Luttes serrées, campagne pépère

Québec 2007 - la bataille des régions


La caravane de Jean Charest est arrivée à Québec tard la nuit dernière, revenant dans la capitale nationale pour la troisième fois en une semaine. Et elle y retournera encore plusieurs fois d'ici le 26 mars, c'est garanti.
La grande région de Québec, c'est le champ de bataille de cette campagne, comme elle l'a été lors de la dernière campagne fédérale. Les trois grands partis y présentent des candidats-vedettes, les trois chefs vont s'y croiser régulièrement et ils y tiendront aussi leur débat à la mi-campagne.
Regardez notre sondage CROP d'aujourd'hui sur la région de Québec : le Parti libéral et l'ADQ sont à égalité et le Parti québécois perd du terrain, ce qui laisse prévoir de bonnes luttes. Mais si André Boisclair continue de baisser dans les sondages, ce sera des luttes à deux, pas à trois.
On savait que l'ADQ récolterait dans ce terreau favorable aux conservateurs quelques fruits semés l'an dernier par Stephen Harper, mais les libéraux de Jean Charest croient aussi pouvoir profiter de leur alliance avec le gouvernement fédéral.
Résultat : la grande région de Québec est en train de tourner le dos au Parti québécois, qui va devoir se battre pour garder ses rares circonscriptions, comme Tasche-reau, gagnée par Agnès Maltais par 1690 voix en 2003. Chose certaine, il sera difficile pour le PQ de faire des gains dans la région, malgré de bons candidats comme Linda Goupil dans Lévis ou Richard Marceau dans Charlesbourg. En analysant les chiffres de Québec ce matin, les stratèges péquistes ne peuvent qu'espérer que ce ne soit pas là un signe de ce qui attend le parti souverainiste dans le reste du Québec.
Les intentions de vote ont de quoi inquiéter André Boisclair, mais ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle de cette enquête d'opinion. Pour le deuxième sondage de suite dans cette campagne, on constate qu'une majorité écrasante d'électeurs (67 %) pense que ce sont les libéraux qui vont gagner les élections.
En plus, seulement 15 % des électeurs de la région de Québec estiment qu'André Boisclair ferait le meilleur premier ministre parmi les chefs en présence. C'est clair : les électeurs ne voient tout simplement pas André Boisclair sur le fauteuil de premier ministre. Même les péquistes doutent : environ 40 % d'entre eux pensent que c'est le Parti libéral qui va gagner et nomment un autre chef qu'André Boisclair comme meilleur candidat au poste de premier ministre. C'est aussi le PQ qui a le vote le plus friable, 46 % de ses électeurs dans le Grand Québec affirment en effet qu'ils pourraient voter pour un autre parti.
Il y a visiblement quelque chose qui ne passe pas entre le chef péquiste et la population. Pourtant, André Boisclair ne mène pas une mauvaise campagne, au contraire. De bons discours, un passage réussi devant son conseil national, pas de gaffe, de bonnes répliques à Jean Charest et Mario Dumont N'empêche, on a l'impression que sa campagne ne va nulle part.
À l'inverse, Jean Charest fait une campagne bien ordinaire, sans grand enthousiasme, sans rythme et ponctuée de déclarations controversées à propos du hidjab au soccer et, surtout, sur les risques de l'élection du Parti québécois.
M. Charest commence toujours ses campagnes au ralenti, s'animant seulement quand il est question de constitution et s'activant au débat des chefs et dans la dernière ligne droite. En 1993, quand il avait presque causé la surprise en raflant la direction du Parti conservateur à Kim Campbell, on avait parlé de la course du lièvre et de la tortue. Même chose dans les élections provinciales de 1998 et de 2003. C'est encore pire cette fois-ci. De toute évidence, Jean Charest mise sur le budget fédéral du 19 mars pour mettre un peu de piquant dans une campagne soporifique.
Ça chauffe peut-être dans les sondages, mais Jean Charest, lui, est parfaitement cool. Détaché serait un terme plus juste. En fait, on n'avait pas vu une campagne aussi zen depuis celle de Gilles Duceppe en 2004.
Hier, nous nous sommes fait trimbaler de 7 h à minuit, de Mont-réal à une école de Saint-Sauveur, puis du parking d'un salon funéraire de Sainte-Adèle à un rang perdu de Sainte-Scholastique, pour finir à Québec. Plus de 12 heures assis dans un bus pour assister à un point de presse du chef libéral (avec rien de neuf à annoncer), pour le voir tremper ses lèvres dans un verre de Madiran Montus 2002 dans une école de sommeliers pour finir cette interminable journée devant des militants de la circonscription de Mirabel.
Mais Jean Charest meuble le vide avec un aplomb remarquable. Hier matin, à Saint-Sauveur, il fallait tout de même être culotté pour se planter devant un panneau sur lequel il était écrit " Unis pour réussir " pour parler d'éducation, un secteur où, plus que tout autre, le gouvernement Charest a " foutu " le bordel avec sa réforme scolaire et cet absurde débat sur le bulletin.


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