Les solutions, c’est «plate»

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C'est au premier ministre d'assumer le leadership dans ce dossier





Quatre ministres du gouvernement québécois ont annoncé jeudi les suites qu’aura le rapport de la commission Charbonneau. Dans le désintérêt général. Au fond, cela faisait quatre mois que le rapport avait été déposé et il faut avouer que peu de gens dans la société faisaient des manifestations pour réclamer des actions.


Pourtant, la création de la Commission fut l’une des nouvelles les plus discutées de la décennie. Les premiers mois des travaux ont soulevé un engouement public impressionnant. Ensuite, l’intérêt a baissé. Trop long.


Déçus du rapport


Puis, comme beaucoup d’experts l’avaient annoncé, le rapport a suscité un intérêt limité. En fait, la discussion a surtout été alimentée par l’absence de blâmes dans le rapport et la dissidence du commissaire Lachance. Les recommandations... c’est «plate». Pourtant, les recommandations obtenaient l’appui des deux commissaires. Encore plus «plate»!


Pourtant, plusieurs d’entre elles ne manquent pas d’intérêt. La création d’une Autorité des marchés publics, l’accroissement de la concurrence dans l’asphalte, la protection des sonneurs d’alerte à tous les paliers. Le gouvernement promet de suivre 80 % des recommandations, dont la principale, la création de l’Autorité.


Il devrait y avoir un vrai débat sur les conclusions. Si le gouvernement affirme qu’il donnera suite à 80 % des recommandations, c’est qu’il n’a, au fond, l’intention de le faire que pour 70 %. L’autre 30 % devrait faire l’objet de questions de l’opposition et de débats.


Le gouvernement a peut-être raison de refuser certaines suggestions de la Commission. Mais en contrepartie, il faudrait nous expliquer ses motivations. La Commission a écouté, constaté, décortiqué et réfléchi sur la base de faits graves. Aucune de ses propositions ne peut être rejetée du revers de la main comme un appel dans une ligne ouverte.


La raison d’être


Dois-je rappeler que formuler des recommandations demeure la première raison d’être d’une commission d’enquête publique? Une commission fait des constats, de la pédagogie, mais le plus important est qu’elle propose à la société et au gouvernement des changements visant à éviter que le mal ne se reproduise.


En somme, la décision du gouvernement élu, d’appliquer ou non les recommandations, devrait constituer l’apogée de tout le processus. Des actions concrètes, enfin, après ces années à étudier les problèmes et gratter les bobos.


Jeudi, les ministres libéraux nous ont présenté un exercice assez peu convaincant. À la dernière journée parlementaire avant la relâche de Pâques, au milieu d’une semaine où leur parti se retrouve sur la défensive, leur sortie manquait de conviction.


Fait plus incroyable, le premier ministre brillait par son absence. Pensez-y: le gouvernement annonce les suites qu’aura la plus grosse enquête publique de l’histoire du Québec et le premier ministre ne s’en mêle pas.


Cette commission nous a coûté 45 millions, elle a coûté des réputations écorchées par la bande, elle a coûté un affaiblissement de nos industries du génie et de la construction. Il me semble qu’une société qui a payé autant devrait se préoccuper davantage des solutions qui en découleront.


Si nous ne souhaitions qu’un défoulement collectif, nous aurions pu trouver moins long et moins cher...




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