Débat des chefs

Les grands absents

Est-ce vrai qu'ils ont toujours tort?

Tribune libre

Quelques sujets absents ou mal nommés lors du débat. Bien sûr la liste est infinie. Et vous comprendrez qu'on pourrait écrire vingt pages pour chacun des sujets que je ne fais que nommer ici.

LA SOUVERAINETÉ: Pas seulement présentée comme un épouvantail à moineaux comme ce fut le cas hier. Mais présentée comme un véritable projet de société important, incontournable et fondamental pour l'avancement réel du Québec d'aujourd'hui. Rien, ou presque. Rien à part un petit « c'est beau la souveraineté », ou un « oui nous sommes un parti souverainiste...»... Mais encore ?

LA CULTURE: Pas eu un mot sur l'art, la culture, sa diffusion. NIET... Pas seulement l'industrie culturelle (dont on a même pas parlé) mais la création, l'art et de sa place dans la société. Son importance dans la vie des gens. Et que dire de l'importance du soutien de l'état pour que survivent la création et la chose culturelle. Sur l'importance des artistes dans le paysage national au Québec.

LA LANGUE: Pas un mot sur la défense de la langue française. Sur le recul évident et troublant de la langue française à Montréal. Sur la montée fulgurante de l'anglais. Il aurait été souhaitable de parler du besoin de redéfinir et moderniser les lois qui défendent la langue bien sûr, mais aussi d'imaginer un projet important de promotion de la langue française. Pas juste une annonce à la télé le vendredi après-midi pour dire que « c'est ben beau le français ». Et pas un mot non plus sur l'importance pour le Québec de se démarquer au niveau international à travers la francophonie. Des projets ? Des désirs face au monde ? Prendre une part plus active à l'international ?

L'ÉDUCATION. Pour continuer sur la culture et la langue, il n'y a pas eu un mot non plus, ou si peu, sur le renforcement nécessaire de l'enseignement de la langue française, tant à l'école, au CEGEP, qu'à l'université, mais aussi auprès des immigrants, des nouveaux arrivants. Et que dire de l'importance de renforcer l'inclusion de la culture, de l'art, de sa pratique et son étude, au coeur de nos institutions d'enseignement, et ce, de la petite école à l'université.
Et que dire aussi de l'importance de repenser notre vision concernant l'accès à l'éducation. L'importance de réfléchir collectivement sur la vision tant défendue lors de la Révolution tranquille et qui proposait à moyen terme une éducation nationale gratuite. Rien. Bof !

LES SCANDALES DE CORRUPTION: Pas un mot sur l'UPAC et ses descentes au parti libéral, sur le fait que plusieurs membres actuels du parti libéral et qui se représentent devant le peuple ont été rencontrés par des enquêteurs. Pas un mot sur le fameux monsieur Porter, grand ami et éventuel partenaire d'affaires de Couillard. Rien n'est trop clair ici. On aurait aimé ça en savoir plus.

Pas un mot sur les mégas projets d'hôpitaux au Québec qui sont sous la loupe des enquêteurs et dans lesquels la mafia est peut-être bien présente. Pas un mot sur la FTQ non plus. Pas un mot sur le fait qu'au Québec nous payons probablement au moins 30% trop cher, tous les travaux et les matériaux utilisés sur nos grands chantiers, nos infrastructures, l'entretien, les rénovations, les constructions ! On parle de milliards ici. Pas un mot sur la Commission Charbonneau.
Pas un mot sur le financement des partis politiques et les implications directes de la mafia auprès de certains élus. Sur la pourriture mur à mur dans plusieurs Hôtels de Ville au Québec. Sur les détournements de fonds et l'abus généralisé.
Aucun plan pour y remédier (sauf d'attendre que tombent des accusations criminelles...). Ce n’est pas rassurant pour le futur. Ouch !

LES OUTILS DÉMOCRATIQUES: Pas un mot sur l'importance de redonner le pouvoir aux citoyens. Sur l'importance de défendre la démocratie, pas seulement théoriquement, mais dans la vie citoyenne. Par exemple, mais sans s'y restreindre, l'importance de mettre en place des référendums d'initiative populaire, pour donner au peuple un contact direct avec le pouvoir. Ou comme la possibilité pour les citoyens, de destituer des élus en cours de mandat, dans les cas de manquements graves ou de conflits d'intérêts par exemple. Histoire de rapprocher les citoyens des décisions et non pas seulement de les consulter aux cinq ans, comme si nous étions dans une oligarchie caricaturale.
Ça ne semble pas intéresser les demandeurs de pouvoir.

Pas un mot non plus sur le fait que des Villes comme Montréal se sont dotées de lois LIBERTICIDES comme P-6 qui, sans le nommer ainsi, rendent impossible toute forme de manifestation spontanée des citoyens. Véritable affront à la vie démocratique dans la citée en laissant toujours planer des menaces de criminalisation, comme si nous vivions dans un régime autoritariste. Une perte de liberté grossière et inacceptable !
Et par le fait même on aurait aussi été en mesure de s'attendre à ce qu'on parle de la surutilisation des forces policières spécialisées comme l'antiémeute, et ce contre les citoyens, provoquant troubles et violences à répétition. Ce qui nuit au climat normal des villes et qui trouble le rapport qu'on souhaiterait normal entre les citoyens et les corps policiers en général.

Mais où donc sont les citoyens dans tout ça ? Qui pense à leur qualité de vie, leur liberté, leur bonheur ?

Les citoyens n'existent pas vraiment. Dans la tête des demandeurs de pouvoir, ils deviennent des chiffres, des jobs, des heures d'attente, des contribuables, des travailleurs ou des chercheurs de jobs, des cotisants, des ménages, des consommateurs. Mais presque pas, presque jamais des citoyennes et des citoyens.

La révolution commence dans la tête des gens.
Exigeons qu'on respecte notre statut de citoyens. Ces citoyens qui devraient être au coeur même de la chose politique et non pas seulement des spectateurs muets devant un spectacle de guignols.

Exigeons maintenant d'avoir des outils démocratiques de façon à pouvoir agir comme des citoyens et non pas seulement comme des sondés tous les cinq ans.
Exigeons d'être libres !
Vive le Québec libre c'est beau.
Mais VIVE LES QUÉBÉCOISES ET LES QUÉBÉCOIS LIBRES C'EST MIEUX !


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1 commentaire

  • Marcel Haché Répondre

    21 mars 2014

    « Les citoyens n’existent pas vraiment. Dans la tête des demandeurs de pouvoir, ils deviennent des chiffres, des jobs, des heures d’attente… » Clode Hamelin
    Pas tout à fait Clode Hamelin. Ce n’est pas dans la tête des « demandeurs de pouvoir » que le citoyen n’existe pas, c’est dans la tête de ces manipulateurs qui sont dans la tête des électeurs et électrices, ceux qui agissent dans les informations et la propagande. Pendant 2 semaines—cela ne prend pas grand temps—tout le discours péquiste a été boycotté littéralement pendant que la moindre allusion au référendum était montée en épingle.
    Lors du débat des chefs, l’électorat était déjà fixé, et même à cette occasion, la véritable opposition, essentiellement celle provenant de Radio Canada, était orientée en faveur de Couillard.
    Évidemment, vous avez raison concernant les « absents », cependant, quand bien même Pauline Marois les auraient invités à sa campagne, les invitations ne se seraient pas rendues à l’électorat, pas davantage que le discours de Legault.
    Il serait à propos de remarquer que les deux campagnes, celle de Pauline Marois et celle de François Legault, particulièrement celle de Legault tout de go, ont été retournées et asservies toutes les deux à la campagne de Couillard, lui-même par ailleurs aussi nul qu’à son accoutumée.
    La ruse des fédéralistes fut d’avoir construit la C.A.Q. comme un terrain de stationnement pour son électorat (très-très Nous et très-très souche). Qu’un ancien péquiste en soit devenu le chef était une arme redoutable : chaque fois maintenant qu’il attaque le P.Q. il a autrement plus de crédibilité que Françoise David.
    Il reste quand même un grand absent à votre liste : NOUS. C’est d’ailleurs le seul absent qui peut encore faire une différence.
    Lorsqu’il aura bientôt perdu le combat de sa vie, Legault pourra mieux voir la place qui lui sera assignée dans l’Histoire du Québec et je crois bien qu’il en sera triste.