INDÉPENDANCE

Les sirènes de la démission

Toujours chercher à qui profite le « crime »

Chronique de Richard Le Hir

Il y a des signes qui ne trompent pas. Devant la réalisation qu’un nouveau créneau vient de s’ouvrir pour faire l’indépendance du Québec, des voix s’élèvent pour nos inviter au renoncement, à la démission. Certaines de ces voix sont très articulées et tiennent un discours que nous connaissons bien pour avoir tous été tentés, à un moment ou un autre, de jeter la serviette.
Il serait imprudent de penser qu’il s’agit encore une fois d’une manifestation de notre vieux fond normand qui nous amène à vaciller perpétuellement devant la décision à coups de « p’t-êt ben qu’oui » et « p’t-êt ben qu’non ». Il faut à tout moment demeurer conscients que notre projet dérange, beaucoup, de très gros intérêts. Et que ces intérêts disposent de gros moyens qu’ils n’hésiteront pas un seul instant à mobiliser contre nous.
Nous venons tout juste de découvrir, quarante ans après le fait, qui tirait les ficelles dans le « coup de la Brink's ». Nous avons découvert, après le référendum de 1995, le rôle déstabilisateur joué en sous-main par certaines officines fédéralistes. Et à côté de ce que nous savons, il y a tout ce que nous ne savons pas.
En ces matières, il est prudent d’appliquer la règle de « l’iceberg » : la portion émergée, donc visible, représente 1/7e de la masse totale. Et de garder à l’esprit que la portion visible l’est souvent devenue après le fait, parfois très longtemps après. Il faut donc comprendre que nous sommes continuellement soumis à des attaques dont le seul but est de briser notre résolution, et l’intensité de ces attaques augmente à chaque « poussée de fièvre » indépendantiste.
Il ne s’agit pas de devenir paranoïaques et de se méfier de tout un chacun. Il s’agit seulement de savoir qu’on dérange et qu’on va vouloir nous mettre des bâtons dans les roues par tous les moyens disponibles, les plus subtils comme les moins subtils. Vigile constitue à cet égard une cible de choix car c’est un carrefour obligé pour tous les indépendantistes.
Nos écrits sont lus, analysés, triturés, pour tenter d’y reconnaître un contenu subversif, évidemment, mais surtout pour trouver les mots et les idées qui pourront être retournés contre nous ou utilisés pour nous diviser. Le simple fait de le savoir devrait tous nous inciter à la plus grande responsabilité dans nos interventions. D’une part pour nous protéger, mais aussi et surtout pour nous permettre de reconnaître au premier coup d’oeil ceux dont le propos détonne et avec lesquels toute amorce de dialogue constitue un piège par lequel nous nous trouvons à donner de la légitimité à des idées qui n’en ont aucune.


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5 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    6 mai 2010

    «L’intégrité territoriale devra primer sur les droits des autochtones...»
    Ça, je suis heureux que Jacques Parizeau et le PQ de l'époque aient eu une position claire sur cette question, car j'avoue que nos amis autochtones, nous ont fréquemment chauffé les oreilles, avec leurs revendications...
    Je pense notamment à Max Gros-Louis, ancien chef de bande de la localité de Wendake, dans l'agglomération de Québec, qui en vertu d'un vieux traité même pas encore authentifié, voulait revendiquer le tiers environ, du territoite de la ville de Québec. Et une importante partie du Parc des Laurentides.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2010

    [« L'intégrité territoriale devra primer sur les droits des autochtones, dit le PQ
    En dépit des revendications territoriales traditionnelles des nations autochtones, l'article 46 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui date de septembre 2007, stipule qu'on ne peut s'appuyer sur ce document pour détruire ou amoindrir l'intégrité territoriale ou l'unité politique d'un État indépendant. »]
    Source ; Jocelyne Richer,La Presse,5 mai 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2010

    Un petit rappel historique.
    [ « À l’automne 1994, Jacques Parizeau avait pris sur lui d’inclure, dans le Projet de loi sur la souveraineté du Québec, non seulement les futurs droits constitutionnels des anglo-québécois dans un Québec souverain prévus au programme du PQ, mais une disposition précisant que la communauté anglophone — dans des modalités à définir — aurait droit de veto sur toute modification à ses droits.
    Il s’agissait donc d’être plus respectueux de la « société distincte » que représente la communauté anglophone du Québec, que le Canada ne l’avait été envers le Québec.

    On le sait, les Québécois n’ont pu opposer leur veto au recul de leurs droits linguistiques et d’éducation dans la constitution de 1982.»]
    Source ; le blog de Jean-François Lisée,l’Actualité,4 mai 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    4 mai 2010

    Monsieur, vos textes sur Vigile, ainsi que ceux des autres contributeurs, sont très instructifs… Mais j’ai l’impression qu’ils ne rejoignent qu’un petit groupe de personnes déjà convaincues et, comme vous le dite, très certainement le camp adverse.
    J’ai bien aimé le texte de Jacques Noël, le 23 avril 2010, « Une émission souverainiste sur LCN », car il faut prendre plus de place médiatique avec vos idées. Je suis toujours horriblement désolé d’entendre «ce sont tous les mêmes» (en parlant des politiciens) comme excuse pour ne pas aller voter et pour ne pas vouloir en entendre parler. S’il n’y a que 45% des québécois qui sont en faveur de l’indépendance, c’est certainement parce qu’il doit y avoir plus de 30% des autres qui ne s’intéressent pas à ces questions assez franchement pour soutenir plus de deux phrases lors d’une discussion en ce sens. Notez que je laisse généreusement 25% des voix aux fédéralistes… car il y en a réellement plus que l’on aimerait l’admettre.
    Je lis depuis relativement peu longtemps les articles de Vigile. J’en ai partagé plusieurs que j’ai aimés sur Facebook… Mais jamais personne n’a commenté ces liens, ni n’a jamais cliqué «J’aime». Il y a pourtant 37 380 membres du groupe «1000000 de Québécois pour sortir le PLQ et Jean Charest du pouvoir!!!» et à peu près le même nombre 29 226 dans le groupe «Je parie qu'il y a 2 millions de personnes qui détestent Jean Charest».
    Je ne sais pas… Invitez les gens à remplacer leurs petits fanions du CH sur leurs voitures par un fanion de l’indépendance… Mais soyez sages et attendez la fin des séries ;). Ce serait bien de verser un petit pécule à un infographiste ou deux afin d’en concevoir un nouveau… Un fort et significatif. Le Lys blanc sur fond bleu a peut-être fait son temps.
    Faites en sorte que ceux qui s’en foutent n’aient pas le choix d’en entendre parler… Tout comme ceux qui se foutent du hockey connaissent malgré eux le «score» de la veille avant même d’avoir fini leur premier café au bureau.
    Je ne sais pas comment… Mais faites-le!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    4 mai 2010

    @ M. Richard Le Hir:
    «Vigile constitue à cet égard une cible de choix car c’est un carrefour obligé pour tous les indépendantistes.»
    Alors, nous pouvons être certains que nos adversaires politiques lisent ce que nous y écrivons.
    Et bien sûr, il faut comprendre que quand l'un d'entre eux vient régulièrement sur Vigile pour y écrire des textes et/ou y commenter ceux des autres, ce n'est point pour «échanger des idées», mais pour en profiter pour distordre les faits, faire de la désinformation, ou encore lancer des appels au défaitisme, affirmer que notre projet n'est pas réalisable... quand ce n'est pas pour purement et simplement pour insulter certains contributeurs à Vigile.
    Ne soyons pas dupes. Le chat finit toujours par sortir du sac. Nous avons pu observer un bel exemple de cela, tout récemment, ici sur Vigile.
    Nous vaincrons.