Les souverainistes harcèlent-ils les Québécois ?

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Comment faire taire une grande gueule de droite

Je lis souvent les «droitistes» québécois (je parle de cette «nouvelle droite» ultrafédéraliste et pas de la «droite» en soi) nous dire que l’indépendance ayant été rejetée à deux reprises, en 1980 et en 1995, les souverainistes devraient renoncer à leur projet et ne plus chercher à faire du Québec un pays. En s’entêtant à convaincre l’électorat, ils harcèleraient la population et chercheraient à lui enfoncer dans la gorge un projet politique. Leur projet, les souverainistes devraient l’enterrer et ne plus jamais y revenir.
Mais je me demande : dans la mesure où le projet d’une réduction massive de l’État a aussi été rejeté au fil du temps, et dans la mesure où la «droite» telle que les «droitistes» l’imaginent n’est jamais parvenue à prendre forme politiquement au Québec, que diraient-ils si on leur disait que leur projet n’étant jamais sorti des marges politiques, ils devraient y renoncer et se rallier à la social-démocratie? Je ne crois pas qu’ils répondraient : ah, c’est vrai, rentrons à la maison, nous avons échoué !
Ils nous diraient : bien sûr que non, nous continuerons à militer pour convaincre les Québécois des vertus de notre projet. Et peu à peu, nous parviendrons à les convaincre, d’autant que la réalité nous donne raison. Nous ne sommes pas encore majoritaires, mais nos idées progressent, avec de bons jours et de mauvais jours. Et je devine aussi qu’ils nous diraient : notre projet n’est pas «un projet parmi d’autres», il correspond à une nécessité vitale : l’étatisme social-démocrate mène le Québec à la faillite, il faut en sortir.
Mais alors pourquoi les souverainistes devraient-ils quant à eux démissionner de leur projet. La souveraineté a eu de belles années et de moins belles. On l’a souvent dit morte, mais elle est parvenue à renaître. Elle est connectée à une vieille aspiration qui traverse la culture québécoise. Les souverainistes répondront aussi sincèrement que le Canada empêche le Québec de se développer véritablement, qu’il le condamne à la minorisation nationale et qu’il faut en sortir sans quoi le Québec se videra finalement de son identité?
J’en tire une conclusion : accuser un mouvement politique de trahir la démocratie parce qu’il fait la promotion de ses idées et cherche à les faire gagner sur le long terme, en se relevant lorsqu’il trébuche et en sprintant quand les circonstances le permettent, relève d’une conception quelque peu limitée de la démocratie. Qui décidera des projets politiques autorisés à se présenter devant l’électorat? En dernière instance, ce devrait être le peuple. Et il y a toujours, à ce que j’en sais, un électorat souverainiste vivant et convaincu au Québec.
Et j’ajoute, en guise de réflexion finale, que la démocratie suppose qu’un électeur n’est pas lié à son parti ou à son option de manière absolue : il peut changer d’idée. Un parti hier majoritaire peut devenir minoritaire, et un parti minoritaire peut devenir majoritaire. Ce sont ici des considérations élémentaires, qui relèvent des préceptes élémentaires de la démocratie. Mais il est bon de les rappeler à ceux qui s’imaginent qu’un mouvement politique devrait renoncer à exister ou avancer parce qu’il n’a pas en ce moment une majorité avec lui.


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