Les larmes de Justin Trudeau

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Le libéralisme lacrymal de Pee Wee Trudeau

Cette semaine, Justin Trudeau a été à l’avant-scène de l’actua­lité. Cette fois, il a demandé pardon aux Juifs au nom du Canada.


À bord du paquebot allemand le MS St-Louis, plus de 900 réfugiés juifs avaient quitté Hambourg en 1939, fuyant le régime nazi et la guerre qui menaçait l’Europe. Le bateau fut refusé au Canada.


Loin de nous l’idée que ce pardon ne s’imposait pas. Mais Justin Trudeau semble attiré par ces gestes politiques plutôt symboliques, qui lui tiennent lieu de gouvernance.


Depuis qu’il est au pouvoir, le premier ministre a demandé pardon à plusieurs reprises aux autochtones, entre autres à ceux qu’on a arrachés à leurs parents pour les envoyer dans des pensionnats où ils ont été abusés sexuellement. En mars de cette année, il a inno­centé six chefs autochtones pendus il y a 150 ans par le gouvernement colonial de la Colombie-Britannique. Tout cela est honorable, mais ne fait pas de Justin Trudeau un chef de gouvernement.


Démocratie émotionnelle


En effet, Justin Trudeau donne à penser qu’il est davantage un PR (public-relations) qu’un PM. Il privilégie la démocratie émotionnelle, qui a atteint un sommet lors de son voyage délirant en Inde avec sa famille. Voyage où la diplomatie canadienne fut balayée sous le tapis au profit d’une expérience sensorielle et spirituelle.


L’attirance du premier ministre envers les autochtones à qui il demande pardon régulièrement depuis son arrivée au pouvoir est-elle porteuse d’actions concrètes ? On peut en douter puisque le terrible dossier des femmes autochtones disparues ou assassinées depuis des années n’a pas fait de progrès.


Multiplier les mots et les gestes de compassion n’est pas gouverner. C’est installer un écran pour masquer la vacuité qui se dégage du premier ministre, qui excelle dans les apparences plutôt que dans la substance.


Déficit alarmant


Nous verrons dans un an si le Canada préfère un premier ministre cool plutôt qu’un politicien qui pratique la rigueur.


Ce premier ministre fier d’être le premier dirigeant d’un pays du G7 à avoir légalisé la consommation du cannabis ne semble pas alarmé par l’augmen­tation du déficit annuel deux fois plus élevé que celui annoncé en campagne électorale.


C’est un premier ministre soucieux d’aider l’économie ontarienne, mais dont on attend maintenant les réactions face à la mise à pied des 2500 employés de Bombardier.


Un premier ministre qui a décidé de racheter le pipeline de l’Alberta quatre milliards de dollars pour soutenir la province, sans garantie de pouvoir retirer ses billes du jeu. Justin Trudeau fait-il le poids face à Trump, aux dirigeants européens, à l’Arabie saoudite, l’un des régimes les plus implacables ?


Quelles sont ses politiques hormis les percées des minorités culturelles, qu’il encourage à rester elles-mêmes ? Où s’en va le Canada postnational, cette construction trudeauesque dont il est si fier, mais incapable d’en cerner les contours politiques ?


Et à quand le pardon aux Québécois traumatisés par la Loi sur les mesures de guerre décrétée par son père en 1970 ?


Les paroles et les larmes de Justin Trudeau ne s’appli­quent pas à toutes les causes, à l’évidence.