Les plus nantis bénéficieront de la baisse d'impôts

Budget MJF - baisses d'impôts



Sylvain Larocque - Pour la première fois depuis qu'ils sont au pouvoir, les libéraux de Jean Charest baissent significativement les impôts des Québécois — et ce sont les riches qui en profitent le plus en dollars absolus.



Du côté des entreprises, le gouvernement annonce son intention d'abolir la taxe sur le capital d'ici 2011. D'ici là, elle sera graduellement réduite, et éliminée immédiatement pour les sociétés manufacturières qui investissent.
Dans son premier budget, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, concrétise donc l'engagement électoral de réduire de 700 millions $ par année les impôts des particuliers, qui s'ajoute à la baisse de 250 millions $ annoncée dans l'énoncé avorté de février dernier.
«Lorsque nous avons formé le gouvernement en 2003, les Québécois étaient les plus taxés en Amérique du Nord», a déclaré la ministre jeudi dans le discours sur le budget. «Or, avec l'adoption de ce budget, il n'y aura que quatre provinces au Canada où les impôts seront plus bas qu'au Québec.»
La baisse combinée de 950 millions $, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2008, se traduira par une hausse de 25 pour cent des seuils de revenu de la table d'imposition et une hausse de 275 $ du montant de base, qui s'établira maintenant à 10 215 $.
Ainsi, le taux d'imposition de 16 pour cent s'appliquera désormais aux contribuables gagnant jusqu'à 37 500 $, alors qu'il ne vise actuellement que ceux ayant un revenu annuel maximal de 29 875 $. Le taux de 20 pour cent s'appliquera maintenant aux contribuables gagnant jusqu'à 75 000 $ (59 765 $ actuellement), tandis que le taux de 24 pour cent visera ceux dont le revenu de travail dépasse ce seuil.
Concrètement, un couple avec deux enfants et deux revenus totalisant entre 30 000 $ et 60 000 $ économisera 110 $ en impôts en 2008. Pour des revenus totalisant 75 000 $, la baisse sera de 640 $, tandis qu'elle sera de 1939 $ pour des revenus totaux de 175 000 $ ou plus.
Pour une famille monoparentale ayant un enfant et un revenu de travail de 15 000 $, l'économie d'impôts sera de tout juste 27 $ en 2008. Pour un revenu variant entre 40 000 $ et 60 000 $, la réduction sera de 360 $, alors qu'elle s'élèvera à plus de 900 $ pour un revenu supérieur à 75 000 $.
Pour une personne vivant seule, l'économie sera de 220 $ en 2008 pour un revenu de travail de 35 000 $, de 360 $ pour un revenu variant entre 40 000 $ et 60 000 $ et de plus de 900 $ pour un revenu supérieur à 75 000 $.
En dépit de ces chiffres, Mme Jérôme-Forget a assuré que son budget ne favorisait pas indûment les riches. «Il est temps d'aider tous les Québécois, tous ceux qui travaillent», a-t-elle affirmé en conférence de presse. Objectif: encourager les jeunes à rester au Québec et les immigrants qualifiés à s'y installer. Les fonctionnaires ont refusé de dévoiler la proportion des 950 millions $ qui irait aux contribuables bien nantis.
Promesse toujours non tenue
La ministre a aussi tenu à justifier le fait que la majeure partie de ces baisses d'impôts — 700 millions $ — est financée par l'augmentation des transferts fédéraux annoncée en mars.
«Huit autres provinces ont réduit leurs impôts (cette année), a-t-elle noté. Toutes ces provinces ont bénéficié de transferts fédéraux plus élevés.»
Même si le Québec se situera en 2008 au cinquième rang des provinces ayant le fardeau fiscal le moins élevé au pays, les écarts demeurent importants avec les provinces les plus importantes.
Ainsi, en 2008, le Québécois moyen paiera 739 $ de plus en impôt que son voisin ontarien, 868 $ de plus qu'un Albertain et 898 $ de plus qu'un Britanno-Colombien. Le fardeau fiscal des Québécois sera de 177 $ plus élevé que la moyenne canadienne, ce qui constituera néanmoins une nette amélioration par rapport à l'écart de 2156 $ enregistré en 2003.
Il faut dire que même avec les réductions d'impôts annoncées jeudi, le gouvernement Charest n'a toujours pas respecté la promesse faite en 2003 de baisser le fardeau fiscal des Québécois de 5 milliards $ en cinq ans. En 2008, on aura atteint environ 75 pour cent de l'objectif, a soutenu Mme Jérôme-Forget.
«Ca fait des années qu'on nous reproche» de ne pas réduire les impôts, a d'ailleurs admis la ministre.
D'autre part, le budget de Monique Jérôme-Forget confirme les mesures annoncées par son prédécesseur Michel Audet lors de son énoncé de février, notamment l'amélioration de la fiscalité relative aux études, la bonification du crédit d'impôt pour revenus de retraite et l'instauration d'un crédit d'impôt relié aux aidants naturels.
Québec imitera par ailleurs plusieurs mesures annoncées par Ottawa en mars, au coût de 84 millions $ par année. Cela concerne notamment les petites entreprises, les biens agricoles ou de pêche, la limite d'âge pour l'échéance des REER, les frais de repas des camionneurs et les dons de titres cotés en Bourse à des fondations privées.


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