Les menées souverainistes après l'ADQ

Chronique d'André Savard

Avec la proposition d'Allaire de co-signer l'annexion de 1982, l'ADQ ne pouvait plus prétendre faire figure de troisième pôle. Jean Allaire n'est pas passé de l'autonomisme au fédéralisme interprovincial du jour au lendemain. Forcément, cette conversion a couvé longuement, se ramifiant et prenant à témoin la haute garde de l'ADQ.
J'ai déjà écrit que l'ADQ a fait un virage clientéliste après le référendum de 1995 et souligné qu'Allaire ne parlait plus de son rapport. Néanmoins le parti a réussi à alimenter la ferveur autour de quelques sujets bien ciblés. Ce parti a tenté de se trouver une niche exactement comme une entreprise soucieuse de durer. Voter pour nous car nous sommes les spécialistes de la classe moyenne.
Pendant ce temps, les souverainistes rêvaient encore de refaire la coalition de 1995. Avec le papier signé par Allaire, les espoirs de souder des alliances entre les adéquistes et les souverainistes se révélaient de plus en plus improbables.
Dans un parti normal, on se serait attendu, après la conversion du fondateur, à un travail de deuil et à une explication du parti avec soi-même. Mais non, les partisans disaient être déjà passés à un autre type d'engagement de type supérieur, au-delà du dilemme constitutionnel. On ne savait plus s'ils trahissaient la cause autonomiste ou s'ils se situaient déjà au bout d'une désillusion.
Il y eut, parmi les autres, des souverainistes sincères au sein de l'ADQ au cours des années. Que faisaient-ils là? Ils espéraient que l'autonomisme permette de dépasser le conflit figé entre fédéralistes et souverainistes. Pour eux, si le Québec commençait à définir son propre statut, décidait de prélever la totalité des impôts pour en envoyer sa part au Fédéral, on armerait le Québec d'instruments nouveaux visant la prise de décision.
Ces souverainistes adéquistes se disaient que le dicton "ou vous êtes dans le Canada ou vous ne l'êtes pas, ou vous vous soumettez ou vous sortez" avait un effet pervers. Ils renforçaient les gens dans l'idée que le seuil du possible ne pouvait être dépassé et qu'une loi secrète empêchait de redéfinir pour soi, comme peuple, les situations.
Et en effet, ils auraient pu imaginer une gamme complètes de postures imaginables pour le Québec. À l'ADQ comme ailleurs on employait des expressions à la mode tel que, par exemple, "modèle structurant".
Seulement, quand il s'agissait de deviner comment le Québec pourrait passer d'un stade inférieur à un stade supérieur, les adéquistes, dans l'ensemble, se sont mis à croire à un agenda: d'abord la filière de droite, on abolit les commissions scolaires, on diminue l'aide sociale et les prestations aux garderies.
Les partisans de droite sont devenus plus bruyants que les autres à l'ADQ. Une droite d'ailleurs constitutive de l'air du temps, faite de positionnement contre le gouvernement, contre les tentacules de l'Etat, comme des classes de citoyens vulnérables. Il n'y avait plus que Marie Grégoire pour répéter au "Club des EX" que les convictions idéalistes demeuraient la terre nourricière de l'ADQ.
André Savard


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