Devant l’Assemblée générale des Nations unies, le premier ministre du Canada s’est présenté jeudi comme un pécheur récitant son acte de contrition. Le Canada s’excuse du sort qu’il réserve à ses Autochtones, a-t-il déclaré aux dignes représentants, dont ceux de la Corée du Nord, de la Syrie, de l’Iran et de la Chine, qui devaient rire sous cape devant pareille autoflagellation.
« L’incapacité des gouvernements successifs (il s’est gardé de nommer son propre père) à respecter les droits des Autochtones nous fait grandement honte », a-t-il dit. Il a décrit les exactions commises par nous les Blancs et qui expliquent les conditions scandaleuses dans lesquelles vivent les habitants des réserves.
Au moment où la planète s’inquiète des menaces nucléaires que le dictateur nord-coréen, sorte de Dr No, fait peser sur l’humanité, où le terrorisme islamique sévit partout, où le Moyen-Orient est recouvert de cendres, de gravats et de cadavres et où existe une crise des migrants qui n’épargne personne, Justin Trudeau s’autoflagelle.
Le premier ministre a donc sciemment raté une occasion de présenter sa vision de la situation internationale. À se demander s’il en a une.
Coupable
Le premier ministre ne résiste pas à faire la leçon au Canada en prenant la terre à témoin. Ce n’est pas offenser les Autochtones que de critiquer ici cette façon de gouverner. Les Autochtones sont prisonniers des bonnes âmes moralisatrices, qui prétendent les aider, mais qui retrouvent des élans de colonisateurs nouveau genre, cheveux au vent et selfies en prime.
La manière de gouverner de Justin Trudeau donne à penser qu’il a davantage de compulsions dans le choix de ses priorités que d’idées réfléchies et inscrites dans une continuité historique. Le Canada a toujours changé les choses dans le respect du temps et des mentalités. Le premier ministre croit sans doute faire œuvre de pionnier, du genre « On est en 2017 », mais une vision politique est à l’opposé d’emballements pour des combats à la mode du jour.
Urgence
La légalisation de la marijuana fut une promesse électorale. Tous les poteux du Canada sont heureux. Mais l’urgence dans laquelle le premier ministre agit ressemble aussi à un dada, c’est-à-dire à une pulsion. Aucun argument des scientifiques, des spécialistes de la santé, des corps policiers, ni même des gouvernements provinciaux, ne semble l’ébranler. Il faut absolument que le 1er juillet 2018 la légalisation soit chose faite.
N’est-ce pas difficile de comprendre pourquoi la légalisation de la marijuana est une urgence aux yeux de Justin Trudeau ? Il est clair qu’en apparence, cela conforte son image d’ouverture, de jeunesse et de provocation, un trait hérité de son père, à n’en point douter.
Or, l’usage qu’il a fait de la tribune prestigieuse de l’ONU ternit d’une certaine façon son image de chef d’État dans ces mois critiques et incertains quant à l’avenir de la planète.
Il existe une dimension puérile dans sa façon de gouverner. S’il persiste et signe avec ses dadas, le prestige international du pays en pâtira.