Une question concernant Bombardier.
Se pourrait-il que nous ayons pété plus haut que le trou ?
Que ni l’entreprise ni le Québec n’avaient les reins assez solides pour faire concurrence aux géants de l’aéronautique ?
LES YEUX EN FACE DES TROUS
L’industrie de l’aéronautique est l’un des clubs privés les plus sélects au monde.
N’entre pas qui veut. Juste pour être membre (même pas, juste pour toucher à la poignée de porte), tu dois littéralement chier des lingots d’or.
Prenez Boeing. Entre 1989 et 2006, cette entreprise a reçu près de 20 milliards de dollars de subventions du gouvernement américain.
Vingt milliards.
Juste en subventions.
C’est 15 fois ce que le gouvernement du Québec a donné à Bombardier.
À côté de Boeing et d’Airbus, Bombardier est un petit, petit joueur.
C’est beau, avoir de l’ambition. Mais il faut aussi avoir les yeux en face des trous et faire preuve de réalisme.
Nelligan était un bon poète. Mais à côté de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud, c’était un Pee-Wee.
Ce n’est pas parce que tu gagnes toutes les fois que tu joues au paquet voleur avec ta femme et ton fils que tu peux participer à un tournoi de poker international.
J’exagère, je sais, mais vous voyez ce que je veux dire.
La déconfiture de Bombardier, c’est juste la réalité qui frappe à la porte et qui te dit : « Vraiment ? »
LES BS DE LUXE
Autre chose...
Nous commençons tous à être tannés de ces « fleurons » qui se pètent les bretelles à l’international alors qu’ils ne seraient même pas capables de se payer un pantalon décent si ce n’était notre générosité.
Ça joue les gros capitalistes, ça fume des barreaux de chaise à 100 $ la bouffée devant les caméras, mais dès que les projecteurs s’éteignent, ça prend un air de piteux pitou, comme le chat botté dans Shrek, et ça dit, la voix tremblotante : « Donnez-nous de l’argent, on est pauvres ! »
Quand ça va bien, ils s’en mettent plein les poches et sirotent du champagne, et quand ça va mal, c’est la province au grand complet qui casque et qui boit la tasse.
Comme diraient les marxistes de Québec solidaire (oui, oui, je cite Québec solidaire !) : privatisation des profits, socialisation des pertes.
Ça serait bien que les dirigeants aussi encaissent des pertes quand leur entreprise pique du nez !
Or, ce n’est pas le cas d’Alain Bellemare.
Plus la valeur de l’action de Bombardier baissait, plus ses revenus augmentaient.
Pas besoin d’être un prix Nobel d’économie pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas.
OÙ EST ALLÉ L’ARGENT ?
Le ministre Fitzgibbon nous dit qu’il va mener une enquête pour savoir où est allé l’argent qu’on a donné à Bombardier.
Quoi ? Le gouvernement ne le sait pas ?
On donne 1,3 milliard de dollars à une entreprise, et on ne fait pas de suivi ?
Ben coudonc.
C’est comme les directeurs du cégep de la Gaspésie.
Ça fait cinq ans qu’ils dirigent un campus 100 % anglophone à Montréal, et personne au ministère de l’Éducation ne le savait !
C’est le fun de savoir que notre gouvernement veille au grain.