Pierre Karl Péladeau est une éclipse médiatique à lui seul. Il n’a eu qu’à confirmer son désir d’un éventuel retour en politique pour que la nouvelle monopolise l’attention. Normal. PKP est un personnage hors normes.
Pour les péquistes, l’espoir de voir leur ancien chef reprendre du service a eu l’effet d’une transfusion de sang après une hémorragie. L’affaiblissement du Parti québécois est tel que la CAQ a fini par s’imposer comme le seul adversaire des libéraux.
Le retour de PKP avant le scrutin du 1er octobre est possible, mais il est peu probable. À moins d’un revirement majeur, pourquoi risquerait-il d’être associé à une défaite par un retour au bercail avant les élections ?
Message crucial
Au-delà des inévitables spéculations, la sortie de PKP envoie surtout un message crucial aux souverainistes déçus d’une énième mise en veilleuse de leur option. De un, en se disant « en réserve de la République », il leur signale sa disponibilité et sa volonté de reprendre le combat. Reste à savoir quand et comment.
De deux, sa sortie leur annonce que même dans le pire des scénarios pour le PQ à l’élection, il y aura un lendemain pour tenter de se reconstruire. Que ce soit au PQ ou par la création d’un nouveau mouvement élargi. De trois, quoi qu’il arrive le 1er octobre – les troupes péquistes sont combatives et les campagnes électorales sont des boîtes à surprises –, la mise en disponibilité de PKP leur dit aussi que le temps des mises en veilleuse à répétition de l’option souverainiste sera terminé.
La raison est simple. Impossible d’espérer pouvoir convaincre un jour une majorité de Québécois de la nécessité d’un projet comme l’indépendance si son véhicule n’en fait pas lui-même le centre de sa propre action politique.
Pour le chef péquiste Jean-François Lisée, malgré son calme olympien, le message est plus gênant. Si le PQ n’avait pas été en chute libre depuis des mois, un retour de son ex-chef ne se discuterait pas maintenant.
Rendez-vous manqué
Traduction : au PQ, la seule quête d’un « sauveur », quel qu’il soit, est une chimère si elle n’est pas incarnée par un leader déterminé à ramener le « vrai débat » dans l’arène politique.
En mars 2014, l’ex-premier ministre Jacques Parizeau écrivait d’ailleurs ceci à propos de PKP, de sa candidature surprise à l’élection et de son « poing levé » : « Moi qui avais dirigé le Parti québécois pendant sept ans, je perdais espoir. [...] Arrive le tremblement de terre ! [...] Je suis simplement heureux de voir qu’enfin la souveraineté du Québec est de retour au centre des débats. Il était temps. »
Or, pour le reste de la campagne, la première ministre Pauline Marois a préféré maintenir le flou sur l’option souverainiste. Sous PKP, son successeur, la clarté revenue avait valu au PQ d’augmenter ses appuis.
Ce qui explique pourquoi, aux yeux de plusieurs souverainistes, la démission involontaire de M. Péladeau en mai 2016 dégageait le triste parfum d’un rendez-vous manqué. À quand les retrouvailles ? Bien malin celui qui le sait...