Sommet des Amériques

Les petits pas

Intégration économique continentale<br>5e Sommet des Amériques - 2009 - à Port d'Espagne à Trinité-et-Tobago

Au Sommet des Amériques, l'absent était le sujet principal, l'objet de toutes les attentions. Il s'agit évidemment de Cuba. Plus exactement de cet embargo dont tous les chefs d'État sud-américains demandent la levée. Sans donner des gages à cet égard, le président Barack Obama a tout de même entrouvert la porte.
Avant même la tenue de ce sommet, le président vénézuélien Hugo Chavez avait dévoilé ses couleurs: pas question de signer le communiqué final. Cette position, c'est à souligner, avait été applaudie par certains de ses homologues, parmi lesquels le président bolivien Evo Morales. Chavez comme Morales justifiaient leur position en clamant que la menace soviétique ayant fondu comme neige au soleil, l'étau économique imposé par les États-Unis n'a plus de raison d'être. Leur argument est évidemment imparable. Il y a belle lurette en effet que l'Union soviétique a implosé.
Une semaine après avoir déchiré les interdits sur les voyages des Cubains-Américains à Cuba et sur les sommes allouées par ces derniers aux membres de leurs familles vivant toujours sur l'île, Obama a pavé la voie, très timidement il est vrai, à une possible normalisation entre les deux pays. Contrairement à la majorité de ses prédécesseurs, Bush au premier chef, l'actuel locataire de la Maison-Blanche n'a jamais envisagé l'ajout d'une punition à des punitions.
Toujours est-il que ce dernier s'est dit prêt à «engager le dialogue avec le gouvernement cubain sur un large éventail de questions». Même s'il n'était pas dans les parages, Raúl Castro s'est dit enclin à amorcer des pourparlers sur une foule de sujets. Le hic, c'est que son frère Fidel n'est pas tout à fait de cet avis. Pour lui, tant et aussi longtemps que l'embargo n'aura pas été rayé de la carte politique, il n'est pas question de discuter avec le diable impérialiste.
Plus en selle qu'on ne le croit, plus influent qu'on ne l'imagine, le lider maximo a très bien compris que la fin de l'embargo et l'ouverture politique qui s'ensuivrait obligatoirement se traduirait, pour les dirigeants cubains s'entend, par une remise en cause radicale de l'idéologie communiste qui les distingue. Il n'est d'ailleurs pas inutile de mentionner que contrairement à leurs parents, la génération des Cubains-Américains nés aux États-Unis milite pour la fin de l'embargo. Leur conviction? Le socle idéologique cher à Castro ne survivrait pas à un tel geste. En résumé, les relations entre Cuba et les États-Unis se conjuguent désormais avec normalisation lente, très lente.
Cuba mis à part, Obama s'est attaqué à un dossier aux conséquences énormes pour les États-Unis et son voisin immédiat côté sud, soit le Mexique. On pense évidemment au trafic de drogue, à la vente par des entreprises américaines d'armes d'assaut aux cartels et autres. On pense surtout à la fragilisation de l'État de droit que suppose la montée en puissance des barons de la cocaïne. Le président mexicain Felipe Calderon a obtenu un surcroît d'aides, notamment financières, mais pas satisfaction, du moins pour l'instant, sur un aspect épineux du dossier: 90 % des armes d'assaut étant achetées aux États-Unis, Calderon souhaitait le rétablissement de l'interdiction de la vente de ces engins que Bush avait levée en 2004.
Cela étant, entre l'ouverture manifestée à l'endroit de Cuba et les efforts consentis en matière de coopération policière avec le Mexique, le président Obama est parvenu à gommer certains de ces irritants qui avaient pourri les relations entre Washington et l'hémisphère Sud au cours des huit dernières années. À preuve, un sondage réalisé en Amérique du Sud révèle qu'Obama y est désormais l'homme politique le plus populaire. Il a devancé, en effet, Hugo Chavez.


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