Accommodements raisonnables

Les Québécois ne sont pas différents des autres Canadiens

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor

Près du tiers des Québécois considèrent qu'il est très important de s'accommoder raisonnablement avec les communautés ethnoculturelles, à l'instar des autres Canadiens. Avec ce sondage rendu public hier, l'Association d'études canadiennes (AEC) veut clarifier certaines contradictions dans le débat récent, qui semblait élever les Québécois contre les accommodements raisonnables. Le directeur de l'AEC en a profité pour jeter un pavé dans la mare de la Commission Taylor-Bouchard.
À quelques points de pourcentage près, les Québécois (28 %) et les autres Canadiens (33 %) reconnaissent la grande importance de la question des accommodements raisonnables, selon ce sondage mené en avril auprès de 1500 citoyens, qui comporte une marge d'erreur de ±2,6 %, 19 fois sur 20. «Cela est beaucoup plus nuancé que cette observation récente qu'il y a un sentiment anti-accommodement dans la société québécoise», estime Jack Jedwab, directeur général de l'AEC, qui évoque entre autres le sondage Léger-Marketing sur le racisme et la tolérance des Québécois qui a été effectué au début de l'année.
L'étude montre aussi que ceux qui se préoccupent des questions d'accommodements raisonnables sont les mêmes qui ont à coeur le respect des droits individuels, l'égalité entre les sexes et la séparation de l'Église et de l'État. Accepter de s'accommoder raisonnablement avec les communautés culturelles ne menace donc pas l'égalité entre hommes et femmes, contrairement à ce qui ressortait des débats récents, insiste M. Jedwab.
Le directeur de l'AEC a profité du dévoilement de l'étude pour critiquer certaines pistes de recherche de la Commission de consultation sur les pratiques reliées aux différences culturelles (CCPRDC), dirigée par MM. Charles Taylor et Gérard Bouchard.
Malgré la crédibilité des deux coprésidents, l'énoncé de certains thèmes à explorer par la CCPRDC au cours de l'année lui fait craindre un débat centré sur «le nationalisme ethnique», dit-il.
Selon un document de travail qui circule parmi les chercheurs liés à la Commission, que le directeur a transmis au Devoir, MM. Taylor et Bouchard réaliseront un «sondage sur l'existence de valeurs communes parmi les néo-Québécois, les membres des communautés culturelles et les francophones d'ascendance», puis ils feront le point sur l'intégration «entre les francophones d'ascendance, d'une part, et les néo-Québécois ainsi que les membres des communautés culturelles, d'autre part».
Bien que la liste soit «hypothétique et provisoire», selon le document, et que la suite des énoncés renvoie à la «population québécoise», M. Jedwab s'inquiète de voir le débat restreint à des enjeux nationalistes et glisser vers l'approche française des rapports interculturels.
«Si on veut explorer les valeurs communes de la société, toute la société doit être incluse, ça devrait être un débat entre Québécois et Québécoises indépendamment de leurs origines, croit-il. On mélange valeurs et ethnicité, on prétend qu'il y a un système de valeurs communes chez les francophones de souche et on veut les comparer avec les valeurs des autres communautés culturelles; je trouve que ça renforce les stéréotypes.»


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