Les partis souverainistes se multiplient

Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne



Le Parti indépendantiste, dirigé par Éric Tremblay (au centre), a été fondé le 3 février 2008. La formation revendique environ 1000 membres, dont une trentaine dans Taschereau. Photothèque Le Soleil

Jean-François Cliche - (Québec) Le Parti québécois n'a jamais eu autant de compagnie. Depuis quelques années, le mouvement souverainiste accouche de nouveaux partis politiques à un rythme d'enfer. Ce qui n'est pas nécessairement un bon signe pour la cause.
À part le PQ et Québec solidaire, le Directeur général des élections reconnaît également le Parti indépendantiste et le Parti république du Québec, ce qui fait déjà quatre formations souverainistes. Mais trois autres ont déjà réservé un nom auprès du DGE - l'Union démocratique pour l'indépendance du Québec, le Parti national du Québec et le Parti Jeanne du lys.
Ces partis n'ont peut-être pas tous le même sérieux, mais leur multiplication récente n'en trahit pas moins un malaise, selon Patrick Bourgeois, éditeur du journal souverainiste Le Québécois. «Dans le mouvement indépendantiste, il y a une guerre civile qui est de moins en moins larvée, dit-il. Ceux qui adhèrent aux petits partis se reconnaissent de moins en moins dans le PQ, parce qu'il est de moins en moins dynamique dans le dossier de la souveraineté.»
L'attente des «conditions gagnantes» après la courte défaite de 1995 et, surtout, la décision prise en mars dernier de larguer l'obligation de tenir un référendum au cours d'un premier mandat ont manifestement déplu aux éléments les plus «enthousiastes» du PQ. Le fait que la direction péquiste ait raffermi sa poigne sur le parti, récemment, aurait également découragé plusieurs militants de faire pression «de l'intérieur», selon M. Bourgeois.
«C'est une question de stratégie, disait d'ailleurs récemment au Soleil Mélanie Thériault, 37 ans, pour expliquer sa décision de briguer les suffrages dans Taschereau pour le Parti indépendantiste (PI). On a l'impression que ça piétine. Ça fait 18 ans que le Bloc existe, mais nos compétences sont encore envahies par le fédéral. (...) La plupart des partis (provinciaux) se disent nationalistes, mais il n'y a rien qui se fait pour la souveraineté.»
La formation de Mme Thériault, dirigée par un certain Éric Tremblay, a été fondée le 3 février 2008 et revendique environ 1000 membres, dont une trentaine dans Taschereau. Dans les milieux souverainistes, on chuchote qu'elle serait la principale (à part Québec solidaire) parmi les nouveaux regroupements.
Diviser le vote?
Il serait bien sûr surprenant que le PI ou les autres formations divisent suffisamment le vote nationaliste pour coûter des sièges au PQ le 8 décembre. Selon le politologue de l'Université Laval Réjean Pelletier, leur multiplication n'est pas un phénomène très nouveau. S'il peut apparaître comme un fractionnement du mouvement, dit M. Pelletier, «je pense que le PQ va souffrir d'abstentions le jour du scrutin plutôt que de la concurrence des autres candidats souverainistes».
Mais il reste que, mis ensemble, ces micropartis risquent de priver Pauline Marois de certains de ses bénévoles les plus motivés.
Au bureau de la députée péquiste Agnès Maltais, contre qui Mme Thériault se présente, le seul commentaire qu'il a été possible de recueillir à ce sujet est qu'«on invite tous les souverainistes à voter pour le Parti québécois».
Tout ce beau monde se défend bien de diviser le vote ou de nuire à «la cause» de quelque façon que ce soit. Au PI, on argue qu'il n'y a pas de vote sur l'indépendance qui puisse être divisé, puisque le PQ n'en parle pas. Au Parti Jeanne du lys, la chef Sylvie Tremblay fait valoir que «s'il y a des partis indépendantistes naissants, c'est parce qu'il y a un manque à ce niveau en ce moment».
N'empêche, plusieurs observateurs - qui ne veulent pas tous être nommés - croient le contraire.
«Parmi les militants motivés qui quittent le PQ, dit M. Bourgeois, il y en a beaucoup qui se retrouvent au PI, mais le PI, si on écoute leur discours, c'est seulement du PQ bashing. (...) Ils ne se rendent pas compte que leur lecture de la situation sur le PQ n'est pas partagée par beaucoup de monde dans la population. Pour le commun des mortels au Québec, c'est le PQ qui est le véhicule de la souveraineté. Et si le PQ plante, c'est la souveraineté, aux yeux de ces mêmes gens-là, qui plante.»


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