COURSE AU PQ

Les règles «élitistes» font grincer des dents

Seul un «club privé» pourra participer, dénonce l’aspirant-candidat Pierre Céré

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Jusqu'où ira-t-on dans la division ?

Les règles proposées par l’exécutif du Parti québécois pour la course au leadership feront en sorte que seuls des « candidats friqués membres d’un club privé » pourront y participer, dénonce un nouveau prétendant, Pierre Céré. Celui-ci estime que les conditions suggérées sont trop sévères. Et il n’est pas le seul à les critiquer.

« Manifestement, le PQ veut organiser une campagne auprès de l’élite et mettre des barrières importantes aux autres, notamment celle de l’argent », a soutenu M. Céré au Devoir lundi. Militant pour les droits des chômeurs et candidat défait à l’élection de 2014 dans Laurier-Dorion, Pierre Céré soutient qu’il se lancera dans la course si les conditions d’admissibilité sont assouplies. Autrement, ce sera presque impossible, croit-il.

Selon des informations dévoilées par Le Devoir le 9 septembre, les candidats devront débourser 35 000 $ (non remboursables) et récolter 2000 signatures de membres pour être admis dans la course.

Ces règles ne sont toutefois pas officielles : ce sont des recommandations de l’exécutif du parti. Elles devront être entérinées par les présidents des associations péquistes, qui se rencontreront le 4 octobre à Sherbrooke. Les 35 000 $ demandés serviraient de « contribution aux dépenses du parti pour l’organisation et la tenue de l’élection ».

Mais d’après Pierre Céré, les intentions de l’establishment du PQ sont claires : restreindre le bassin de candidats. « Les conditions qu’ils sont en train de poser vont donner du monde qui ont des machines derrière eux pour ramasser du fric et des signatures. On veut une campagne avec eux et on ne veut pas qu’ils soient nombreux. Pour des gens comme moi qui viennent du milieu social, 35 000 $, c’est pratiquement un salaire annuel. On vient nous dire : on ne veut pas de vous. »

Il estime que ces règles « exclusives » nuiront ultimement au PQ. « On y perd au change, on y perd au débat, on y perd à la nécessité de revivifier ce que représente le parti », pense M. Céré. Pour lui, il est « inadmissible que le PQ, qui s’est constitué notamment avec cette idée qu’il faut séparer l’argent de la politique, soit en train de mettre ces conditions d’argent » pour participer à la course à la succession de Pauline Marois.

« En plus, ce sont des règles qui favorisent ceux qui, au fond, nous ont amenés dans le ravin », ajoute-t-il en parlant de l’échec de la dernière campagne électorale.

Pierre Céré se dit appuyé par un groupe d’environ 25 militants. « Je vais y aller si les règles le permettent, affirme-t-il. La question que je me pose actuellement avec mon groupe, c’est de savoir si on peut traverser la montagne sans avoir à rembourser une hypothèque pour le reste de nos vies. On est du monde ordinaire qui ne marchons pas à l’argent et qui savons faire beaucoup avec peu. Une campagne avec 40 000 $, ça nous semble possible. Mais pas s’il faut ajouter 35 000 $ simplement pour s’inscrire. »

Critiques

D’autres sont mal à l’aise avec les recommandations de l’exécutif. La semaine dernière, la députée Martine Ouellet (ouvertement intéressée par la course) s’était dite « assez surprise » des intentions de l’exécutif, rappelant que les frais étaient nettement moins élevés lors des courses de 2005 (1000 $, plus un pourcentage du financement recueilli) et de 2007 (5000 $).

Selon différentes sources consultées lundi, le président du PQ, Raymond Archambault, était « furieux » de voir les détails des recommandations de l’exécutif être dévoilés publiquement. « Plusieurs personnes pensent que ça peut donner l’image d’un parti élitiste, indique un intervenant près du dossier. Sauf que même si le prix de 35 000 $ ne plaît pas, personne ne veut revivre la course de 2005 [neuf candidats s’étaient alors qualifiés]. Il faut trouver un équilibre. »

Pierre Céré a terminé troisième (16 %) dans Laurier-Dorion lors du scrutin du 7 avril, derrière le libéral Gerry Sklavounos (46 %) et le solidaire Andrés Fontecilla (28 %). Il est porte-parole du Conseil national des chômeurs.

Le prochain chef du PQ sera élu au printemps 2015.


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