La réalité rattrape Couillard

Les ministres trébuchent et reculent

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Alors ? C'est ça, les vraies affaires ?

Quelques semaines après avoir affirmé que son gouvernement ne reculerait pas en livrant son discours inaugural, le chef libéral Philippe Couillard a déjà inscrit quatre reculs précipités ou engagements rompus au carnet de route de ses troupes. Plusieurs autres sont à prévoir à mesure que ses ministres avancent sur le chemin de la gouvernance réaliste.

Le premier à renier une promesse électorale a été le premier ministre lui même, quelques jours après la formation de son cabinet, lorsqu'il s'est plié à la demande des avocats du ministère de la Justice. Ceux-ci ont fait savoir assez rapidement qu'il était tout à fait impensable de publier les avis juridiques qu'ils rédigeaient pour le gouvernement, le sien ou le précédent. Sans tambour ni trompette, M. Couillard leur a donné raison au grand plaisir du PQ. Et de un!

La deuxième promesse rompue avait à peine été dévoilée par la ministre de la Famille Francine Charbonneau qu'elle a fait l'objet d'une révision express dix jours plus tard. En nouvelle recrue modèle, Mme Charbonneau a décidé, début mai, de «geler» l'ouverture des milliers de nouvelles places en garderies déjà prêtes à recevoir des enfants. Erreur, dix jours plus tard elle effectuait un double saut arrière impressionnant. Ses collègues lui ont sans doute fait comprendre que les garderies, les familles et les portefeuilles des électrices on ne touche pas à ça! Oubliez ça l'étude des dossiers, ouvrez les portes, a-t-elle dit. Et de deux!

La semaine dernière c'était au tour du ministre Pierre Moreau de plonger dans les eaux troubles de Lac Mégantic. Sous prétexte de ne pas être «inéquitable» envers quelques 500 autres municipalités du Québec traversées par un chemin de fer, il a indiqué que Lac Mégantic n'obtiendrait pas l'aide de Québec pour construire une voie de contournement. Mal luis en pris, les maires de tout le Québec réunis en congrès à Gatineau se sont déclarés solidaires de leur collègue de Lac Mégantic Colette Roy-Laroche. En fin de semaine, M. Moreau a tenté de remettre le dentifrice dans le tube en effectuant des pirouettes à son tour. C'est ni oui, ni non, il va étudier la question avec un comité, a-t-il expliqué lundi. Et de trois!

Incapable de se retenir, Philippe Couillard est revenu à la charge dans le dossier des garderies en lançant dans le ciel un ballon à la recherche d'une politique claire. Il a déclaré hier qu'une modulation du tarif des services de garde, selon le revenu des familles, serait bien reçue par les Québécois si son gouvernement prenait cette voie.

«Personne ne s'objecterait du fait que quelqu'un qui a mon revenu, ou plus élevé, ait à payer des tarifs comme $10. par jour pour un enfant à la garderie», a-t-il dit devant les médias. Craignant de s'avancer trop loin, il a ajouté qu'aucune décision n'avait encore été prise à ce sujet. Celle-ci sera à l'ordre du jour de la commission sur le fiscalité prévue à l'automne, a-t-il souligné. Et de quatre!

Les adversaires du gouvernement libéral ont promptement fait entendre leurs voix hier pour rappeler au chef libéral ce qu'il avait promis en campagne électorale, soit de se contenter de hausser les tarifs au rythme de l'inflation.
Ils lui ont également demandé si son gouvernement allait adopter des tarifs à deux vitesses dans les autres services publics. Ils entend faire payer plus cher aux contribuables qui payent déjà les impôts les plus élevés disent-ils.

Au chapitre des dossiers à suivre quant aux retours à la réalité post-électorale, attendons de voir ce que nous réserve le ministre de la Santé Gaétan Barrette dans ses négociations avec ses camarades médecins; le ministre des Transports Robert Poëti dans le dossier du pont Champlain, avec ou sans participation fédérale, ou encore, les ministres du secteur de l'économie dans le délicat dossier de la cimenterie de leur ami Laurent Beaudoin en Gaspésie.

Et prenez note que personne à Québec n'a encore demandé au Centre hospitalier de l'Université McGill de remettre les fonds publics reçus injustement pour construire en PPP un «stationnement sous-terrain à l'air libre» aux frais des contribuables. Tout le monde attend encore les explications du conseiller de M. Couillard, le très habile homme de chiffres et avocat d'affaires Pierre Lortie à ce sujet.

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2014

    la commission charbonneau va aller sur les l tablettes ca c est sur !!!! ensuite les ecoles qui ne sont pas reglementaires le ministre a bien dit qu ils les fermeraient !! he bien!!! lui comme les autres recule !!!plus ca change plus c est pareil la lachetee des quebecois est encore une fois mise en valeur , on pourrait enumerer des centaines de cas ou l on voit que le gouvernement recule pour se mettre a genoux devant des gens qui imposent leurs volontees

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2014

    Si je joins cet article et les commentaires avec celui de Kathleen Lévesque( ci-après ), je trouve qu'il y a des similitudes.
    En effet, suite à la lecture de "Conseiller du PM et architecte du plan d'affaires du CUSM", je me demande ce qu'on peut faire pour contester l'arrêt du dossier du CUSM à la Commission Charbonneau.
    Qu'on s'arrête lorsque rendu à Pierre Lortie, un acteur-clé est vraiment anormal.
    Qu'attendent les Québécois pour se rebeller et manifester contre ces libéraux corrompus qu'on risque d'avoir au pouvoir à vie?
    Je souhaite que Vigile ramène constamment l'article de Gilles Paquin et celui de Kathleen Lévesque espérant qu'ils réveillent les endormis.
    Estelle Tremblay

  • Fernand Lachaine Répondre

    29 mai 2014

    Un peu pas mal comme la commission Bastarache, la commission Charbonneau va tomber dans l'oubli. Ces deux commissions ont été créées par le PLQ pour faire diversion à des problèmes de corruption beaucoup plus sérieux. Par exemple la montagne d'argent promue à JJCharest pour qu'il "vienne mettre les séparatisss à leur place" ne sera jamais vraiment enquêtée. Les 40 milliards "perdus" par la Caisse durant le règne de Charest ne seront pas retrouvés non plus.
    De plus, à date, la commission Charbonneau s'est beaucoup plus acharnée sur le monde des travailleurs que sur le petit monde des élites. D'ailleurs il est à se demander si c'était beaucoup plus nocif d'aller sur le Touch d'Accurso ou de se balader sur le Domaine Sagard?
    Une chose est sûre, concernant Sagard, l'élection du 7 avril dernier aura permis de constater toute l'emprise que cette famille a sur les médias incluant RadioCan. L'arrivée de S. Lafrance (ancien employé de R-C) chez Gescar le confirme.
    Donc, il n'est pas surprenant de constater que les ministres monarchistes auront la voie libre pour affaiblir davantage notre pays.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    28 mai 2014

    Toujours le même maillon faible de notre stratégie: les médias canadian dominent les kiosques d'info!

  • Archives de Vigile Répondre

    28 mai 2014

    Chaque fois qu'un membre important du parti libéral est mis en cause par la Commission Charbonneau on constate qu'il y a des choses dont le public ne peut être mis au courant ! D'ailleurs Monsieur Charest l'avait bien spécifié en créant cette commission. Tout ce qui sera entendu à cette commission ne pourra servir d'argument ni au civil ni au criminel! Alors quelle est l'utilité de cette commission ? Son mandat achève de toute façon et le parti libéral majoritaire a bien hâte d'y mettre fin . Ce rapport aura sans doute le même sort que le rapport Ménard tout en ayant coûté des dizaines de millions aux contribuables québécois

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    27 mai 2014

    Ce qui se révèle dans le scandale du CUSM, c'est que Pierre Lortie a joué un rôle clé pour permettre à SNC de l'emporter avec la tricherie du stationnement. Et à Porter de toucher ses millions.
    Et c'est exactement au moment où le spot arrive sur Pierre Lortie, conseiller spéciale de Philippe Couillard, que la Commission Charbonneau ferme le dossier du CUSM plutôt que de remonter la piste politique qui s'ouvre devant elle.
    Comment expliquer ce comportement sinon que se rappeler que tous les membres de cette commission sont des nominations de Charest, des post it.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mai 2014

    Mais où sont ceux qui hurlaient après le PQ et Mme Marois sur le reculons!? Où est Jean Lapierre pour hurler comme un malade et déchirer ses chemises sur les reculs du PQ en 2012 alors que le PLQ ne cesse de reculer malgré leur majorité. Plein de réponses à cela je pense que Jean Lapierre devrait démissionner pour désinformation et tentative de corruption intellectuelle.