Recensement

Les députés conservateurs veulent s'expliquer en comité

Ceux qui nient le caractère intrusif du questionnaire long «ne savent pas de quoi ils parlent», croit Maxime Bernier

"S'ils veulent la protéger, qu'ils l'achètent la montagne"... - les grands stupides se rencontrent (miniss poudrée du gouvernement Charest à propos du mont Orford)

Hélène Buzzetti - Le député Maxime Bernier a soutenu qu’il recevait, lorsqu’il était ministre de l’Industrie, pas moins de 1000 plaintes par jour concernant le recensement.
Ottawa — Les députés conservateurs eux-mêmes demanderont cette semaine la tenue d'une réunion extraordinaire du comité de l'Industrie afin d'expliquer leur décision touchant le recensement. Ils estiment que les citoyens s'opposant aux changements apportés au formulaire long n'ont tout simplement jamais eu à le remplir et en constater par eux-mêmes le caractère intrusif.
En entrevue avec La Presse canadienne, le député Maxime Bernier a soutenu qu'il recevait, lorsqu'il était ministre de l'Industrie, pas moins de 1000 plaintes par jour concernant le recensement. C'est pour cette raison que le gouvernement a décidé le mois dernier que le formulaire long (celui qui interroge les gens sur leur origine ethnique, la langue parlée à la maison et au travail, leurs revenus, leur mode de transport, etc.) ne serait plus obligatoire. Au lieu de l'envoyer à 20 % des ménages, Statistique Canada l'enverrait à 33 % des ménages dans l'espoir de compenser le moindre taux de réponse.
La critique a été unanime: les villes comme les provinces, les syndicats comme les chefs d'entreprises, les groupes sociaux comme les religieux ont dénoncé cette décision. Ceux qui ne reçoivent pas le formulaire long reçoivent le court, contenant seulement huit questions.
«Alors ils ne savent pas de quoi ils parlent», estime M. Bernier. C'est pour cela que le gouvernement veut utiliser le comité de l'Industrie pour exposer son point de vue.
«Si certains groupes de pression veulent des données sur les Canadiens, ils peuvent le faire. Ils peuvent payer et le faire. Mais nous ne sommes pas au gouvernement pour faire plaisir aux groupes de pression. Nous sommes là pour la majorité silencieuse. Je suis certain que la grande majorité des Canadiens comprennent et seront d'accord avec notre décision», a déclaré M. Bernier.
21 000 Jedis
Hier, le porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas, a envoyé un communiqué de presse déclarant, sans autre explication, que «21 000 Canadiens ont déclaré, à la question portant sur leur religion, être des Jedis au recensement de 2001». Le ministre Tony Clement a déjà laissé entendre récemment que les informations recueillies par le recensement n'étaient pas fiables parce que les gens étaient obligés d'y répondre. Il n'y aurait qu'une dizaine de personnes à chaque recensement qui écopent d'une amende pour avoir refusé de répondre au formulaire. Jamais personne n'est allé en prison pour cette raison. La commissaire à la protection de la vie privée a reçu trois plaintes depuis 2001 liées au recensement.
Selon Dimitri Soudas, «les Canadiens ne veulent pas que le gouvernement sonne à leur porte à 22 heures pendant qu'ils sont occupés dans leur chambre à lire, par exemple, parce que celui-ci veut savoir combien de chambres leur maison compte». Statistique Canada interroge les gens sur le nombre de pièces dans leur maison afin d'en évaluer la valeur. C'est avec ces données, notamment, que les gouvernements déterminent les besoins en logements sociaux. Ils peuvent aussi, en les combinant avec les projections démographiques et migratoires, prévoir s'il y aura pénurie de logements dans une région donnée et agir en conséquence.
Lutte interne
Le chroniqueur du Globe and Mail, Jeffrey Simpson, a avancé ce week-end que les ministres des Finances (Jim Flaherty) et de l'Industrie (Tony Clement) s'opposaient à l'abolition du caractère obligatoire du formulaire long du recensement. Selon le chroniqueur, le premier ministre Stephen Harper aurait accouché de cette idée dès l'automne passé, y voyant l'occasion de mettre de l'avant une fois de plus la rhétorique anti-gouvernement, anti-élite, anti-spécialistes qui rameute tant sa base électorale. Des échanges auraient eu lieu entre les ministres et leur patron pour le convaincre de faire marche arrière, mais ce dernier aurait eu le dernier mot, forçant ses ministres à défendre une idée qu'ils ne partagent pas.
Au nombre des arguments mis de l'avant par le ministre Clement, Statistique Canada aurait elle-même suggéré au gouvernement cette nouvelle approche. «Si c'est assez bon pour Statistique Canada, ça devrait être assez bon pour certains de nos critiques», a déclaré la semaine dernière M. Clement. Selon nos informations, il n'en est rien. Des employés de l'agence ont indiqué au Devoir à quel point les analystes et la direction étaient consternés par cette décision.
D'autres sources ont indiqué à La Presse canadienne qu'au contraire, Statistique Canada avait offert au gouvernement qui sollicitait son avis deux options: le statu quo ou l'abolition pure et simple du formulaire long. Comme le gouvernement insistait pour rendre le formulaire long volontaire, alors l'agence a suggéré des moyens d'en atténuer les lacunes. L'agence aurait alors proposé d'envoyer le formulaire à un bien plus grand nombre de gens et de dépenser beaucoup plus d'argent pour effectuer le processus.
Le Québec, le Manitoba et l'Île-du-Prince-Édouard ont jusqu'à présent demandé à Ottawa de faire volte-face. Seul l'économiste en chef du think-tank de droite Fraser Institute, Niels Veldhuis, s'est dit en faveur de la décision des conservateurs.
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Avec La Presse canadienne


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