certains leaders autoproclamés des milieux d’affaires qu’elle fréquente sur une base régulière, comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner à l’occasion d'une autre de ses interventions tonitruantes et tout aussi déplacée l’automne dernier.
D’abord, il est important de comprendre qui est Françoise Bertrand, ce que nous pouvons faire facilement en prenant connaissance du petit encadré au bas du texte du Devoir [que je citais alors]
« Françoise Bertrand en cinq dates
-* 1968-1975 : Diplôme en sociologie (Université de Montréal) et maîtrise en études environnementales (Université de York, Toronto).
-* 1980-1988 : Gestionnaire à l’Université du Québec à Montréal, entre autres à titre de doyenne à la gestion des ressources.
-* 1988-1995 : Présidente-directrice générale de Télé-Québec.
-* 1996-2001 : Première femme à diriger le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.
-* 2003 : Accède à la présidence de la Fédération des chambres de commerce du Québec après un passage de trois ans dans la firme de consultants SECOR. »

Beau CV, la madame ! Sauf que… Elle doit l’essentiel de sa carrière aux Libéraux du Québec ou du Canada. En effet, elle a été nommée à la présidence de Télé-Québec par le dernier gouvernement Bourassa. Elle s’est fait montrer la porte par le PQ en 1995. Elle a ensuite été nommée à la présidence du CRTC par le gouvernement Chrétien en 1996, et elle a occupé ce poste jusqu’en 2001.
Au terme de son mandat, elle a passé trois ans chez SECOR, une firme de consultants libéraux bien connus. Raymond Bachand est lui aussi issu de ce sérail.
C’est par la suite que Françoise Bertrand a été nommée à la tête de la Fédération des chambres de commerce du Québec, un organisme censé représenter les milieux d’affaires comme tous les autres de ce genre sur lequel les réseaux libéraux ont la haute main depuis mon passage à l’Association des manufacturiers au début des années 1990. Ils se sont en effet jurés que jamais plus ils ne permettraient à une personne non affiliée à leur réseau d’occuper ce genre de poste. Trop dangereux.
Bien sûr, Le Devoir ne nous dit rien de tout cela, et c’est pourtant le plus important.
Alors, sous le chapeau officiellement apolitique de la Fédération des Chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand va pouvoir prendre sa revanche sur le PQ qui l’a évincée de Télé-Québec en 1995, et faire la « job de bras » médiatique pour ses amis libéraux et caquistes, étant entendu qu’ils sont cousins de la fesse gauche [ce dont j’ai d’ailleurs fait la démonstration dans mon livre intitulé « Charles Sirois, l’homme derrière François Legault », publié aux Éditions Michel Brûlé au mois d’avril dernier].

Mais le problème de Madame Bertrand ne s’arrête pas là. Non seulement ne représente-t-elle pas les entreprises quand elle s’exprime sur la Charte, mais elle leur nuit.
En effet, la Charte des valeurs n’a aucune incidence directe sur les entreprises du secteur privé qui peuvent être ou ne pas être membres d'une chambre de commerce. Elle vise uniquement les services publics qui ne le sont pas, ce qui n’était pas le cas de la Loi 101 qui avait une application dans les entreprises privées, et ce qui justifiait à l’époque les interventions des milieux d'affaires dans le débat.
Rappelons que les entreprises, personnes qualifiées de « morales » par la loi, n’ont pas droit de vote. Elles n’ont donc pas voix au chapitre dans le débat public autrement que pour faire valoir leur point de vue lorsqu’elles sont directement visées par un projet de loi ou de règlement, et ce n’est pas le cas avec la Charte des valeurs.
L’argument selon lequel elles auraient une telle voix parce que l’adoption de la Charte pourrait avoir une incidence sur le climat des affaires est beaucoup trop ténu car il est d’une part très hypothétique, et, d’autre part, il ne repose pas sur des faits mais sur une question d’opinion.
En multipliant les interventions mal avisées et à saveur hautement partisane, les porte-parole des milieux d'affaires compromettent leur capacité d'intervenir avec efficacité dans les débats qui les concerneront directement. Ils n'auront plus la crédibilité requise, ni auprès de la population, ni auprès des pouvoirs publics.
Il faut donc non seulement s’opposer à une intervention des milieux d’affaires dans le débat sur la Charte des valeurs, mais aussi le dénoncer avec la dernière énergie pour le motif qu’il constitue un abus de droit et une tentative indue d’influencer le débat public sur un sujet qui ne les concerne pas.
Les entreprises ont une place dans notre société, personne ne le conteste. Mais juste leur place, et rien que leur place !


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2013

    Encore aujourd'hui dans le Journal de Montréal, la pôvre madame Bertrand se pourfend pour le patronat contre le "point de vue syndical". Quelle ravaleuse! Elle et sa chambre! On a de trop beaux exemples depuis des décennies des comportements de ces "succès d'affaires" pour ne pas rire de leurs prétentions. Des succès montés aux nues une année, damnés l'année suivante. Gros succès d'affaires, grosses fraudes.

  • Denis Julien Répondre

    1 octobre 2013

    Les mêmes connards qui ne voulaient pas de la loi 101, de la loi sur le financement des partis politiques, de la loi sur la protection du territoire agricole. Au service uniquement de l'argent, de la croissance illimitée et de la bêtise humaine infinie. Misère!

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    1 octobre 2013

    Rappelons que la Chambre de commerce de Montréal est membre de la Fédération des Chambres de commerce du Québec (FCCQ).
    Que la Chambre de commerce de Montréal est l'endroit qu'avait choisi H P Rousseau pour venir expliquer comment la Caisse de dépôt avait perdu 40 milliards en 2008. Et qu'il a reçu un "standing ovation" à la fin de son allocution, de tous ce beau monde du Québec inc, ou plutôt ce Québec sink !
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2013

    Monsieur Le Hir ..vous êtes dans le mille
    Cette fédéraliste sorti tout droit de la cuisse droite des libéraux n'en as rien a foutre de la charte.
    Elle sais d'ou est venu son assiette qui l'as bien nourri.
    Ce n'est pas une ingrate envers les libéraux.
    On ne peut pas dire que madame Bertrand crache dans sa soupe libérale et camouflé derrière son voile de libérale ..elle en redemande en reprenant a son compte le discour des libéraux contre la charte .
    Cette revencharde libéral s'imagine que les québécois sont dupe de ses jérémiades orchestrer sur la charte .
    Son but est de faire croire qu'elle possède une autorité prestigieuse quelconque en parlant au nom des entreprises québécoises .
    Bref une grande sage comme le pro charia Charles Taylor
    Et évidemment madame Bertrand est complètement apolitique....tout comme Charles Taylor qui préfèrre et de loin voir la charia reconnu au Canada plutot que l'existence de notre peuple ...ce qui en dit long sur la hargne que ces fédéralistes négationistes portent a notre nation qu'ils refuseront toujours de reconnaitre
    Ce genre de sombres personnages font tous partis de la même confrérie de mange québécois qui sont contre l'indépendance et du droit des québécois de se donner un vrai pays .
    Si au moins elle disait ce qui guide sa vie et son combat plutot que de jouer l'apolitique désintéresser.
    Je suis une anti indépendantiste ,je suis une libérale, une fédéraliste ,je déteste le parti québécois et tout ce que je dirais et je ferais comme déclaration dans mon existence seras dans l'optique de leur nuire le plus possible et de servir les libéraux qui ont été généreux pour moi dans leur réinginéerie de la fonction publique.
    Avec ce genre de personnage faussement apolitique qui se servent de leur poste pour justement faire de la politique pour leur idéologie fédéraliste,une idéologie néfaste et appauvrisante a tout les niveaux pour l'avenir de notre nation , il ne faut plus se taire, il faut les démasquer et ne pas avoir peur de les confronter a ce qu'ils sont .

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2013

    Les Québécois sont reconnus pour vouer un culte au monde des affaires.
    C'est pour ça que les chambres de commerce ont beaucoup de poids.
    Il n'y a qu'à regarder l'oeuvre du regretté cinéaste Pierre Falardeau.
    Son personnage d'Elvis Gratton, cette caricature du Québécois typique, ne jure que par le monde des affaires.
    Cette mentalité aide les chambres de commerce à imposer ce qu'elles désirent au Québec.
    Et la Québécoise est bien semblable au Québécois sur ce point, pour ne pas dire identique.
    Madame Bertrand en est un bel exemple.

  • François A. Lachapelle Répondre

    30 septembre 2013

    Les personnes en affaires ont une place dans notre société mais elles ne peuvent pas prétendre régler tous les problèmes du Québec. L'ambition qui caractérise une grande proportion de ces personnes peut facilement devenir leur perte si le succès leur monte à la tête. Alain Bouchard PDG de Couche-Tard risque de faire cette démonstration en repoussant constamment la syndicalisation de ses employés.
    Monsieur Le Hir démontre avec à-propos que la présidente de la Fédération des Chambres de commerce du Québec (FCCQ) parle sans crédibilité contre la proposition de Charte des valeurs québécoises. Elle le fait sûrement de manière prématurée alors que les discussions ne font que commencer dans les chaumières.
    Il serait pertinent de savoir au nom de quelles Chambres de commerce Mme Françoise Bertrand prétendait-elle parler en opposition à une proposition qui est déposée sur la table des Québécois pour fin de débat. Quelle est la liste des Chambres de commerce qui se sont déjà prononcées sur ce sujet ?
    Plusieurs bienfaits germent au Québec à partir de cette proposition dont le désir de s'informer sur plusieurs notions concernant les liens entre l'État et les Églises, parlant de droits fondamentaux, tous les droits sont-ils égaux et que faire lorsqu'un droit est contradictoire avec un autre.
    C'est ainsi que l'égalité femmes-hommes doit avoir préséance sur le droit de liberté de religion parce que plusieurs religions promeuvent la soumission de la femme à l'homme sous différentes formes.
    Enfin, que Mme Bertrand respire de manière égale et écoute ce que les Québécois ont à dire avant de partir en croisade contre quelque chose qui peut être bonifié.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2013

    La présidente des chambres de commerce,je le répète
    esr insignifiante et elle est payée pour dire n'importe quoi.