Les vieux doivent faire leur juste part

Tribune libre 2012


Nous sommes en 2027. Quinze ans se sont écoulés depuis l’adoption du projet de loi 78 de 2012 qui avait mis le feu aux poudres chez une grande partie des étudiants du Québec. La situation a bien changé. Le Paf ( Parti des Affairistes du Québec ) vient de perdre le pouvoir au profit d’un nouveau parti politique, le PRN (Parti de la Renaissance nationale) dont l’objectif est de déclarer l’indépendance du Québec dès la prise du pouvoir à la majorité des députés comme cela avait le cas lors de la Confédération de 1867 et de renationaliser les trois mamelles de l’État qu’étaient l’Hydro-Québec, la SAQ et Loto Québec.
En effet le PAF, dont le chef était un dénommé François Legault, avait au cours des huit dernières années, sous les conseils de son ministre des Finances Éric Duhaime, privatisé les trois organismes maintenant propriété d’un holding constitué dirigé par Power Corporation.
Lucien Bouchard a maintenant pris sa retraite, après voir fait main basse sur la plupart des compagnies de gaz de schiste, à titre de président de Pétrolia, une compagnie albertaine.
Quant à Jean Charest, il est président de la Compagnie du Nord, propriétaire de la majorité des mines en exploitation, dont la matière première est exportée à l’état brut en Chine et en Inde.
Le Parti de la Renaissance nationale, dont le chef est Gabriel Nadeau Dubois, et la vice-première ministre et ministre des personnes âgées, Martine Desjardins, font face à une situation financière difficile. En effet, lors de son premier discours du budget, le ministre des finances, Léo Bureau-Blouin, a annoncé que les revenus de l’État avaient diminué considérablement depuis que l’Hydro-Québec, la SAQ et Loto Québec avait été vendus à l’entreprise privée. Les cinq milliards de dividendes qui étaient alors versés à l’État le sont maintenant aux actionnaires. De plus, même si les boissons alcooliques et l’électricité ne cessent d’augmenter, les profits de ces sociétés ne cessent de diminuer. En effet, les administrateurs se payent des salaires et des primes de rendement (même s’il n’y en n’a pas) exorbitants. Et comme ils se paient sous forme d’actions, ils ne paient que 50% de leur revenu en impôt.
Si on veut reprendre la direction des compagnies, il faut donc remettre de l’ordre dans les finances comme l’exigent les grandes entreprises prêteuses. Mais la dette souveraine atteint 80% du PIB et la population âgée de 67 ans et plus a dépassé le nombre de jeunes en âge de travailler. De plus, le seuil d’impôt a atteint 50% du salaire. On ne peut faire plus et les jeunes ne sont pas assez nombreux pour équilibrer le Régime des rentes, dont les revenus ne cessent de diminuer.
Il ne reste donc qu’une seule issue. Les vieux coûtent trop cher à l’État. Il faut qu’ils fassent leur juste part. Le ministre des Finances, Léo Bureau- Blouin, propose donc une augmentation de 75% en cinq ans de la franchise sur les médicaments pour les bénéficiaires du régime d’assurance-médicament. De plus, les vieux en établissement devront payer leurs repas et se satisfaire d’un bain à toutes les deux semaines moyennant un supplément. Il est entendu que maintenant le prix des chambres sera fixé au coût réel. Martine Desjardins, ministre des Aînés, soulève opposition, sous prétexte que les vieux menacent d’entreprendre une grève de la faim, mais on n’y peut rien. Le projet de loi 98 a été adoptée à toute vapeur. Les personnes âgées doivent faire leur part après avoir endetté le gouvernement depuis des années. Ils doivent payer à leur tour pour avoir profité du système.
L’ancien premier ministre, Lucien Bouchard, maintenant en Centre d’hébergement à Héberville, entreprend une grève de la faim. D’autres établissements s’y ajoutent. De toute façon les vieux ne peuvent plus payer. Le taux de mortalité augmente considérablement et les propriétaires de salons funéraires réclament un répit. Ils ne fournissent plus. On réclame donc une loi spéciale afin d’obliger les établissements à nourrir les personnes âgées par gavage. Un autre groupe plus radical appuie plutôt la politique du laisser-faire. Le temps arrangera les choses, pense-t-on.
Lucien Lessard, ex-député du PQ 1970-1982
Note : Il est entendu que les noms utilisés dans cet article sont fictifs et toute personne qui se reconnaîtrait serait dans l’erreur.


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2 commentaires

  • Mario Boulet Répondre

    25 mai 2012

    De tout temps, les érudits et les philosophes ont éclairé la population lorsqu'il venait le temps de faire des choix. Il est impérieux que des gens comme vous fasse réfléchir les gens. Que d'autres aussi, se joignent à vous M. Lessard. Cessons le régime de peur installé dans nos âmes depuis près de 30 ans maintenant.
    Les gens craignent à tort que la réduction de la hausse fera grimper les impôts et/ou les taxes. Jamais cela n'a été dit, mais, subliminalement, on l'insinue. Si un groupe ne veut pas payer, d'autres le feront.
    J'aurais mis comme ministre défait de l'embourgeoisement, M. Richard Martineau.
    Merci encore à vous.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mai 2012

    Monsieur Lucien Lessard,
    Bonjour à vous,
    J'ai pris une certaine avance. J'ai envoyé 325.00$ de ma pension pour aider un étudiant en difficulté permamente. Pour que cesse la perturbation permanente. J'espère que le jeune s'en souviendra lorsqu'il sera plus vieux lui-même.
    J'invite tous les députés à imiter mon geste. Il y a une limite à faire souffrir toute la jeunesse montante.
    Nestor Turcotte