Sur «l’union» QS-ON

2f920aab7f691e29044835a7647200ca

L’union fait la farce

[Je viens de lire le «manifeste» qui en appelle à une union ou plus exactement, à un rapprochement entre Option nationale et Québec solidaire.->Je viens de lire le «manifeste» qui en appelle à une union ou plus exactement, à un rapprochement entre Option nationale et Québec solidaire. Lisant cela, je me pose une question et j’aimerais qu’on m’éclaire : pour quelle raison plusieurs membres d’ON se sentent-ils plus proche de QS que du PQ ?
Rappel élémentaire : fondamentalement, QS rend l’indépendance conditionnelle à la réalisation d’un projet de société «de gauche». Sans ce projet de société, l’indépendance n’intéresse pas vraiment QS, comme si ce parti y voyait une souveraineté bourgeoise, vide, insignifiante, ou peut-être même funeste. Alors qu’ON, du moins c’est ce qu’on dit depuis la fondation de ce parti, se distingue justement par un indépendantisme intransigeant – rien ne serait plus important que l’indépendance, et surtout, il ne faudrait pas la soumettre à la logique gauche-droite.
Comment concilier ces deux logiques, si ce n’est que les deux partis semblent alimentés par un désir de «pureté» et une peur du pouvoir ? Les deux viennent ensemble : celui qui veut être pur et qui refuse de confronter ses convictions avec la réalité se tient loin du pouvoir, qui est inévitablement le domaine des compromis, et préfère finalement camper dans l’opposition perpétuelle et systématique où il peut fantasmer sur la société idéale, dont il se veut finalement le gardien.
C’est ainsi que les petits partis sont attirés entre eux, mais jamais n’envisagent de se rallier à un grand parti qui porte quand même l’idéal indépendantiste depuis quarante ans et qui, ces derniers temps, semble renouer avec un nationalisme vigoureux. D’ailleurs, ces deux partis, finalement, ne font-ils pas du PQ leur premier adversaire, dans la mesure où c’est lui qui entrave leur émergence? Étrange pays, le Québec, où les indépendantistes préfèrent souvent se combattre entre eux plutôt que de se rassembler au sein d’une grande formation pour combattre le régime canadien.
Je comprends que QS occupe son créneau politique : dans une société éclatée, il y a de la place pour un petit parti à gauche de la gauche, protestataire, qui incarne le désir d’une société radicalement différente. Je m’explique mal que des indépendantistes pressés espèrent s’y rallier et préfèrent finalement les délices du radicalisme idéologique à la possibilité d’incarner une aile particulièrement militante au sein d’un parti souverainiste gouvernemental susceptible, s’il exerce le pouvoir pleinement, de contribuer à dégager le Québec de la tutelle canadienne.
Je note une chose : les fédéralistes, eux, ne semblent pas avoir peur du pouvoir. Cela n’est probablement pas sans lien avec le fait qu’encore aujourd’hui, le Québec appartienne à la fédération. La bataille pour l’indépendance n’est pas une lutte entre deux idéaux désincarnés : elle met en scène un ordre politique qui n’a jamais hésité à jouer selon les règles de la raison d’État contre un parti politique, le PQ, qui demeure encore aujourd’hui la plus grande menace à l’unité canadienne.
On dirait que certains souverainistes préfèrent imaginer un monde idéal que d’œuvrer à une indépendance qui parce qu’elle serait réelle, risquerait d’être décevante, car n’accouchant pas d’un monde radicalement nouveau. En les voyant agir, on a envie de paraphraser Péguy : ils souhaitent avoir les mains tellement pures qu’ils finiront par ne plus avoir de mains.] Lisant cela, je me pose une question et j’aimerais qu’on m’éclaire : pour quelle raison plusieurs membres d’ON se sentent-ils plus proche de QS que du PQ ?
Rappel élémentaire : fondamentalement, QS rend l’indépendance conditionnelle à la réalisation d’un projet de société «de gauche». Sans ce projet de société, l’indépendance n’intéresse pas vraiment QS, comme si ce parti y voyait une souveraineté bourgeoise, vide, insignifiante, ou peut-être même funeste. Alors qu’ON, du moins c’est ce qu’on dit depuis la fondation de ce parti, se distingue justement par un indépendantisme intransigeant – rien ne serait plus important que l’indépendance, et surtout, il ne faudrait pas la soumettre à la logique gauche-droite.
Comment concilier ces deux logiques, si ce n’est que les deux partis semblent alimentés par un désir de «pureté» et une peur du pouvoir ? Les deux viennent ensemble : celui qui veut être pur et qui refuse de confronter ses convictions avec la réalité se tient loin du pouvoir, qui est inévitablement le domaine des compromis, et préfère finalement camper dans l’opposition perpétuelle et systématique où il peut fantasmer sur la société idéale, dont il se veut finalement le gardien.
C’est ainsi que les petits partis sont attirés entre eux, mais jamais n’envisagent de se rallier à un grand parti qui porte quand même l’idéal indépendantiste depuis quarante ans et qui, ces derniers temps, semble renouer avec un nationalisme vigoureux. D’ailleurs, ces deux partis, finalement, ne font-ils pas du PQ leur premier adversaire, dans la mesure où c’est lui qui entrave leur émergence? Étrange pays, le Québec, où les indépendantistes préfèrent souvent se combattre entre eux plutôt que de se rassembler au sein d’une grande formation pour combattre le régime canadien.
Je comprends que QS occupe son créneau politique : dans une société éclatée, il y a de la place pour un petit parti à gauche de la gauche, protestataire, qui incarne le désir d’une société radicalement différente. Je m’explique mal que des indépendantistes pressés espèrent s’y rallier et préfèrent finalement les délices du radicalisme idéologique à la possibilité d’incarner une aile particulièrement militante au sein d’un parti souverainiste gouvernemental susceptible, s’il exerce le pouvoir pleinement, de contribuer à dégager le Québec de la tutelle canadienne.
Je note une chose : les fédéralistes, eux, ne semblent pas avoir peur du pouvoir. Cela n’est probablement pas sans lien avec le fait qu’encore aujourd’hui, le Québec appartienne à la fédération. La bataille pour l’indépendance n’est pas une lutte entre deux idéaux désincarnés : elle met en scène un ordre politique qui n’a jamais hésité à jouer selon les règles de la raison d’État contre un parti politique, le PQ, qui demeure encore aujourd’hui la plus grande menace à l’unité canadienne.
On dirait que certains souverainistes préfèrent imaginer un monde idéal que d’œuvrer à une indépendance qui parce qu’elle serait réelle, risquerait d’être décevante, car n’accouchant pas d’un monde radicalement nouveau. En les voyant agir, on a envie de paraphraser Péguy : ils souhaitent avoir les mains tellement pures qu’ils finiront par ne plus avoir de mains.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé