Le transport de déchets radioactifs liquides n'est pas nécessaire

Tribune libre

Le gouvernement canadien prévoit transporter 23 000 litres de déchets liquides hautement radioactifs des Laboratoires de Chalk River (LCR) en Ontario jusqu’au site de Savannah River (SRS) en Caroline du Sud, soit environ 2000 kilomètres.
Une centaine de municipalités du Québec ainsi qu'une centaine d'ONG au Canada et aux États-Unis ont exprimé leur forte opposition au transport proposé de déchets liquides hautement radioactifs sur la voie publique.
Ce genre d'envoi n'a jamais été fait auparavant en Amérique du Nord. La radiotoxicité extrême des déchets nucléaires hautement radioactifs est bien connue; sous forme liquide, ce genre de déchet serait impossible à récupérer une fois déversé. Quelques litres suffiraient à détruire l'approvisionnement en eau d’une ville tout entière.
Mais le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, affirme que ces déchets liquides doivent être transportés par camion de Chalk River jusqu’en Caroline du Sud pour les protéger des terroristes. M. Oliver dit que le Premier ministre Harper a pris un engagement envers le président Obama dans ce sens.
Les terroristes sont intéressés à obtenir du HEU (uranium hautement enrichi),· également connu sous le nom d’uranium de qualité militaire. Le HEU est un puissant explosif nucléaire et on en trouve 175 kilogrammes dissous dans une solution acide
actuellement stockée à Chalk River. C'est ce même liquide que le Canada veut camionner vers la Caroline du Sud dans des douzaines de convois le long d’itinéraires secrets sous protection de gardes armés.
En ce jour du 6 août, en 1945, une bombe atomique fabriquée à partir d'uranium hautement enrichi a été détonnée au-dessus de la ville deHiroshima, tuant 150 000
personnes. Toute organisation terroriste bien équipée pourrait fabriquer une telle bombe, à condition d'avoir accès à plusieurs kilogrammes d'uranium hautement enrichi. Les conséquences potentielles d'un tel acte sont incalculables.
Mais ce même liquide corrosif de Chalk River porteur de HEU contient également des douzaines d'autres matières radioactives qui sont collectivement des millions de fois plus radioactives que l'uranium hautement enrichi lui-même. En conséquence, les niveaux de rayonnement des déchets liquides sont si élevés que le contact rapproché pour une période de temps prolongée serait fatal.
Si des terroristes voulaient voler de l'uranium hautement enrichi au Canada, ils ne seraient pas si insensés pour détourner les camions transportant la solution liquide hautement radioactive, quand il serait beaucoup plus facile de voler le HEU non irradié frais qui est toujours expédié des États-Unis vers Chalk River.
Le HEU importé est sous forme solide; il est compact, pas très radioactif et
immédiatement utilisable à des fins militaires. C’est du HEU à l’état pur. Il serait facile à voler, sûr pour le transport et prêt à utiliser.
En revanche, le mélange HEU que le Canada a l'intention de camionner à partir de
Chalk River est liquide, volumineux, très hautement radioactif, et pas immédiatement utilisable à des fins militaires (une procédure de séparation chimique télécommandée serait nécessaire).
En réalité, il n'est pas nécessaire d'envoyer les déchets liquides de Chalk
River jusqu'à Savannah River. Les déchets liquides peuvent être solidifiés
sur place en utilisant un processus de « cimentation » qui a été utilisé les 10 dernières années à Chalk River pour solidifier des déchets liquides semblables.
De plus, avant que les déchets ne soient solidifiés, les 175 kilos d'uranium hautement enrichi dans la solution liquide pourraient être « dénaturés » (rendus inutilisables à des fins militaires) en les mélangeant avec une solution liquide d'uranium appauvri, ce qui
réduirait progressivement le degré d'enrichissement à moins de 20%. Vingt pour cent
est le seuil magique qui sépare l'uranium de qualité militaire de l’uranium non utilisable à cette fin.
Ni le président Obama, ni le gouvernement américain ne veulent qu'on retourne aux États-Unis des déchets hautement radioactifs liquides; ils veulent seulement mettre fin à l'utilisation civile de l'uranium hautement enrichi. (Soit dit en passant, aucun autre pays n’est invité à envoyer des déchets liquides hautement radioactifs aux États-Unis, quel qu'en soit le contenu en HEU).
Le président et son gouvernement veulent simplement s'assurer que le HEU n'est pas accessible aux terroristes qui voudraient en voler. Cet objectif peut être accompli sans passer par l'expédition de déchets liquides sur les routes publiques.
Il est essentiel de tenir des audiences publiques au Canada (et aussi, espérons-le, aux États-Unis) afin de clarifier les options, de caractériser les dangers, d’atténuer les impacts potentiels sur l'environnement et d’identifier des stratégies alternatives dans le but d'atteindre l'objectif primordial de non-prolifération de matériaux nucléaires utilisables à des fins militaires.

Gordon Edwards
président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire


Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 août 2013

    Monsieur Edwards n'a fait que passer et déposer son message.
    Pas moyen de discuter avec lui. Il n'a pas laissé d'adresse de blogue ou forum. C'est dur de motiver le peuple à s'impliquer pour sa cause s'il n'offre aucun moyen de le rejoindre. Regroupement pour la surveillance du nucléaire, est-ce dans le bottin ?
    Gordon Edwards
    Regroupement pour la surveillance du nucléaire
    Tél. : (514) 489-5118
    (C'était en 2004)
    http://www.sortirdunucleaire.ca/adn/communique/contre-dechets-01-03-04.html
    Plus d'infos
    http://www.ccnr.org/index_f.html#HLW
    Merci gogol.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2013

    Déjà que l'on disait un an plus tôt qu'un tiers du territoire japonais devrait être évacué. Ce qui est impossible.
    Alors, on passe sous le silence la lente agonie de millions de Japonais qui vont souffrir des effets de Fuku Shima.
    Des nouvelles ressortent encore :
    Fukushima: Les dernières annonces de Tepco révèlent l'ampleur de la catastrophe
    Créé le 07/08/2013 à 17h43 -- Mis à jour le 07/08/2013 à 17h43
    NUCLEAIRE - Tepco, l'opérateur de la centrale japonaise, a avoué que de l'eau contaminée se déversait dans l'océan...
    Plus de deux ans après le tsunami qui a dévasté la centrale nucléaire de Fukushima, la radioactivité continue à se répandre dans l’environnement. Ce mercredi, l’opérateur de la centrale japonaise, Tepco, a avoué que quelque 300 tonnes d’eau radioactive se déversaient quotidiennement dans l’océan Pacifique, résultat d’un mélange entre les eaux pluviales et les eaux de refroidissement des réacteurs.
    Des solutions «de dernière minute un peu ridicules»
    D’après Tepco, les nappes phréatiques situées sous la centrale sont en train de s’infiltrer dans les sous-sols de l’usine et saturent le système de décontamination des eaux de refroidissement. Toute cette eau chargée de césium, de tritium et d’autres éléments radioactifs risque ainsi de se déverser dans l’océan, contrairement à ce que soutenait Tepco depuis des mois. L’opérateur assurait, jusqu’à la fin du mois de juillet, que les eaux stagnaient sous terre. «Tepco vient d’avouer, après des mois de mensonges, qu’il y avait bien des fuites dans la mer, assène Thierry Salomon, président de l’association Négawatt. Cette eau est très fortement contaminée par des produits à fission longue et Tepco n’arrive pas du tout à maîtriser ce qui se passe.»
    Si les chiffres donnés par Tepco sont toujours pris avec des pincettes par les experts, l’opérateur estime que la radioactivité des eaux souterraines a été multipliée par 47 entre le 31 juillet et le 5 août. Début juillet, un record de 900.000 becquerels par litre d’eau avait déjà été mesuré dans des puits situés sous la centrale. A comparer avec la radioactivité naturelle de la mer, qui n’est que d’environ 10 becquerels par litre. «On va assister, comme à Tchernobyl, à des phénomènes de reconcentration locale de la radioactivité par le lessivage dû à la pluie, commente Thierry Salomon. Face à cela, Tepco emploie des expédients de dernière minute un peu ridicules, comme mettre des filets pour empêcher que les poissons ne s’approchent de la centrale.»
    ...
    http://www.20minutes.fr/planete/1207979-20130807-fukushima-dernieres-annonces-tepco-revelent-ampleur-catastrophe
    ----
    Même la Marine américaine recense des victimes parmi les équipages qui se sont approchés de Fukushima.

  • Serge Jean Répondre

    7 août 2013

    La production de déchets radioactifs est déjà une abomination contre nature. Avec tous ces irresponsables, on peut appréhender les catastrophes à répétition.La cupidité et l'irresponsabilité voilà le terrorisme le vrai, celui à qui les gens donnent irresponsablement leur pouvoir aux plus cupides de la meute. La terre est ronde,tous sont responsables de leur fuite devant leur responsabilité.Des lâches'voilà, notre code de déontologie laïque l'étage des cochons.
    Serge Jean

  • Alain Maronani Répondre

    7 août 2013

    @Gaston Carmichael
    Le but est de créer une situation intenable, spectaculaire et avec des conséquences économiques maximales.
    Les villes sont la cible prioritaire.
    Pour les grands lacs les quantités nécessaires seraient tellement immenses que c'est hors de portée...
    A Fukushima, au Japon, les rejets actuellement sont de 300 tonnes (600.000 livres) par jour d'eau radio-active dans l'Océan Pacifique et plus de 2 années après ceci on commence seulement maintenant à en voir les effets sur le stock de poisson...
    Fukushima est sous le radar de presque tout le monde mais comme Tepco, l'opérateur n'est plus capable de consolider la centrale, nous sommes à la merci de la prochaine secousse sismique ou du prochain écroulement des soubassements de la centrale...qui libérerait des quantités immenses de cesium et d'uranium...une catastrophe mondiale.
    Je lisais hier que 2000 des 3000 travailleurs vont probablement avoir un cancer de la tyroide, malgré la prescription de iodine....
    http://www.japantimes.co.jp/news/2013/07/19/national/1973-fukushima-plant-workers-show-higher-risk-for-thyroid-cancer/#.UgKAibw26PJ

  • Alain Maronani Répondre

    7 août 2013

    @Gaston Carmichael
    Le but est de créer une situation intenable, spectaculaire et avec des conséquences économiques maximales.
    Les villes sont la cible prioritaire.
    Pour les grands lacs les quantités nécessaires seraient tellement immenses que c'est hors de portée...
    A Fukushima, au Japon, les rejets actuellement sont de 300 tonnes (600.000 livres) par jour d'eau radio-active dans l'Océan Pacifique et plus de 2 années après ceci on commence seulement maintenant à en voir les effets sur le stock de poisson...
    Fukushima est sous le radar de presque tout le monde mais comme Tepco, l'opérateur n'est plus capable de consolider la centrale, nous sommes à la merci de la prochaine secousse sismique ou du prochain écroulement des soubassements de la centrale...qui libérerait des quantités immenses de cesium et d'uranium...une catastrophe mondiale.
    Je lisais hier que 2000 des 3000 travailleurs vont probablement avoir un cancer de la tyroide, malgré la prescription de iodine....
    http://www.japantimes.co.jp/news/2013/07/19/national/1973-fukushima-plant-workers-show-higher-risk-for-thyroid-cancer/#.UgKAibw26PJ

  • Alain Maronani Répondre

    7 août 2013

    Totalement d'accord avec Dery sur son point....
    Fabriquer une bombe nucléaire nécessite beaucoup de choses et est hors de portée de groupes terroristes pour les raisons suivantes;
    Une miniaturisation difficile a réaliser (probleme numero 1 pour les iraniens s'ils veulent disposer de missiles a tetes nucléaires).
    La réalisation d'un détonateur qui provoque l'explosion initiale.
    Des moyens manufacturiers hors de porté du commun des mortels..
    Le projet Manhattan n'est pas a la portée de tout le monde, contrairement au sensationnalisme de l'auteur de l'article...et il n'aurait pas été possible au Pakistan d'acquérir une arme nucléaire...sans l'aide de la Corée du Nord.
    La réalisation d'une bombe sale, existe t-il des bombes propres ?, permet de disposer sur de larges espaces des quantités mortelles de cesium 137 et d'uranium...rendant ces territoires inutiles pour disons 30 a 40 années.
    Le vrai risque est la.
    Quand au transport, je préfère voir tout ceci a Savannah, en lieu et place de Chalk River (a 10 milles du Québec...).
    En passant les isotopes radio-actifs produits par Chalk-River sont expédiés par avion...

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2013

    À quoi bon fabriquer une bombe?
    On n'aurait qu'à verser ce liquide à la tête des grand lacs.
    Les dommages pourraient même ainsi plus importants qu'une bombe, où ses effets seraient circonscrits à une zone relativement petite.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2013

    Merci, m. Edwards pour ces détails.
    Mais pourquoi faudrait-il que des terroristes filtrent la solution acide pour rassembler l'uranium hautement enrichi?
    Il suffit d'exploiter la solution actuelle avec un explosif pour créer une bombe sale et souiller un territoire avec la radioactivité.