Les alliances, la planche de salut de Québec solidaire?

Ses 9 % d'appuis dans les sondages rendent les «pactes tactiques» avec le PQ nécessaires pour le parti de gauche

Actualité indépendantiste



Québec — Québec solidaire doit absolument conclure des «pactes tactiques» avec d'autres partis, au premier chef le Parti québécois, croit un militant fondateur du parti de gauche, Stéphane Lessard. Au dire de celui qui a siégé pendant quatre ans au Comité de coordination national (2006-2010) — la plus haute instance de QS —, le parti aura beau avoir des «candidatures crédibles», une «plateforme rassembleuse» et des bénévoles dévoués, «ce ne sera pas encore suffisant». Ses 9 % dans les sondages rendent nécessaires des «pactes tactiques». «C'est un constat brutal, mais réel», écrit-il dans un texte récent du magazine Web Pressegauche.org.
Joint hier, M. Lessard se réjouit que la pression se fasse de plus en plus forte au Parti québécois pour explorer cette avenue. En entrevue au Devoir samedi, le député Bernard Drainville a joint sa voix à celle de ses collègues Stéphane Bergeron (Verchères) et Sylvain Pagé (Labelle), entre autres, qui souhaitent une alliance électorale entre le PQ et les tiers partis. Jusqu'à hier, la chef Pauline Marois rejetait officiellement ce scénario, mais des associations de comtés péquistes et des militants jeunes tenteront d'apporter le sujet sur le plancher du conseil national à la fin du mois à Montréal.
12 circonscriptions dans la mire
Selon M. Lessard, QS n'a pas le poids électoral pour exiger une équivalence totale des sacrifices. Mais le PQ devrait comprendre que c'est dans son intérêt de laisser QS jouer seul dans une douzaine de circonscriptions montréalaises, telles Gouin (Nicolas Girard, PQ), Rosemont, Outremont et Laurier-Dorion. (Françoise David a déjà annoncé qu'elle briguerait les suffrages pour QS dans Gouin.)
En contrepartie, QS laisserait le champ libre au PQ dans des «pôles régionaux» à majorité francophones, où il risque d'avoir besoin de tous les appuis possibles pour affronter la Coalition avenir Québec. M. Lessard reprend l'image que le député de QS Amir Khadir a déjà utilisée: «Joue dans ton jardin et laisse-moi tranquille dans le mien.»
Dans Pressegauche.org, M. Lessard définit ainsi le «pacte tactique»: «Un accord de non-agression électorale qui pourrait prendre la forme suivante: chacun des deux partis accepte de ne pas présenter de candidatures dans un certain nombre de circonscriptions afin de laisser la place aux candidatures de l'autre parti.» Avec un «pacte tactique», les partis n'auraient aucun compromis à faire sur leur programme et ne seraient pas liés pour l'après-élection. Aux yeux de M. Lessard, il ne s'agit pas d'une «solution idéale» pour QS, mais bien d'un «mal nécessaire» imposé par le mode de scrutin québécois, non proportionnel.
Des appuis qui stagnent
Pour rester un parti crédible, M. Lessard croit nécessaire pour QS de faire élire une «véritable équipe» de députés à la prochaine élection, soit «au moins cinq élus». Actuellement, malgré une certaine progression, QS reste entre 9 et 11 % des suffrages et n'arrive pas à profiter de l'insatisfaction à l'égard du gouvernement ni des malheurs du PQ. Au surplus, la CAQ «s'établit comme un acteur significatif sur la scène politique québécoise et, au final, QS ne sera plus le "p'tit nouveau" aux yeux de l'électorat et devra céder sa place au dernier-né des partis qui, lui, incarne déjà l'alternative aux vieux partis pour au moins le tiers des personnes sondées».
Cependant, M. Lessard estime que plusieurs phénomènes actuels placent QS en bonne position pour négocier des pactes: «La chute du Parti québécois dans les sondages, la crise que vit ce parti depuis quelques mois ainsi que l'incapacité pour le Parti vert du Québec d'augmenter ses appuis.»
M. Lessard admet qu'une partie des militants de QS est farouchement opposée à une telle solution. Il ne s'agit pas du tout de «vendre son âme au diable», insiste-t-il. «C'est un calcul froid que les deux partis font des avantages et des pertes respectifs de cet accord», dit-il en reprenant les mots d'un comité de travail de QS qui s'est déjà penché sur la question. M. Lessard soutient que plusieurs personnes qui sont encore au comité de coordination de Québec solidaire sont d'accord avec sa position.


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