Le «terne» Canada donne des conseils financiers au monde

Crise mondiale — crise financière

Jim Flaherty, ministre des Finances du Canada - «La crise financière qui a débuté il y a 14 mois aux États-Unis s'est intensifiée et s'est propagée partout dans le monde, menaçant d'annuler les progrès économiques accomplis dans les deux dernières décennies. Les gouvernements ont agi de manière concertée et ils vont continuer de le faire, en prévision du sommet des grandes économies du Groupe des Vingt.
«Peu de pays ont autant besoin du commerce international et sont aussi bien intégrés au système financier mondial que le Canada. Pourtant, notre secteur financier continue d'affronter la tempête mieux que ceux de bien d'autres pays. Cela n'est pas le fruit du hasard. Les Canadiens sont prudents de nature, et notre système financier a été qualifié de «terne». Or, la réglementation du Canada parvient à concilier efficience et stabilité, et cela a évité aux contribuables canadiens de faire les frais de la réaction à la crise actuelle. Aussi «ternes» soient-ils, des systèmes financiers comme le nôtre sont peut-être alors ce dont le monde a besoin aujourd'hui.
«Avant d'examiner de grands modèles réglementaires d'envergure mondiale, nous devons reconnaître qu'une saine réglementation commence dans chaque pays. Des régimes nationaux efficaces auraient pu prévenir la crise actuelle et doivent être notre premier rempart contre d'autres crises. Nous devons tirer des leçons des systèmes qui fonctionnent bien et les appliquer à nos régimes réglementaires nationaux.
Réglementer tous les fonds communs de capitaux
«Dans un premier temps, nous devons réglementer tous les fonds communs de capitaux faisant appel à l'effet de levier. La crise a illustré l'effet dévastateur que peuvent avoir des entités non réglementées. Pour être admis sur les marchés mondiaux, il faut respecter des règles de transparence. Des exigences réglementaires différentes peuvent s'appliquer à divers services financiers, mais des exigences communes doivent s'appliquer à tous.
«Deuxièmement, les réserves de capital et de liquidités doivent être assez élevées pour permettre de résister à des chocs importants. De plus, les autorités de réglementation doivent restreindre le recours global à l'effet de levier. Certains ont critiqué les exigences de capitalisation élevées du Canada à l'égard des banques, les jugeant trop conservatrices; par contre, le solide bilan affiché par les banques canadiennes pendant toute la crise est des plus éloquent.
«Troisièmement, il ne suffit pas de réglementer les institutions particulières. Il faut aussi réglementer l'ensemble du système. Des risques qui semblent raisonnables lorsqu'on les considère isolément peuvent s'avérer insoutenables à l'échelle du système. Il faut adopter cette perspective systémique pour atténuer toute tendance à sous-estimer les risques quand les choses vont bien. Dans chaque pays, cela requiert une action concertée de l'ensemble du gouvernement, de la banque centrale et des autorités de réglementation.
«Quatrièmement, nous devons accroître la transparence et la résilience de l'infrastructure des marchés. La non-transparence des opérations hors cote et les ventes à découvert ont réduit la stabilité du système financier.
Des questions de concurrence
«La crise actuelle montre que même les pays dotés de systèmes financiers solides peuvent ressentir les effets de régimes de réglementation inefficaces ailleurs dans le monde. Des pays peuvent hésiter à imposer de nouvelles règles à leurs institutions, par crainte de défavoriser celles-ci sur le plan de la concurrence. Cela mène directement à un cinquième point, soit l'importance de renforcer la coordination et les activités d'examen et de surveillance à l'échelle internationale, pour améliorer notre deuxième dispositif de protection.
Le Canada a été l'un des pionniers du programme d'évaluation des secteurs financiers, un programme conjoint du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Cet examen indépendant des systèmes financiers nationaux devrait être obligatoire et public. Nous devons renforcer le rôle des collèges internationaux de responsables de la surveillance afin d'améliorer la compréhension des risques systémiques et de coordonner les mesures nationales.
Des sanctions
La surveillance exercée par le FMI doit être assortie de sanctions, et les pays doivent assumer leurs responsabilités afin de soutenir la croissance et la stabilité financières mondiales. Ce qui importe par-dessus tout, c'est de corriger les déséquilibres mondiaux au moyen de politiques macroéconomiques et de règles de taux de change propres à soutenir la croissance.
«La manière dont nous prenons ces décisions est tout aussi importante. Au cours de deux décennies d'une croissance sans précédent, nous avons vu émerger de nouveaux intervenants économiques dynamiques, qui doivent avoir voix au chapitre dans les tribunes mondiales. Dans le cadre de la récente réforme du FMI, le Canada a consenti à une réduction de sa quote-part parmi les plus fortes de tous les pays, afin de permettre une meilleure représentation des économies émergentes. Celles-ci doivent également se faire entendre dans d'autres instances, comme le Forum sur la stabilité financière.
«Ensemble, ces réformes doivent faire en sorte que des incitatifs soient mis en place pour appuyer la stabilité et que la résilience devienne un caractère fondamental du système financier.
«Ce n'est pas l'échec du libre marché qui a causé la crise actuelle. C'est plutôt que certains ont oublié le principe d'Adam Smith selon lequel la "main invisible" doit être appuyée par des cadres juridique et réglementaire adéquats. Tous les pays doivent travailler ensemble au renforcement de ces cadres, en commençant chez eux. »
*Le Financial Times publiait dans son numéro du 13 novembre ce texte en collaboration spéciale. Le ministre des Finances y expose le plan en cinq points du Canada pour rétablir la stabilité du système financier international.
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Our 'Boring' Financial Tips For The World

National Post

November 14, 2008 Friday
National Edition

Jim Flaherty, Financial Times

The financial crisis that began in the United States has intensified and spread around the world, threatening to roll back economic progress that has been made over the past two decades. Governments have been responding in a co-ordinated fashion, and will continue this work in the lead-up to the summit of the Group of 20 leading economies.
Few countries are as dependent on trade or as integrated into the global financial system as Canada. Yet our financial sector continues to weather the turbulence better than many other countries. This did not happen by chance. Canadians by nature are prudent and our financial system has been characterized as unexciting. Canada's regulatory regime ensures that stability and efficiency are balanced. As a result, Canadian taxpayers have not had their money put at risk in response to this crisis. If Canada's financial system is boring, perhaps the world needs to be more like Canada.
Before we examine grand designs for global regulatory regimes, we need to recognize that good regulation begins at home. Effective national regulatory regimes could have prevented this crisis and must be our first line of defence against any future one. We all need to draw lessons from those systems that worked well and apply them to our national regulatory regimes.
First, we need to regulate all pools of capital that rely on leverage. The crisis has demonstrated the devastating impact that unregulated entities can have. Transparency requirements must be the price of admission to global markets. Different financial services may have different regulatory requirements, but we need to bring them all under a regulatory umbrella.
Second, capital and liquidity buffers need to be large enough to handle big shocks. Moreover, regulators must restrain overall use of leverage. Some have criticized high Canadian capital requirements for banks as being too conservative. But the strong balance sheets of Canada's banks through this period speak for themselves.
Third, it is not enough for regulation to look at individual institutions. It needs to look at the system as a whole. Risks that may appear sensible in isolation can be unsustainable from a systemic perspective. This systemic vantage point must be used to mitigate any tendency to underestimate risk when times are good. This requires co-ordination across the government, central bank and regulatory agencies.
Fourth, we need to make market infrastructure more transparent and resilient. Non-transparent over-the-counter trades and naked short-selling reduced the stability of the system.
This crisis has demonstrated that even countries with strong financial systems can feel the effects of inadequate regulatory regimes elsewhere. Countries may hesitate to impose new requirements on their own institutions if these measures will create a competitive disadvantage. This points to the importance of the fifth step: strengthening international co-ordination, review and surveillance to create a better second line of defence.
Canada was a pioneer of the joint International Monetary Fund-World Bank financial sector assessment program. This independent review of domestic financial systems should be mandatory and public. We need to strengthen the role of international colleges of supervisors to ensure better understanding of systemic risks and to co-ordinate national actions. We need IMF surveillance with teeth. Countries must live up to their responsibilities to support global financial stability and growth. Nowhere is this more important than in correcting global imbalances through appropriate exchange rate and macroeconomic policies to support growth.
The process of how we make decisions is equally important. In two decades of unprecedented growth, we have seen the emergence of dynamic new economic players that must be full participants at the global table. Canada took one of the largest share cuts of any country in the recent IMF reform exercise to ensure that emerging economies are better represented. This broader range of voices must be heard in other venues such as the Financial Stability Forum.
Together, these reforms must ensure that incentives are aligned to support stability and that resilience is built into the financial system.
The open market system did not fail in this crisis. However, some forgot Adam Smith's maxim that the invisible hand needs to be supported by an appropriate legal and regulatory framework. We need to work together to strengthen those frameworks, and that work must begin at home. - Jim Flaherty is Canada's Finance Minister.


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