Pour le député Pierre Curzi, étendre les dispositions de la loi 101 aux cégeps n'a rien de radical, c'est plutôt «logique».
Photothèque Le Soleil
Jean-Marc Salvet Le Soleil (Québec) Le député Pierre Curzi a gagné une grosse bataille en faisant adopter à la quasi unanimité, hier, en «atelier», sa proposition d'étendre aux cégeps les dispositions de la loi 101 sur la langue d'enseignement.
Aux prochaines élections, si le Parti québécois forme le gouvernement, les francophones et les allophones déjà scolarisés en français au primaire et au secondaire auront l'obligation de poursuivre leurs études collégiales dans la langue de Molière.
On peut d'ores et déjà affirmer que cette proposition figurera dans le programme officiel du Parti québécois. Elle devrait être facilement adoptée par l'ensemble des délégués aujourd'hui en «plénière», la toute dernière étape qui lui reste à franchir.
Pierre Curzi était ému et soulagé à la sortie de l'atelier. Il a minimisé l'opposition de nombreux Québécois à son projet. En point de presse, il a parlé de «pédagogie» à faire. Pour lui, cette mesure n'a rien de «radicale». Elle est «logique».
L'ex-syndicaliste et président du Conseil de la souveraineté du Québec, Gérald Larose, a plaidé devant Le Soleil que cet élargissement était naturel. Il s'inscrit dans l'esprit originel de la loi 101, a-t-il dit.
Interdire l'anglais dans l'affichage commercial
À peu près au même moment, dans un autre atelier, les délégués présents ont adopté - là, à la grande surprise des observateurs - une proposition beaucoup plus controversée prévoyant le retour aux dispositions initiales de la loi 101 en matière d'affichage. Il s'agirait d'interdire l'anglais dans l'affichage commercial.
Selon certains, la direction du parti «ne l'a pas vu venir». Selon d'autres, elle ne s'y est pas opposée pour éviter de frustrer des militants et ainsi peut-être «empoisonner» le vote de confiance de Pauline Marois.
C'est cette même idée qui avait fait dire à Lucien Bouchard, au 13e congrès péquiste, en 1996, qu'il ne pourrait plus se «regarder dans le miroir» si elle était entérinée.
L'ensemble des délégués en débattront aujourd'hui. Ses chan-ces de survie sont faibles. La direction du PQ est déterminée à la faire battre. Députés et ministres seront mobilisés.
Revers pour Lapointe
Le groupe emmené par la députée de Crémazie, Lisette Lapointe, a encaissé un solide revers, hier. Les militants ont rejeté à plate couture son projet de créer une Commission permanente de préparation à la souveraineté, un plan inspiré par Jacques Parizeau. La chef Pauline Marois en avait particulièrement contre le caractère contraignant de cette structure.
En revanche, les partisans de Mme Lapointe ont fait adopter par 141 voix contre 78 une résolution stipulant qu'un gouvernement du Parti québécois «prendra les moyens techniques et juridiques nécessaires pour parachever les études [sur la souveraineté], préciser les projets et en assurer la diffusion dans le public». C'est de franchise et de «clarté» dont il est question, a plaidé la députée, qui a bondi de joie à l'issue du vote. Un partout jusqu'ici, donc, dans le match Lapointe-Marois.
Dans la vie interne du PQ, ce prix de consolation est appréciable, puisqu'il a été obtenu en dépit de l'opposition de presque tous les députés présents dans la salle, parmi lesquels Pascal Bérubé, Alexandre Cloutier, Sylvain Simard et François Gendron.
Le député Stéphane Bédard a fait valoir que les adversaires fédéralistes ne dévoilent jamais leur jeu d'avance, eux. Il a confié qu'il lui restait «un peu de candeur, mais plus de naïveté» à ce sujet.
Le mot final sera livré aujourd'hui lorsque l'ensemble des 1700 délégués réunis au Palais des congrès de Montréal se prononceront sur cette proposition de la circonscription de Crémazie.
Don maximum de 100 $
Si les militants votent aujourd'hui en plénière comme leurs camarades l'ont fait hier en atelier, un gouvernement du Parti québécois abaissera le don maximum à un parti politique à 100 $ par année. Ce plafond était à 3000 $ depuis 1977. Il a été ramené à 1000 $ en début d'année par le gouvernement Charest.
«Le Parti libéral du Québec sera le parti à 1000 piasses, et le Parti québécois sera le parti à 100 pi-asses», a argumenté le député Nicolas Girard. Il cherchait à faire comprendre à tous le bon argument de vente qu'une telle proposition pourrait offrir.
Par ailleurs, le PQ a en quelque sorte cautionné la hausse des droits de scolarité universitaires couvrant les années 2007-2012, tout en rejetant celle décrétée par le ministre Raymond Bachand dans son dernier budget.
Ainsi, un gouvernement du PQ «rétablira le gel des droits de scolarité à la fin de la hausse 2007-2012». Mais rien n'a été décidé sur le fond. Ce gel sera maintenu «jusqu'à la tenue d'un sommet». C'est à ce moment qu'un gouvernement péquiste déciderait s'il «gèle», «hausse» ou «indexe» ces droits.
Notons enfin qu'il ne sera plus question de «référendums sectoriels» au Parti québécois. Pas officiellement, en tout cas. L'idée a été rejetée, hier.
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