Législateur froussard et savant juge suprême

17. Actualité archives 2007

Dans la foulée de la divulgation d’un [sondage qui révèle que près de 60%->3497] des Québécois sont incommodés par des accommodements prétendument raisonnables, le temps est venu de participer à une réflexion collective sur l’affirmation des valeurs partagées par tous les Québécois et, ici, je donne des exemples d’une manière aléatoire:

Protection des enfants
Égalité des sexes
Valorisation de la langue française
Laïcisation de la sphère publique
Union des personnes du même sexe
Droit à l’avortement
Droit à la scolarisation

Si chaque individu décide de suivre l’application des principes de SA religion aux dépens de la collectivité, on risque que de se retrouver devant un état de confusion et de désordre causé par l’absence de consignes précises et de règles claires. L’un ne voudra pas travailler tel ou tel jour pour cause de pratique religieuse; l’autre pourrait décider que la sphère de la vie privée (familiale) ne tombe pas sous la responsabilité de l’État, etc.

Rappelons-nous le temps où les représentants de l’État (exemple : les policiers) hésitaient ou même refusaient carrément d’intervenir lorsque des femmes étaient violentées par leur mari sous prétexte que c’était « en privé » que ces choses-là se passaient et pourquoi pas : que la femme devait obéissance à son mari. Idem pour les enfants.

Comme société ouverte, on n’a pas à revenir sur ces acquis! Je suis mal à l’aise de constater que, pour des raisons strictement religieuses, des femmes se cachent le visage derrière un voile. Je suis encore plus en désaccord lorsque je constate qu’un mari peut refuser que ce soit un médecin mâle qui examine ou donne des soins à une femme (à moins que ce ne soit une question de pudeur vécue par la personne elle-même, bien sûr). La femme adulte ne devient pas inapte pour cause d’adhésion à une religion donnée!

Je ne prétends pas (loin de là) que notre société soit parfaite, mais son portrait actuel s’est dessiné à coups de combats mémorables. Que l’on procède à des ajustements sociétaux, j’en suis. Ces ajustements doivent impérativement être le fruit d’une réflexion partagée et d’un consensus collectif. Des aménagements raisonnables sont possibles à condition qu’ils ne soient pas imposés par des juges suprêmes complètement déconnectés de la réalité. À cet égard, lorsqu’ils se prononcent savamment sur l’une ou l’autre partie de la Charte des droits et libertés, je m’attends d’eux à ce qu’ils agissent avec sagesse et circonspection. Ce qui n’a pas toujours été le cas ces dernières années!

Quant aux élus, je m’attends à ce qu’ils aient le courage d’affirmer haut et fort leurs convictions, qu’ils contribuent à l’évolution de la société en général en passant des lois reflétant la nouvelle réalité et, surtout, qu’ils cessent de pelleter par en avant les dossiers litigieux (ex : le droit au mourir) en se prononçant clairement plutôt que de demander aux suprêmes juges de décider pour eux. Bref, le temps est venu de mettre fin à ce climat trouble et aux pratiques nébuleuses occasionnées par une absence d’autorité politique et, dans certains cas, par une législation lacunaire.

Serge Longval,
Longueuil





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